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Par dessus le mur, l'écriture
Reportage-bilan par Francesco Biamonte

  Succès pour l’édition 2002

La première édition de l’ambitieux projet littéraire transfrontalier "Par-dessus le mur, l’écriture" (voir notre invité du mois d'octobre 2002) est un net succès. Le volet 2002 de la manifestation, qui se poursuit jusqu’en 2005, proposait du 11 au 13 octobre des itinéraires pédestres dans le jura français et suisse, scandés par des lectures de textes d’auteurs suisses et français, célèbres ou à découvrir, dont beaucoup étaient personnellement présents. Ces textes étaient choisis en fonction de liens entretenus avec le paysage à différents niveaux. Des liens parfois simples (par exemple des textes traitant de la ruralité et présentés ici dans un cadre éminemment rural), parfois plus subtils, et plus porteurs, notamment autour de la thématique de la frontière, que le projet voulait questionner. Le temps fort de l’itinéraire que le soussigné suivait consistait ainsi en des extraits du Grand Cahier d’Agota Kristof : ils se jouent sur la proximité d’une frontière presque infranchissable, qui représente à la fois la liberté et une mort presque certaine. Un texte lu excellemment, en plein air autour d'un feu, par Gérald Chevrolet, comédien et coorganisateur de l’événement, à l’issu du passage de la frontière franco-suisse dans la forêt du Risoux en compagnie d’un guide ; un monsieur qui, dans ses jeunes années, avait fait passer des gens, résistants, juifs, …, dans ces mêmes lieux, avant de se retrouver avec son père à Dachau jusqu’à la libération; des histoires que notre guide nous avait racontées librement lors de la promenade, en toute simplicité, modifiant sensiblement le regard que nous portions sur cette belle forêt dans sa splendeur automnale.

 

Rencontres enrichissantes

Le concept, assez complexe en raison des choix d’itinéraires, demandait en outre aux participants de s’engager sur toute une journée, ou sur plusieurs journées. Une centaine de personnes par jour se sont lancées dans l’expérience – un très bon résultat pour une première édition, comme le soulignent les organisateurs. D’autant que beaucoup reviendront, convaincus par la valeur d’une initiative qui se poursuit jusqu’en 2005, en se déplaçant le long du Jura, le long de la frontière.

Or le fait même de partager la journée avec d’autres, d’être tenus ensemble par un itinéraire, favorise nécessairement les rencontres et les discussions, notamment autour du projet, autour des textes. L’intérêt de ces rencontres étaient d’autant plus grand que les personnes venues cette année formaient un public composite, entre amateurs de littérature, de manifestations culturelles en général, et amateurs de promenade, lesquels constituaient en fait la majorité des participants. Le projet les aura rapprochés de la littérature — on entendait beaucoup de gens se féliciter d’avoir pu entrer, grâce à la mise en voix par des comédiens professionnels, dans des textes parfois difficiles (Claude Simon, Noëlle Revaz, …).

 

Peu de romands dans le public

Une ombre au tableau : l’absence de Suisses dans le public, composé presque exclusivement de Français. Les organisateurs ont pourtant fait le même travail auprès de la presse des deux côtés de la frontière. Mais tandis que le grand article du journal Le Monde a attiré de nombreuses personnes, ni l’intervention du Temps, ni celle de 24Heures, ni la présentation du projet à la télévision (FaxCulture), ni la présentation sur le Culturactif Suisse n’ont permis d’attirer plus qu’une toute petite poignée de participants. Les organisateurs ne s’en inquiètent pas trop, puisque l’année prochaine, les itinéraires passent par Yverdon, Neuchâtel, Vallorbe, laissant supposer une plus forte présence suisse dans le public. Le cliché du snobisme français à l’égard de la littérature romande mérite donc d’être nuancé…

F.B.


Page créée le: 01.11.02
Dernière mise à jour le 01.11.02

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