| Storie dell'armadillo (« Histoires du tatou »)(Quaderni di Orfeo, Milano, 2006)
 français - italiano   français Bonjour, dit le tatou à un éboueur. Auriez-vous par hasardvu passer un opossum ?
 L'homme lève son balai vers le nord, où un nuage
 ondoie sur les déserts comme une grande montagne. Le tatou
 remercie et se met en chemin, contre le vent.
 * Sur le dos sa carapace, son casque sur le chef : il vaavec sa vue médiocre, et sa délicieuse chair
 protégée. Il va parce qu'il va,
 parce qu'il faut aller, parce que le monde
 est vaste, le temps bref. Et le parfum
 de certaines fleurs, vraiment délicieux.
 * Le tatou chantonne en chemin.Personne ne l'écoute.
 C'est dommage : si quelqu'un l'entendait
 on pourrait savoir ce que chante
 ce courageux petit animal. Peut-être
 nous mettrions-nous aussi en chemin.
 * Maintenant le tatou a soif : il est au milieu du désert.Il suit encore les traces de l'opossum, mais le désert
 ne conserve pas ses traces. Alors il suit
 des lignes plus sombres sur le sol et ainsi il arrive
 devant un char d'assaut abandonné au milieu de nulle part.
 Bonjour, dit le tatou au char d'assaut.
 Qui reste muet.
 * Si le char d'assaut pouvait penser,peut-être serait-il surpris. Mais il est vide,
 rouillé et empoussiéré. Et le tatou est têtu.
 Vous êtes grand et gros, lui dit-il. Mais vous ne parlez pas, ne saluez pas.
 Et je devrai mourir de soif en face d'un mal élevé ?
 Par chance un petit rat émerge
 du canon désolé.
 Ne fais pas attention, lui dit-il. C'est un inadapté.
 Entre, je t'offre quelque chose.
 Et le tatou le remercie.
 * Quand cela s'avère nécessairele tatou peut creuser pendant des heures :
 de longues tanières, zones humides et sombres où attendre
 des temps meilleurs, des pluies, époques où l'espérance
 n'est plus tout à fait impossible. Si l'attente
 est longue, il la trompe en dormant.
 Et quand la lune se lève il lit Cervantes.
 * Dans un état presque au nord a été édictée une loisur les tatous : il est interdit d'en posséder.
 On peut posséder
 des voitures, des esclaves masqués, des fusils, mais des tatous
 non. C'est une loi intéressante,
 pense le tatou. Et il s'attarde un peu
 dans cet état
 si clairvoyant.
 * Parfois, en rêve, il lui semble les voir :troupeaux de pumas, jaguars, autres animaux féroces
 dont il ne sait le nom. Files de poids lourds,
 aux roues larges, dentelées, gibier aveugle à
 une immense extinction.
 Prédateurs, désespérés, fugitifs,
 tous alignés dans la même direction, tous
 également enthousiastes.
 Alors il se réveille et réfléchit.
 * Quelqu'un dit : le tatou (maintenant il réfléchit). Mais en faitle tatou est un concept théorique : une espèce
 ou du moins une catégorie. Je ne suis pas
 le tatou, je suis un tatou, et je ne sais rien
 de ce que je fais vraiment. Mon futur
 est modeste : quelques insectes, escargots,
 peut-être des petits : quatre,
 un à chaque point cardinal.
 Et pourtant mes pas incertains
 mènent quelque part, ces tanières que je creuse
 serviront aussi à d'autres, avec un peu de chance. L'espace
 gardera des traces de mes rêveries
 à contre-courant. Ainsi le tatou, l'idée
 de tatou, me guide, et moi je la guide, je la conduis
 dans mon humble existence vers les temps à venir et les montagnes
 gelées, et les grands lacs.
 * Quand il polit ses écailles, se fait beau,le tatou repense à la figure improbable
 de l'un de ses ancêtres incertains, italien :
 celui qui fut exposé
 avec une licorne, un phoque veau marin
 et des crocodiles décortiqués
 par un monsieur du Pô avec des restes
 des ennemis d'abord tués puis momifiés.
 Il paraît qu'il y avait aussi un dragon à sept têtes : la ruse des puissants
 ne surprend pas, ni l'orgueil
 de ce collectionneur. Mais d'où pouvait bien venir
 un tatou du quatorzième siècle au marais des Gonzaga ? Une légende
 sans doute, ou une acquisition
 postérieure. Il en résulte
 qu'à la vitrine de l'horreur le charango est préférable
 (au mieux, il est musique, et non cauchemars) ; que les serpents
 ont toujours existé ; qu'un tatou, comme tout rebelle,
 doit faire très attention.
 * Ce qui lui plaît : l'eau, le vents'il n'est pas trop fort, les bois, l'herbe magnifique
 quand la nuit, humide, annonce l'aube,
 l'odeur de champignons et de quelques insectes
 délicats. En ville aussi certains lieux ne sont pas mal :
 ruelles, tuyaux, caves parfois. Et aucun puma.
 Il vénère en outre la ténacité
 pacifique de l'opossum : être sans défense.
 * On peut dire : l'harnaché, le chenillé, le solitaire,l'édenté, le craintif, le lent,
 celui qui ne peut sauter, qui ne se retourne pas,
 le mangeur de vermine, le lèche-fourmis, le voleur,
 le fuyard, la taupe qui tourne en rond,
 le couche-tard, le noctambule, le griffu ;
 celui qui s'amuse à faire tomber les chevaux,
 les estropie et secoue ses écailles de rire
 dans son trou malodorant.
 On peut le maudire, le chercher la nuit
 avec des bâtons pointus, ou des massues, dents de chien.
 On peut recruter des indigènes ivres
 ou des armées de moustiques pour le chasser.
 Le tatou ne s'en préoccupe pas.
 * Il est inutile de le tirer par la queue :on le sait par expérience, le tatou ne cède pas
 si facilement. Et puis il a fallu
 peut-être cinquante millions d'années, un imprévu
 fortuit et un bon coup de chance :
 un marin aux belles espérances,
 une tempête, un naufrage dans un golfe terrible,
 une terre ignorée et fleurie où aborder.
 Il en a trop vu pour s'épouvanter ou perdre courage.
 Le chemin a été lent, le voyage ardu.
 A présent il avance, pas à pas. Presque content.
 * Parmi d'autres choses qu'il a rapportées de ces tempsles plus anciens : la lèpre. Il la connaît, en sait
 l'ignominie, l'humiliation des chairs rongées,
 et combien la cuirasse de l'orgueil est fragile.
 Ainsi il salue chaque fleur qu'il rencontre, gentiment,
 et aux exclus il apporte des papillons séchés, de petits dons.
 * Un point faible, il est vrai : le chatouillement. Sous la queue,où le ventre flasque s'assouplit, et les anciennes douceurs s'installent,
 il suffit de peu, une plume souple ou une caresse,
 un plumet, la pointe d'un aconit. Soudain le rire éclate
 irrépressible. Le tatou rit tandis que des mains
 le tirent en arrière, vers la mort ou la captivité, vers le bâton
 fatidique qui l'attend. Et pourtant il rit,
 et ce n'est pas seulement une question de chatouillement. Penser
 à toute cette haine, à la violence, au désir,
 et à toute chose en fin de compte ridicule, perdue
 dans le néant des époques, petits éclats d'histoire
 dans la cuirasse des histoires que la faim ou la force tresse
 toujours semblables, toujours oubliables, atrocités
 inutiles, ferrugineuses. Quand il rit ainsi, le tatou ne fait pas
 vraiment peur : peut-être un trouble dans les yeux de qui
 s'acharne, s'échauffe. Appétit qui diminue, et soudain
 une sorte de vide dans l'estomac : une médiocre
 biologie résignée appelle, sans rêves, une politique
 médicamenteuse, sordide,
 la conscience en rit, sombrement,
 et qui assiste à la scène s'effarouche, s'inquiète.
 Ce n'est pas un beau spectacle,
 un tatou qui rit en mourant
 tandis qu'il glisse. En réalité,
 avec la joie étrange des proies,
 à ces moments-là il regarde dans les yeux
 du glyptodonte, et lui parle,
 comme parfois on parle à un ami ou un frère disparus,
 pourtant toujours présents,
 et spirituels.
 Traduit de l'italien par Mathilde Vischer  *** italiano Buongiorno, dice l’armadillo a un netturbino. Per casoha visto passare di qui un opossum?
 L’uomo alza la scopa verso nord, dove una nube
 fluttua sopra i deserti come una grande montagna. L’armadillo
 ringrazia e s’incammina controvento.
 * Addosso la corazza e l’elmo in testa: così vacon la sua vista scarsa e le sue carni
 deliziose e protette. Va perché va,
 perché bisogna andare, perché il mondo
 è grande, il tempo breve. Poi il profumo
 di certi fiori, davvero delizioso.
 * L’armadillo canticchia sul cammino. Non lo ascolta nessuno.
 È un peccato: se qualcuno lo sentisse
 potremmo sapere cosa canta
 questo piccolo animale coraggioso. Magari
 ci metteremmo in cammino anche noi.
 * Adesso l’armadillo ha sete: è in mezzo al deserto.Segue ancora le tracce dell’opossum, ma il deserto
 non conserva le tracce. Allora segue
 certe linee più scure sul terreno e così arriva
 davanti a un carro armato rimasto lì nel nulla.
 Salve, dice l’armadillo al carro armato.
 Ma quello resta zitto.
 *  Se il carro armato potesse pensare, forse sarebbe stupito. Invece è vuoto,
 arrugginito e impolverato. Ma l’armadillo è cocciuto.
 Lei è grande e grosso, gli dice. Ma non parla, non saluta.
 Dovrò morire di sete davanti a un maleducato?
 Per fortuna dalla mestizia del cannone
 sbuca adagio un topino.
 Non badarci, gli fa. Questo è un disadattato.
 Vieni dentro, ti offro qualcosa.
 E l’armadillo ringrazia.
 * Quando è necessariol’armadillo può scavare per ore:
 lunghe tane, zone umide e buie dove aspettare
 tempi migliori, piogge, epoche in cui la speranza
 non è poi del tutto impossibile. L’attesa
 sia pure lunga, lui la inganna dormendo.
 E quando sorge la luna legge Cervantes.
 * In uno stato quasi del nord hanno fatto una leggesugli armadilli: è vietato possederne.
 Si possono possedere
 automobili, schiavi in maschera, fucili, ma armadilli
 proprio no. È una legge interessante,
 pensa l’armadillo. E si ferma un po’
 in quello stato
 così lungimirante.
 * Certe volte, in sogno, gli sembra di vederli:branchi di puma, giaguari, altri animali forti
 di cui non sa il nome. Colonne di autotreni,
 ruote larghe, dentate, selvaggina
 ignara di un’estinzione immensa.
 Predatori, disperati, fuggiaschi,
 tutti in fila nella stessa direzione, tutti
 ugualmente entusiasti.
 Allora si sveglia e pensa.
 *  Uno dice: l’armadillo (adesso sta pensando). Ma in effettil’armadillo è un concetto teorico: una specie
 o comunque una categoria. Io non sono
 l’armadillo, sono un armadillo, e non so nulla
 di quello che davvero sto facendo. Il mio futuro
 è modesto: qualche insetto, lumache,
 magari dei figli: quattro,
 uno per ogni punto cardinale.
 Eppure i miei passi vaghi
 vanno da qualche parte, queste tane che scavo
 serviranno anche ad altri, con un po’ di fortuna. Lo spazio
 serberà qualche traccia del mio fantasticare
 controcorrente. Così l’armadillo, l’idea
 di armadillo, mi guida, e io guido lei, io la conduco
 nel mio piccolo verso i tempi a venire e le montagne
 gelate, e i grandi laghi.
 * Quando si lucida le scaglie, si fa bello,l’armadillo ripensa alla figura improbabile
 di un incerto suo antenato italiano:
 quello che venne esposto
 insieme a un unicorno, a un vitello marino
 e a certi coccodrilli scorticati
 da un signore padano insieme ai resti
 dei nemici prima uccisi e poi mummificati.
 Pare ci fosse anche un drago a sette teste: non stupisce
 l’astuzia dei potenti, né l’orgoglio
 di quel collezionista. Ma da dove
 poteva mai venire un armadillo
 nel Trecento alla palude dei Gonzaga? Una leggenda,
 senz’altro, o forse un’acquisizione
 posteriore. Ne discende:
 che alla bacheca dell’orrore è preferibile il charango
 (mal che vada, è pur musica, non incubi); che i serpenti
 sono sempre esistiti; che un armadillo, come ogni ribelle,
 deve fare molta attenzione.
 * Quello che gli piace: l’acqua, il vento se non è troppo forte, i boschi, l’erba magnifica
 quando è umida di notte e annuncia l’alba,
 l’odore di funghi e certi insetti
 delicati. Anche in città ci sono posti mica male:
 vicoli, tubi, cantine qualche volta. E nessun puma.
 Venera inoltre la pacifica
 tenacia dell’opossum: l’indifeso.
 * Si può dire: il bardato, il cingolato, il solitario,lo sdentato, il pavido, il lento,
 quello che non può saltare, che non si gira,
 il mangiavermi, il leccaformiche, il ladro,
 il fuggiasco, il talpone che gira in tondo,
 il tiratardi, il nottambulo, l’unghiaforte;
 quello che si diverte a far cadere i cavalli,
 li azzoppa e si squassa le scaglie
 dal ridere dentro il suo buco graveolente.
 Lo si può maledire, cercare di notte
 con bastoni appuntiti, o con mazze, denti di cane.
 Si possono reclutare indigeni ubriachi
 o eserciti di zanzare per dargli la caccia.
 L’armadillo non ci bada.
 * È inutile tirarlo per la coda: come si sa per esperienza l’armadillo non cede
 così facilmente. E poi ci sono voluti
 forse cinquanta milioni di anni, un imprevisto
 casuale e un bel po’ di fortuna:
 un marinaio di belle speranze,
 una tempesta, un naufragio in un golfo terribile,
 una terra fiorita e ignara cui approdare.
 Ne ha viste troppe per spaventarsi o perdere coraggio.
 È stato lungo il cammino, arduo il viaggio.
 Ora procede, un passo dopo l’altro. Quasi allegro.
 * Tra le altre cose che ha riportato su dai tempipiù lontani, anche la lebbra. La conosce, ne sa
 l’obbrobrio, l’umiltà delle carni corrose,
 e quanto è fragile la corazza dell’orgoglio.
 Così saluta ogni fiore che incontra, gentilmente,
 e ai desolati porta farfalle secche, piccoli doni.
 * Un punto debole, certo: il solletico. Sotto la coda,dove molle si snoda il ventre, e le antiche dolcezze si accampano,
 basta poco, piuma morbida o carezza,
 pennacchio, cima d’aconito. Subito scoppia il riso
 irrefrenabile. Ride l’armadillo mentre mani
 lo trascinano indietro, verso morte o prigionia, verso il fatidico
 bastone che lo attende. Eppure ride,
 e non è solo questione di solletico. Pensare
 a tutto questo odio, alla violenza, alla brama,
 e a ogni cosa in fin dei conti ridicola, perduta
 nel nulla delle epoche, scaglietta di storia
 nella lorica di storie che la fame o la forza s’intessono,
 uguali sempre, sempre dimenticabili, inutili
 atrocità ferruginose. Quando ride così, l’armadillo non fa
 propriamente paura: sconcerto, forse, negli occhi di chi
 si accanisce, s’infervora. Appetito che scema, e improvviso
 una specie di vuoto allo stomaco: mediocre
 chiama una biologia rassegnata, senza sogni, una politica
 medicamentosa, sordida,
 la coscienza ne ride, cupamente,
 e chi assiste alla scena s’adombra, s’inquieta.
 Non è un bello spettacolo,
 un armadillo che ride morendo
 mentre sdrucciola. In realtà,
 con la strana allegria delle prede,
 lui guarda in quegli istanti dentro gli occhi
 del gliptodonte, e gli parla,
 come talvolta si parla a un amico o a un fratello scomparsi,
 eppure sempre presenti,
 e spiritosi
   Fabio Pusterla    Retrouvez une note biographique et les publications de Fabio Pusterla  sur nos pages consacrées aux auteurs de Suisse.    Page créée le 07.12.07 Dernière mise à jour le 
                    
                    07.12.07
  
 |