La première édition
de lambitieux projet littéraire transfrontalier
"Par-dessus le mur, lécriture"
(voir notre invité
du mois d'octobre 2002) est un net succès.
Le volet 2002 de la manifestation, qui se poursuit
jusquen 2005, proposait du 11 au 13 octobre
des itinéraires pédestres dans le
jura français et suisse, scandés par
des lectures de textes dauteurs suisses et
français, célèbres ou à
découvrir, dont beaucoup étaient personnellement
présents. Ces textes étaient choisis
en fonction de liens entretenus avec le paysage
à différents niveaux. Des liens parfois
simples (par exemple des textes traitant de la ruralité
et présentés ici dans un cadre éminemment
rural), parfois plus subtils, et plus porteurs,
notamment autour de la thématique de la frontière,
que le projet voulait questionner. Le temps fort
de litinéraire que le soussigné
suivait consistait ainsi en des extraits du Grand
Cahier dAgota Kristof : ils se jouent sur
la proximité dune frontière
presque infranchissable, qui représente à
la fois la liberté et une mort presque certaine.
Un texte lu excellemment, en plein air autour d'un
feu, par Gérald Chevrolet, comédien
et coorganisateur de lévénement,
à lissu du passage de la frontière
franco-suisse dans la forêt du Risoux en compagnie
dun guide ; un monsieur qui, dans ses jeunes
années, avait fait passer des gens, résistants,
juifs,
, dans ces mêmes lieux, avant
de se retrouver avec son père à Dachau
jusquà la libération; des histoires
que notre guide nous avait racontées librement
lors de la promenade, en toute simplicité,
modifiant sensiblement le regard que nous portions
sur cette belle forêt dans sa splendeur automnale. |
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Rencontres
enrichissantes
Le concept, assez complexe en raison des choix ditinéraires,
demandait en outre aux participants de sengager sur
toute une journée, ou sur plusieurs journées.
Une centaine de personnes par jour se sont lancées
dans lexpérience un très bon résultat
pour une première édition, comme le soulignent
les organisateurs. Dautant que beaucoup reviendront,
convaincus par la valeur dune initiative qui se poursuit
jusquen 2005, en se déplaçant le long
du Jura, le long de la frontière.
Or le fait même de partager la journée avec
dautres, dêtre tenus ensemble par un itinéraire,
favorise nécessairement les rencontres et les discussions,
notamment autour du projet, autour des textes. Lintérêt
de ces rencontres étaient dautant plus grand
que les personnes venues cette année formaient un public
composite, entre amateurs de littérature, de manifestations
culturelles en général, et amateurs de promenade,
lesquels constituaient en fait la majorité des participants.
Le projet les aura rapprochés de la littérature
on entendait beaucoup de gens se féliciter davoir
pu entrer, grâce à la mise en voix par des comédiens
professionnels, dans des textes parfois difficiles (Claude
Simon, Noëlle Revaz,
).
Peu de romands dans le public
Une ombre au tableau : labsence de Suisses dans le
public, composé presque exclusivement de Français.
Les organisateurs ont pourtant fait le même travail
auprès de la presse des deux côtés de
la frontière. Mais tandis que le grand article du journal
Le Monde a attiré de nombreuses personnes, ni lintervention
du Temps, ni celle de 24Heures, ni la présentation
du projet à la télévision (FaxCulture),
ni la présentation sur le Culturactif Suisse nont
permis dattirer plus quune toute petite poignée
de participants. Les organisateurs ne sen inquiètent
pas trop, puisque lannée prochaine, les itinéraires
passent par Yverdon, Neuchâtel, Vallorbe, laissant supposer
une plus forte présence suisse dans le public. Le cliché
du snobisme français à légard de
la littérature romande mérite donc dêtre
nuancé
F.B.
Page créée le: 01.11.02
Dernière mise à jour le 01.11.02
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