|
Ce livre est l'histoire
de quelqu'un traqué de toutes parts qui
choisit « sa prison » en guise de
protection, dont il fera sauter les barreaux.
Fils aîné de la famille, destiné
par ses parents au travail du bois alors qu'il
aimait passionnément la mécanique,
Maur devenu moine-ébéniste nous
est montré dans son travail de chaque jour.
Homme à tout faire dans le monastère,
Maur règne en un atelier dont le bric-à-brac
stupéfiant nous est dépeint avec
sympathie.
Ainsi le récit,
par la manifestation du quotidien de l'artisan,
nous introduit aux profondeurs d'une vie. Le lecteur
le voit dans ses gestes, avec ses regrets, ses
renoncements, ses moments de violence, les pourquoi
de son engagement, à la recherche d'un
apaisement. Au travers d'une description précise
des événements affrontés
par le personnage dont on épouse les allées
et venues intérieures, l'auteur nous livre
un portrait dans une écriture qui ressemble
à son sujet - mélange d'humour et
de proximité. Il rend par là témoignage
véridique d'une vie, d'une existence vécue
dans le temps et hors du temps
Maur - L' incomparable Frère,
Editions Zoé
|
|
Extrait de Presse
"Maur, l'incomparable frère"
Monique Tornay écrit le travail et le destin du moine-ébéniste
Adolescent, il aime la mécanique,
mais il apprendra les métiers du bois; jeune homme,
il est "fou des filles", mais il sera solitaire
dans l'atelier de l'abbatiale : Monique Tornay décrit
son travail et explore son intériorité, qui
sont liés dans l'existence comme deux stimulants réciproques.
Maur a un fond rebelle, le vagabonde
le tente, il aime les situations précaires et la fragilité
des choses; parfois, son âme s'affole, il se fait "la
proie de n'être rien", sa vie semble se défaire,
livrée à la perspective d'un anéantissement...
Mais il sait exorciser ses tentations
et ses peines; des points d'ancrage le tiennent en lui-même;
il demeure fidèle à une existence non choisie
mais assumée; sa force intérieure lui permet
de porter les déficits anciens collés à
son parcours, avec la certitude d'être toujours aimé
de Dieu, ce Dieu de la permanence qui n'a point les humeurs
des éléments et des événements.
Il décide de s'appeler Maur,
le nom du saint, modèle de souplesse et de docilité,
qui l'aidera à "déraidir sa nuque";
préservé d'être un génie, il reste
attaché à sa "trinité locale":
le complexe abbatial, l'atelier et la clinique.
Monique Tornay accompagne Maur dans
son état de moine-ébéniste et ses activités
d'homme à tout faire du monastère.
Mais par retours de récit, elle
décrit également son parcours dès l'enfance
bafouée dans son honneur, livrée sans défense
au père destructeur, sans que Maur puisse esquiver
les coups ni les assumer; il aura l'impression d'une vie partiellement
abîmée de n'avoir pu donner toute sa mesure,
le sentiment d'"un ravaudage sur des tissus usés";
cet autre travail qu'il aurait pratiqué, ce fils qu'il
aurait aimé...
Il saura pourtant ne pas se verrouiller
en lui-même; le travail d'atelier sera son ministère
et son exorcisme : au coeur d'un morceau de chêne, il
insère ses contradictions et ses anciennes offenses;
il creuse dans le bois aussi profond que dans la vie; ses
calculs, ses mains, sa faculté poétique et sa
spiritualité glorifient à la fois le travail
du bois et l'existence: une solide planche de poirier porte
le pain, la viande et le psaume...
Monique Tornay révèle
l'intériorité et la réflexion de Maur
en le situant en divers lieux qui donnent au texte la densité
littéraire et culturelle : l'atelier surtout, mais
encore la visite d'une exposition consacrée à
la vie contemplative, la lecture des "Récits d'un
pèlerin russe", la visite du chantier de l'église
paléo-chrétienne à Martigny, l'analyse
d'une oeuvre de Jérôme Bosch, l'histoire de Maurice,
et l'intense méditation sur la tombe de sa mère,
où il trouve la paix après la peine...
Monique Tornay donne ainsi à
Maur une existence en littérature, par une écriture
qui est à la fois de culture et de proximité,
de précision et d'évocation; en intensité
et en raccourci, en vocabulaire précis et en images
poétiques; avec la faculté de révéler
fidèlement les lieux et les sentiments.
Henri Maître
13.09.00
Page créée
le 01.08.98
Dernière mise à jour le 06.07.05
|