Et quand je serai assis
dans cette nuit sans lune
dune immense caverne au toit trop bas
Quand je serai assis à attendre
dans la boue humide et lair glacé
en frôlant de la tête le plafond visqueux
Quand je serai ainsi assis à
attendre
écoutant dans une autre flaque
les soupirs dautres attendants
Quand je serai ainsi assis à
attendre
sous la longue plaine grise
la fin du long mot fin
Quand je serai ainsi assis
comment pourrai-je ainsi
rester assis à attendre
À attendre une attente
en comptant sur ma tête
les gouttes suintantes
Ne pas me lever
pour massommer au roc
Ne pas ramper ensuite
à croupetons dans la boue
Parmi les jurons irrités
des anciens momifiés
Ne pas hurler sans écho
de me perdre sans fin
À chercher un sens
à tout ce non-sens
Et mourir mille fois
tombant de niveau en niveau
Dans les flaques de boue
de nuits identiques
Extrait de: Agonie vitale
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Et plus rien ne reste maintenant
que les os nus et la peau
desséchée
Plus rien ne reste des yeux
qui tellement ont pleuré
ni des lèvres
qui tellement se tendirent
ni des mains
qui voulurent sentrouvrir
Et plus rien ne reste de ce qui
remplissait
ce crâne-coupe
abandonnée au sable
Et pourtant ces os
morts
et ce crâne
vide
et ces orbites
creuses
Nont pas de paix
Nauront de paix!
Car ci le vent
joue son orgue
par les yeux
pleurant rosée
et bat en cur
sous côtes-arceaux
pour gonfler ori-
peaux de vie
Et ci le gel
et le soleil
ouvrent et ferment
les doigts divoire
en offrande ou refus
forçant conscience
Et ce squelette
jeté en vie
et ce squelette
mâchoire tombée
rit atrocement
sous larmes demprunt
Extrait de: Agonie vitale
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Un ciel de lune immobile
un horizon écrasant
de montagnes déchiquetées
en pics de glace noire
une gorge profonde
où se rompent les os
des larmes gelées
en fleurs acérées
des reflets danthracite
en silence éternel
la solitude figée
et la mort à jamais
voici que de ma quête
je te retrouve
pour me coucher à ton sol
ô mon pays
Extrait de: Agonie vitale
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Tu es une journée de printemps
brillant en plein novembre
Tu es le bras tendu
pour enlacer et consoler
Tu es le reflet de leau sur
le mur
pour calmer la blessure des yeux
et les pins sur le ciel bleu
pour affirmer encore lespoir
Tu es le visage entre les nuages
vers lequel se lèvent adorants
les sourires en larmes
et les mains aux doigts brisés
Extrait de: Fe agónica
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ô Madonna
du fond de la vase où jai lentement coulé
au long de ces années les yeux pourris et mon âme
perdue dissoute plus haut je tai encore dans ma
mémoire où tu te confonds immense visage
avec le ciel despoir que je ne vois plus
et Madonna ô Madonna tant
que reste en moi ton ciel cadavre pourrissant dans ce
mol cercueil noirâtre qui menvahit par ces
larmes de parfois qui se mêlent à la vase
où étaient mes yeux je vis encore je vis
encore je vis encore
Extrait de: Fe agónica
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Mer de têtes innombrables
de tous âges qui veulent dominer une mer de têtes
aux lèvres déformées en hurlement
rauque vers le soleil et lespace mer de têtes
se noyant dans un océan sans fond qui se remplit
sans fin dune marmelade de têtes aux yeux
morts ouverts aux vagues salées de milliards
dyeux en pleurs immense filet de bouches déchirées
avalant sans cesse une saumure toujours plus amère
têtes bourgeonnant partout toujours plus vite
et jamais plus haut têtes denfants apeurés
qui apprennent à nager têtes de femmes
aux longs cheveux fous collés gluants de larmes
et de gelée tremblotante qui veulent aimer qui
veulent aider qui veulent lutter qui ne comprennent
pas et qui sabandonnent têtes dhommes
bavant et mordant et têtes de vieillards hargneux
qui senfoncent lentement sous dautres têtes
qui leur volent lair et rejoignent les têtes
sans chair des séries précédentes
qui glissent éternellement dans la noirceur des
abîmes sans lumière
Extrait de Tableaux
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Désert.
Désert immense,
désert sans fin.
Jaune et ocre des dunes.
Pierre, roche tannée.
Gris brûlant du granit.
Croûte de sable et de sel,
croûte de blessure mortelle.
Pluie sur le désert.
Une goutte qui tombe.
Une goutte et pas dautre.
Larme déternité,
larme sanglante de beauté.
Une goutte tiède
dans lair en feu.
Et une fleur qui naît:
un instant despoir.
Un peu de vapeur
dans lair en feu
et une fleur desséchée
qui tombe en poussière.
Extrait de Tableaux
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Immobile dans la nuit plane laile
noire.
Les yeux dincandescence fixent
et percent,
lâme seffrite en un néant de
questions sanglotées.
Le voile sentrouvre illuminant
lillusion et
se referme jouant avec les pleurs.
Lhiver vient et puis lété
et puis lhiver et puis
la nuit.
Rien nexiste, le mur seffondre
et la lampe
séteint en un ricanement inventé.
Extrait de Tableaux
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