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Dans L'Atelier des saisons (samizdat, 2005), déjà, Philippe Rebetez empruntait aux métiers manuels, au travail de la terre, à la nature, ses images rugueuses et son vocabulaire : ainsi, suffisait-il d'un simple bout de bois, pour rappeler l'appartenance.
On retrouve dans Traces, tout au long de poèmes brefs, le même tissage de mots, la même étoffe, teintée d'un peu plus de mélancolie.
Le poète nous invite dans l'entre-deux de la réalité et de ses métaphores: il présente une chose concrète (le granit, le soc de la charrue), tout en nous laissant rêver à ce qu'elle suggère. Que nous souffle par exemple, cette roselière en bordure d'existence?
Les poèmes parlent de vrai labour, de terre sèche, ridée par la bise, mais en même temps le poète nous dit : laisse en jachère / une partie de ta terre / emblave d'autres champs. Et quand il montre les craquelures de l'écorce ou les oiseaux de passage, c'est à nous d'interpréter, d'osciller entre sens propre et figuré.
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On devine une tendre douleur sous certaines images : l'établi du vieil homme resté tel quel, la vieille femme à la mémoire perdue qui disait autrefois : câline la vie. Et dans les textes rassemblés sour le titre Exil, le vol des hirondelles au-dessus des frontières évoque un autre monde, celui des migrants, des étrangers que nous croisons dans la rue, toute cette vie clandestine côtoyant notre indifférence.
A travers traces le poète tisse, fraternel, notre propre histoire intime, privée, proposant de mêler nos fils à ceux de l'histoire collective.
la houle du temps
a lissé les jours
mais jusqu'au bout de l'évidence
la force des mots
résiste
Claire Krähenbühl
Philippe Rebetez vit à Delémont où il exerce la profession de travailleur social. Après Atelier des saisons en 2005, Traces est son deuxièmes recueil de poèmes publié chez Samizdat.
Traces, Poèmes de Philippe Rebetez, Editions Samizdat, 2009, 64 pages
Page créée le 25.09.07
Dernière mise à jour le 07.04.09
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