Yvette Z'Graggen
Mémoire d'elles, Editions de
L'Aire
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Yvette Z'Graggen
dans nos pages consacrées aux auteurs
de Suisse.
Yvette
Z'Graggen / Mémoire
d'elles |
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Pendant longtemps, j'ai su
peu de choses de Jeanne, ma grand-mère maternelle,
décédée alors que j'avais quatre
ans. Et puis, récemment, je l'ai découverte
à travers deux lettres pathétiques que
je n'avais encore jamais lues. Dès lors, elle
ne m'a plus quittée, cette jeune femme qui
avait eu l'audace, dans l'austère Genève
du début du siècle, à une époque
où le mariage n'était le plus souvent
pour les filles qu'une sorte de passage obligé,
d'aimer jusqu'à la déraison, jusqu'à
la déchirure, le séduisant étranger
qu'elle avait épousé.
J'ai reconstitué son
histoire en m'inspirant de la réalité
fragmentée qui m'avait été transmise
en la complétant grâce à l'imagination.
Peu à peu, je suis entrée dans sa douleur
et dans celle de Lisi, ma mère.
En écrivant ce récit,
j'ai eu l'impression de renouer le dialogue avec elles
deux.
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Née à Genève, Yvette
Z'Graggen a été collaboratrice de la
Radio suisse romande de 1952 à 1982. Elle se consacre
maintenant à l'écriture et, parfois, à
la traduction. Tous ses ouvrages, récents ou réédités,
ont connu un grand succès, notamment les deux romans
La Punta et Matthias Berg, qui viennent de paraître
en allemand.
Pour l'ensemble de son uvre, Yvette Z'Graggen a reçu
le Prix Schiller en 1996 et le Prix Eugène-Rambert
en 1998.
Yvette Z'Graggen, "Mémoire
d'elles", L'Aire, 144p
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Article d'Isabelle
Falconnier / L'Hebdo |
Mémoire
delles Yvette ZGraggen
Ce sont deux lettres exaltées,
difficiles à déchiffrer, déchirantes,
écrites en 1915 par sa grand-mère Jeanne à
Lisi, fille de Jeanne et mère d'Yvette Z'Graggen.
Deux lettres conservées comme des reliques par Lisi.
Deux lettres qui supplient Lisi de persuader son papa de
la " reprendre", qui promettent d'être "raisonnable".
Écrites depuis un hôpital psychiatrique, elles
ressuscitent Jeanne, morte six ans après être
sortie de l'enfer, et dont Yvette Z'Graggen ne conserve
que les souvenirs d'une enfant de quatre ans qui courait
vers une femme en noir sous une ombrelle. Jeanne, coupable,
dans l'austère Genève du début du siècle,
à une époque où le mariage n'était
le plus souvent quun passage obligé, d'aimer
jusqu'a la déraison le bel étranger qu'elle
a épousé, incapable de s'adapter à
la vie balisée que la société lui offre
alors.
Reconstituant l'histoire de Jeanne
en s'inspirant de la réalité fragmentée
qui lui a été transmise et en la complétant
par l'imagination, Yvette Z'Graggen renoue par la même
occasion un dialogue émouvant avec sa mère,
Lisi, qui ne lui parlait qu'a contrecur de son adolescence
sans mère. Récit de vie donc, limpide, faussement
naïf puis pathétique lorsque Jeanne entre dans
" le malheur de la déraison", jalouse de
l'amour de son mari pour leur fille Lisi. La mort de Jeanne,
puis celle de Lisi, ne quitte pas l'écrivaine Z'Graggen
qui se plonge dans ce douloureux secret de famille. Avec
une sérénité compréhensive.
" Un peu comme si la communication était possible
malgré l'absence, comme si un dialogue pouvait continuer
bien au-delà de la mort."
Isabelle Falconnier
Yvette Z'Graggen, "Mémoire
d'elles", L'Aire, 144p
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Entretien avec
Yvette Z'Graggen par Laurence Drummond |
Écrire, comme
on épluche une orange
Vous connaissez luvre
dYvette ZGraggen. Son écriture simple,
le bonheur de lecture quelle procure. Elle écrit
comme elle a regardé:
"Une orange quun serveur
avait pelée avec un art tout particulier, enlevant
de la pointe de son couteau la fine peau blanche quon
laisse en général subsister, et lorange
était alors apparue, rouge, magnifique, écorchée
et saignante. Oui, cétait ça: quelquun
avait enlevé pour moi la peau qui recouvre le monde,
il était là, nu comme lorange, saignant
comme elle, magnifique comme elle."
Couleur dOrange,octobre 1994
Yvette ZGraggen "enlève"
pour nous la peau qui recouvre le monde. Cest avec
la même force de sincérité quelle
sest prêtée à lentretien
qui suit. Dune voix parfois piquante, elle parle,
elle écrit, elle "épluche"
éclairant ainsi sa vie décriture.
Sept romans, quatre récits
autobiographiques, de nombreuses pièces radiophoniques,
des traductions, cinquante ans décriture, bientôt
cinquante-cinq même
cest un beau parcours.
Est-ce que ça a surpris ton entourage que tu te mettes
à écrire quand tu étais enfant ?
Mes parents ne sont jamais
intervenus pour men empêcher. Ils pensaient
probablement que cétait un jeu comme un autre
ce qui était dailleurs assez vrai. Mais
javais une grand-tante qui représentait la
bourgeoisie bien établie. Un jour, je suis arrivée
toute contente en disant: "Aujourdhui jai
écrit une histoire de quatorze pages." Elle
ma dit sévèrement: "Tu aurais mieux
fait détudier tes mathématiques."
Jai compris alors que lécriture était
quelque chose de subversif qui dérangeait certains.
Inutile de dire que jai continué de plus belle
! Mon père a été plutôt fier
quand jai publié mon premier bouquin en 1944.
Il nous a emmenées au restaurant, ma mère
et moi, pour fêter ça
cétait
la guerre, on navait pas beaucoup dargent, le
restaurant cétait un luxe en ce temps-là.
Ma mère, elle, était ma première auditrice.
Je lui lisais ce que jécrivais au fur et à
mesure, elle mencourageait toujours.
Pourquoi est-ce quon écrit
? Après plus de cinquante ans décriture
cette question na plus de sens peut-être ?
Les motifs ont pas mal varié
au cours des années. Au début, cétait
vraiment le plaisir de raconter des histoires, de mentourer
de personnages, délargir un peu les limites
de la vie. Je crois me souvenir que jai été
assez vite frappée par le fait quon a une seule
vie et quil faut sans cesse faire des choix, donc
laisser des choses de côté: inventer des personnages,
des histoires, ça me permettait de vivre en imagination
dautres vies que la mienne, de faire dautres
expériences. Ensuite, jai commencé à
réfléchir un peu plus et il me semble que
jai écrit pour mieux comprendre la vie, les
autres et surtout moi-même, comme dans Un Temps de
Colère et dAmour, publié en 1980, où
jai fait une espèce dinventaire de ce
que javais vécu une sorte de "recherche
identitaire" pour utiliser une expression à
la mode
Le N° 46 de la revue Écriture
a présenté des passages du Journal que tu
as commencé enfant
Il me semble que tu avais
très jeune une approche très structurée
de lécriture, un souci de construction.
Oui, cela a été
très vite important de mettre en forme mes impressions
ou les histoires que jimaginais. Même dans ce
Journal, où je me laissais emporter par des révoltes,
des chagrins, des joies, il y avait ce plaisir, je me souviens,
non seulement de jeter des mots sur le papier, mais de les
assembler dune certaine manière.
Tu parles rarement de tes admirations,
des auteurs qui ont compté pour toi ?
La lecture a très vite
été essentielle pour moi. Je dévorais
tout ce qui me tombait sous la main, même "les
livres qui nétaient pas pour moi", selon
lexpression consacrée
mais la censure
de ma mère heureusement nétait pas très
sévère. Elle adorait Colette, elle avait presque
tous ses ouvrages, et je les ai lus avec passion de même
que les romancières anglo-saxonnes. Et puis Gide
évidemment, le maître à penser de ma
génération. Et bien dautres, jusquà
Marguerite Duras en passant dans les années daprès-guerre
par Sartre, Camus, Simone de Beauvoir.
Il y a des influences inévitables,
nécessaires
Pour moi, lécriture
était comme un monde à part, très profond,
très secret et pas nécessairement influençable.
Il me semble que jai suivi mon petit bonhomme de chemin
sans avoir trop de modèles sous les yeux. Bien sûr,
il y a eu Ramuz. En Suisse romande, cétait
difficile déchapper à son influence.
Il y avait quelque chose de tellement nouveau, de si insolite
dans son style. A une époque jai écrit
du mauvais Ramuz. Il y a aussi un passage de La vie attendait
où tout à coup, je me suis mise à écrire
comme Hemingway que je venais de découvrir ! Plus
tard, jai essayé dêtre moi-même.
Cest difficile de démêler ce qui est
vraiment à soi, profondément. Mais, puisquon
parle dinfluences, il y a eu aussi celle de la Radio
qui ma appris à condenser le plus possible
puisquon y dispose toujours de peu de temps. Je pense
aussi à une certaine influence du cinéma qui
ma toujours passionnée. Je devais avoir quatre
ou cinq ans lorsque jai vu mon premier film, le cinéma
en était alors à ses débuts, il était
encore muet.
Pour faire parler tes personnages
comment sest fait ton choix entre "je" ou
"elle" ?
Les premiers livres, je les
ai écrits comme on écrivait les romans classiques
à lépoque, sans me poser de questions.
Plus tard, il y a eu cette espèce de crise du roman
avec lapparition du Nouveau roman, on a eu alors limpression
quon ne savait plus comment écrire un roman.
A ce moment-là, pour Le Filet de lOiseleur
qui a paru en 1957, jai passé au "je".
Un "je" narratif qui racontait lhistoire
et qui nétait pas moi.
Avec Un Été sans Histoire,
jai réintroduit une troisième personne,
"elle", Christine. Mais on reste à lintérieur
delle. Les autres personnages, ce qui arrive, tout
est vu par "elle". Ensuite, jai écrit
des nouvelles et des récits autobiographiques, mais
quand jai commencé Cornelia au début
des années 80, la question sest de nouveau
posée: "quel point de vue adopter ?" Jai
alors eu recours à une narratrice qui dit "je"
mais qui nest pas impliquée dans lhistoire.
Elle dit quelle connaît Cornelia mais quelle
a de la peine à imaginer ce qui se passe dans la
tête et dans le cur du personnage masculin.
Cétait un procédé que certains
ont trouvé intéressant, que dautres
ont critiqué.
Dans La Punta, il y a de nouveau
un "je", Florence, le personnage principal qui
raconte lhistoire à la première personne,
mais qui utilise la troisième personne quand elle
revit des épisodes de son passé lointain.
Il mavait semblé, en effet, que lorsque lon
repense à ce que lon était dans le temps,
ce nest plus le "je" du présent quon
revoit mais une sorte de personnage quon aperçoit
de lextérieur par-dessus les années.
Pour Matthias Berg, jai eu
des problèmes de construction. Je savais très
bien quelle histoire je voulais raconter, jy pensais
depuis des années, mais je ne savais pas comment
my prendre. Comme cest une histoire qui se passe
sur plusieurs générations, oui sur trois générations,
il fallait ou bien écrire une saga, ce qui ne me
tentait pas et me paraissait très difficile, ou bien
trouver autre chose. Finalement, jai eu lidée
que toute lhistoire se raconterait dans la tête
de Marie, pendant quelle attend dans un square berlinois
doser aborder son grand-père qui est assis
sur un banc, en face delle. Ils ne se sont jamais
vus, elle est venue de Genève pour faire sa connaissance.
Cette unité de temps et de lieu ma permis de
réaliser mon projet. Au lieu dune saga, il
y a des récits qui sentrecroisent dans la tête
de Marie et qui reconstituent peu à peu le drame
dune famille allemande bousculée par la guerre.
Pourquoi écrire au "présent"
?
Dans le roman classique, écrit
au passé simple, lauteur raconte une histoire
qui sest déjà déroulée,
qui est terminée et dont il connaît la ?n.
Au contraire quand on utilise le présent, il y a
la notion de découverte qui me semble très
importante.
Même si ce sont des livres
du "souvenir" ?
Oui
même les livres
autobiographiques je les ai, en grande partie, écrits
au présent. Jaime bien lidée que
lauteur découvre la réalité en
même temps que les personnages et que le lecteur.
Quand il sagit de romans, je ne sais pas toujours
comment lhistoire se terminera. Jai souvent
limpression que si je le savais, je naurais
plus tellement envie de lécrire. Cette découverte
qui se fait au fur et à mesure de lécriture,
cest ce qui me passionne, je crois.
Cest parfois difficile de
terminer un livre
En fait, mes derniers livres
se terminent sans se terminer, sur une ouverture, sur des
possibles. Une "vraie" fin cest forcément
quelque chose dartificiel : pourquoi sarrêter
à tel moment et pas à tel autre ? Je me demande
quelquefois si cette nouvelle manière décrire
au présent et sans "entrer" dans
tous les personnages nest pas liée à
un nouveau statut de lécrivain. Autrefois,
lorsque je débutais, lécrivain était
un homme, une femme plus rarement, qui se trouvait sur un
piédestal, qui navait pas envie den descendre,
qui tenait au contraire à garder ses distances et
à inspirer de la déférence, du respect.
Pour moi, Ramuz, Chenevière, de Traz, vivaient sur
une autre planète, ils mintimidaient, je naurais
jamais osé les aborder. Ensuite il y a eu une démocratisation
du statut de lécrivain, liée, je pense,
à tout ce qui sest passé dans la vie
politique et sociale, notamment à Mai 68. Lécrivain
est descendu de son piédestal, il sest rapproché
de ses lecteurs. Il est devenu plus humble face à
la réalité et aux êtres. Il nest
plus aussi sûr de lui.
La psychanalyse a peut-être
contribué à ces changements
Oui, sûrement. Lexistentialisme
y est aussi pour quelque chose. Et puis, il y a eu, dès
1972, lémergence de la littérature dite
féminine.
En quoi a-t-elle innové
à ton avis ?
Il me semble quelle
a apporté un désordre salutaire !
de
laudace et aussi des interrogations, des doutes. Elle
a lézardé l'édifice construit par les
hommes au cours des siècles, elle a fait souffler
un vent nouveau. Elle a bousculé les certitudes,
la notion du temps. Mais, il nest pas impossible que
par un processus de balancier, il y ait un jour un retour
à un plus grand classicisme. Quoi quil en soit,
je pense quil faut éviter de "trop"
penser quon va être lu au moment où lon
est en train décrire.
Pour certains cest le destinataire
qui est important
Oui
A qui sadresse-t-on
? Je me posais aussi cette question quand je travaillais
à la Radio. Quand on est seul devant un micro, on
ne sait pas à qui on parle. Cest parfois un
peu angoissant. Pour lécriture, je crois que
jai quelque part en moi limage dun lecteur
idéal, qui sefforcerait découter
et de comprendre, qui ferait travailler son imagination,
qui serait coopérant, complice. De tels lecteurs
et lectrices, bien sûr existent, certaines
lettres quon reçoit le prouvent.
Tu as presque toujours eu
un travail lié à la littérature. A
la Radio, tu menais des entretiens avec des auteurs suisses.
Étant toi-même écrivain est-ce que cétait
facile de faire ce métier au quotidien?
Il y a eu des moments de frustration.
Javais limpression que les autres écrivaient
à ma place, alors que, moi, pendant une assez longue
période, je navais absolument plus le temps
de le faire. Mais je savais aussi que javais beaucoup
de chance de faire ce métier-là, de rencontrer
des gens intéressants, de me familiariser avec dautres
cultures. Jai découvert ainsi la Suisse alémanique
dont mon père était originaire et que javais
un peu reniée au profit de la Suisse romande où
je suis née. Dire que mon nom était dorigine
uranaise, ça ne me plaisait pas quand jétais
jeune ! Maintenant, jen suis plutôt ?ère.
Les écrivains tessinois et romanches mont beaucoup
apporté, eux aussi.
La jeunesse est une période
où lon se torture. Dans un parcours littéraire
on peut faire une séparation entre les livres de
jeunesse et ceux de la maturité. As-tu eu conscience
de ce passage ?
Pour moi la jeunesse a été
une période difficile. Quand on a 19 ans et quéclate
à côté de vous une guerre comme celle
de 39-45, cest une chose terriblement brutale, qui
détruit les quelques certitudes quon pouvait
avoir. Et limmédiat après-guerre, lEurope
en ruine, la misère, la bombe atomique
Entre
20 et 30 ans
jai vraiment vécu une période
de bouleversement, de recherche. A cette époque,
lécriture ma aidée à y
voir un peu plus clair.
Dans ton journal, tu écrivais,
le 17 février 45: "Je voudrais demander pardon
de la facilité de ma vie, de sa médiocrité
"
Jétais sans pitié
avec moi-même
Mais cest vrai, pendant
toute la guerre jai eu ce sentiment de malaise parce
que nous étions épargnés, nous en Suisse,
alors que tout autour de nous, les gens connaissaient des
souffrances inimaginables. Et encore, on ne savait pas tout
! Les refoulements à nos frontières, lor
nazi, les livraisons darmes, tout ce quon nous
reproche aujourdhui, on lignorait.
Est-ce que pour toi écrire
cest nécessairement être un écrivain
"engagé" ?
Cest un vaste débat.
On peut sengager de différentes façons.
Disons quau sens où on lentend habituellement,
mon premier livre vraiment engagé a été,
en 1982, Les Années silencieuses où je minterroge
sur les causes de mon ignorance concernant le refoulement
des juifs pendant la guerre. On peut situer un peu dans
la même ligne mes deux derniers livres, Matthias Berg
et Ciel dAllemagne.
Lécriture vient-elle
en réparation des blessures de la vie ?
Jaurais sûrement
plus mal vécu si je navais pas eu lécriture.
A certains moments, elle ma été dun
grand secours. Un petit exemple: un soir, il y a longtemps,
jétais à la Gare de Lyon, jattendais
le train que jallais prendre pour rentrer précipitamment
à Genève. Je vivais à Paris quelque
chose dinsupportable, il fallait que je men
aille. Je marchais sur le quai de la gare, jétais
désespérée, mais en même temps
je me racontais lhistoire de cette fille qui était
là, sur ce quai, à attendre le train, je mettais
ça en mots, en images, ça devenait une sorte
de roman ou de film
Quand le train est finalement
arrivé, jétais presque rassérénée.
Quelle est la part de conscient
et dinconscient dans lécriture ?
Pour moi, il y a beaucoup
de choses qui ne sont pas complètement conscientes.
Il marrive de faire presque sans le vouloir tout autre
chose que ce que javais prévu ou imaginé.
Il y a beaucoup de choses qui méchappent et
qui échappent à cette vie raisonnable, organisée
quon est obligé de mener, comme si cétait
une manière de rejoindre un monde différent,
ce monde intérieur, touffu, un peu inquiétant,
qui nous habite tous. Mais en même temps, je ne me
suis jamais laissée aller à déverser
mes pulsions et mes émotions sur le papier, telles
quelles, en désordre. A partir du moment où
elles sont arrivées à la conscience, je mefforce
de les structurer.
La pudeur cest important
quand on écrit ?
Quand jai écrit
Un Temps de Colère et dAmour, je me suis rendu
compte quon pouvait presque tout dire, des choses
très personnelles, très intimes, impudiques
peut-être, si lon se donnait la peine de les
formuler dune certaine manière. Lécriture
de ce livre-là a lair simple, mais, justement,
à cause de ce que je viens de dire, je lai
beaucoup retravaillée.
Je voudrais revenir à
la tonalité de tes ouvrages. Ils ne sont pas dénués
doptimisme mais assez tristes parfois, teintés
de nostalgie
Je pense quhélas
ce que nous vivons et avons vécu au cours de ce siècle
nincite pas à la gaieté, à linsouciance.
Mais jai toujours eu le souci de ne pas désespérer
les gens qui me lisent. Jai toujours voulu laisser
une ouverture. Il y a un poème dEluard que
jaime beaucoup. Il dit quil y a toujours au
bout du chagrin une fenêtre ouverte, une main tendue,
que la nuit nest jamais complète. Cet optimisme
un peu utopique et insoutenable dans certains cas,
il faut lavouer jai toujours essayé
de le maintenir.. Cest une constante dans mes livres:
les personnages passent presque tous par une sorte de porte
étroite, et cette épreuve va les transformer.
Je crois que cest dans ma nature davoir cette
certitude-là.
" Il y a toujours une petite lumière
qui brille quelque part
Oui
Il faut la protéger
Oui, il faut la protéger.
Dans la vie. Et dans lécriture aussi. Je léprouve
très profondément.
Propos recueillis par Laurence Drummond
Entretien tiré de la revue
littéraire
Lectures
La vie attendait, roman, 1944.
LHerbe dOctobre, roman, 1950.
Le Filet de lOiseleur, roman, 1957.
Un Eté sans Histoire, roman, 1962.
Chemins perdus, récits, 1971.
Un Temps de Colère et dAmour, récit
autobiographique, 1980.
Les Années silencieuses, récit autobiographique,
1982.
Cornelia, roman, 1985.
Changer loubli, récit autobiographique, 1989.
Les Collines, nouvelle, 1991.
La Punta, roman, 1992.
La Lézarde, nouvelles, 1993.
Matthias Berg, roman, 1995.
Ciel dAllemagne, récit autobiographique, 1996.
Tous ces ouvrages ont été
édités ou réédités par
les Editions de lAire à Vevey.
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L'Engagement
d'Yvette Z'Graggen par Jean-Georges Lossier |
L'ENGAGEMENT D'YVETTE Z'GRAGGEN
La littérature d'aujourd'hui
donne en général l'impression d'un certain
désengagement, une volonté d'intervenir moins
ardemment dans la sphère publique, et cela contrairement
à l'époque précédente. Mais
Yvette Z'Graggen, elle, dans sa jeunesse, a été
influencée par les écrivains combattants,
ceux qui n'hésitaient pas à prendre la plume
en faveur des causes dont l'importance et l'urgence les
sollicitaient. Elle est une de ces femmes qui ont fait de
leur vie et de leur oeuvre un engagement, en ce sens qu'elle
a participé à des combats sociaux et moraux
et, dans le même temps, des personnages de ses romans
en sont le reflet, car eux-mêmes aussi prennent parti
résolument pour le respect d'une dignité humaine
si souvent bafouée. Ceci en référence
à la Suisse mais à d'autres pays aussi, car
Yvette Z'Graggen a été secrétaire des
Rencontres internationales de Genève et, comme telle,
a élargi son horizon. Ses personnages ont acquis
de ce fait une dimension plus vaste et, bien que presque
tous romands ou suisses alémaniques, ils s'intéressent
aux problèmes au-delà de nos frontières.
Dans la foulée, comment ne
pas évoquer ici son action en faveur de la culture
? Ses émissions radiophoniques étaient comme
une défense et illustration des valeurs de notre
région. Il n'est que de citer, entre autres, son
émission "Romandie, terre de poésie"
qui a révélé à tant d'auditeurs
la richesse de la création poétique en Suisse
romande, Yvette Z'Graggen a trouvé dans la radio
le moyen de communiquer son enthousiasme pour l'humain.
La Croix-Rouge fut sa première
activité, mais c'est lentement qu'elle prend conscience
des événements de guerre et que ceux-ci la
touchent. Au début, tout occupée par la rédaction
puis l'édition de son premier roman, elle ne voit
guère l'avantage qu'était le sien de collaborer
à la grande aventure qu'est la Croix-Rouge. Son travail,
elle n'en discerne pas alors l'utilité, elle va jusqu'à
demander un congé à ses supérieurs
alors qu'il y a tant à faire et qu'on entend de toutes
parts des appels au secours. Elle ne saisit pas encore qu'ils
la concernent, excédée qu'elle est par un
travail de bureau astreignant et monotone.
Je me souviens de notre première
rencontre, en 1941 je crois, et que, engagés tous
deux dans l'action humanitaire -elle à la Commission
mixte de secours de la Croix-Rouge internationale et moi
au CICR - nous n'avions évoqué ensemble que
des problèmes littéraires et pas une fois
n'avions parlé du drame de la guerre dont nous entendions
et ressentions les échos jour après jour.
Plus tard, la Croix-Rouge prendra
une importance plus grande pour elle puisqu'elle assurera
après la guerre des missions pour le CICR en Italie,
en France et en Tchécoslovaquie. N'est-ce pas peut-être
par ce canal qu'elle s'est ouverte ensuite à l'humanitaire
? Elle se sentira toujours plus proche, comme auteur aussi,
de ceux qui sont injustement traités.
Il y eut chez elle cette certitude
absolue que l'écriture lui était nécessaire.
Elle allait tenter l'impossible: vivre de sa plume, écrire
des livres par lesquels elle pourrait apporter un message,
se saisir du prochain à travers ses personnages,
elle si empruntée dans son enfance, si timide. Et
je voudrais rappeler ici un article qu'elle publiait en
1959 dans le Journal de Genève à la suite
d'une émission de radio que nous fîmes ensemble,
article dans lequel elle disait si bien ce qu'est autrui
pour elle, ce qu'il devrait être pour les femmes:
"Même quand le temps nous presse et nous bouscule,
nous devrions à tout prix sauvegarder ces possibilités
de contact avec autrui, prendre la peine de sourire et d'écouter,
de faire tomber les masques et d'approcher la vérité
des êtres. Si nous n'essayons pas de préserver
l'humain, nous qui savons dans notre chair quel en est le
prix, comment les hommes, eux, y parviendraient-ils ?"
Le secours
nous vient dans la mesure où nous regardons hors
de nous-mêmes
et que nous avançons en tendant les mains.
Il se trouvera d'autres mains qui seront fraternelles
Le secours nous vient dans la mesure
où nous regardons hors de nous-mêmes et que
nous avançons en tendant les mains. Il se trouvera
d'autres mains qui seront fraternelles. L'émouvant
est cette quête d'autrui qui devient un chemin vers
la communion. Tant d'êtres prennent rarement la peine
d'écouter, tandis qu'Yvette Z'Graggen a une oreille
infiniment attentive à la voix de ses personnages
qui ne cessent d'entamer un dialogue conçu comme
une prise de conscience de l'autre et de sa mission.
Certes, elle a participé à
l'immense espoir des jeunes à la fin de la guerre.
On allait construire un monde nouveau et une ère
nouvelle se préparait pour tous. Mais le progrès
moral n'a pas eu lieu, du moins dans la mesure où
on l'attendait. Pourtant les personnages de ses romans portent
pour la plupart une espérance en eux, ils se relèvent
dans les pires moments et savent s'engager, comme leur auteur,
dans des combats silencieux pour affirmer et défendre
un idéal qu'ils jugent pouvoir donner un sens à
l'existence. Quelques-uns se dressent contre le conformisme,
les tabous sociaux. Ainsi Anne Guillard, dans Le Filet de
l'oiseleur, qui se heurte à son milieu et qui résiste
à force de courage et de confiance dans l'avenir.
Sa vie devient, devant les incertitudes du lendemain, une
volonté tendue de brusquer le destin, une résolution
qui lui fait dire en conclusion du livre: "Je sais
seulement que je ne refuserai pas ce qui peut venir".
Elle a maintenant la force de se détourner du passé.
Quant à Yvette Z'Graggen elle-même,
son attitude s'enracine pour une part dans un même
besoin constant de se projeter en avant. Et cela toujours
pour être présente dans cette vie, être
soi plus pleinement mais en entraînant aussi les autres
dans cette lutte pour le futur, vers une existence plus
large. Son engagement, elle le considère comme un
témoignage qu'il lui faut apporter tant dans une
vie quotidienne que dans son oeuvre, où ce sont d'ailleurs
surtout les femmes qui s'engagent. Ses personnages se retournent
peu vers le passé car, leur jeunesse les poursuivant
partout, il est nécessaire de ne pas se laisser retenir
par elle dans le déroulement sans fin qu'est l'aventure
humaine. Rendre présente cette poussée en
avant et, la plupart du temps, cette arrivée à
quelque chose de meilleurs, de plus juste, de plus vrai.
Les femmes s'engagent dans leur univers
sentimental, et mieux que les hommes. Dans Un temps de colère
et d'amour, on nous fait voir que la femme est déçue
"face à une certaine forme de lâcheté
typiquement masculine", c'est-à-dire une crainte
foncière de s'engager. Et si l'auteur le dit d'une
manière si franche, c'est qu'elle avait peur elle-même
du délaissement, une peur qui peut s'expliquer par
sa situation à l'égard du père dont
elle a recherché le visage si passionnément
dans Changer l'oubli. Les femmes qu'elle dépeint
veulent en général faire quelque chose de
leur vie, elles ont un idéal et désirent le
réaliser à tout prix, avec obstination.
Elles n'y parvenaient pas facilement
naguère, car la société ne le leur
permettait pas. Maintenant elles sont pour beaucoup des
lutteuses face aux hommes qui, plus souvent qu'elles, paraissent
veules, inconséquents, comme Vincent dans La Punta
où Florence, elle, se réjouit de la vie nouvelle
qui lui est offerte, traversée de poésie,
de soleil et de rencontres. En décrivant les femmes
comme prenant des chemins difficiles pour que triomphe ce
qu'elles estiment le bon droit, c'est leur cause que ces
romans défendent. Au reste, elles ont besoin peu
ou prou d'un "plus" dans leur existence, et celui-ci
ne s'acquiert qu'à travers la souffrance.
Francesca, dans Cornelia, veut vivre
à tout prix l'instant qui passe, vivre à fond
le présent. Elle commence à exister, bien
que retenue dans les rets de la maladie, elle se précipite
au-devant d'elle-même. Mais sa douleur est d'autant
plus grande que le futur lui échappe et qu'elle est
obligée d'être aujourd'hui seulement puisqu'elle
sait que le temps la rattrape sans cesse et étouffe
ses cris.
Les confrontations des personnages
entre deux les assurent de se reconquérir, de gagner
une place, de s'en aller ailleurs peut-être mais en
emportant une image d'autrui qui les réconforte dans
leur désir d'exister mieux, plus profondément
et de trouver leur vérité. De là cet
engagement qui leur est comme imposé, semblable à
celui de la romancière qui les a créés
et fait vivre.
Ils évoquent leurs peines
et leurs joies passées sans nostalgie mais tendrement,
comme délivrés et avec un certain bonheur
car ils les sentent derrière eux; ni joies ni peines
ne sauraient dès lors leur barrer le chemin, elles
ne sont pas pour eux des refuges ni l'occasion de pleurs
inutiles. Ce qui est arrivé leur accorde des forces
nouvelles. Il convient de se rendre libre et faire entendre
enfin une voix longtemps étouffée. Yvette
Z'Graggen elle-même voulait prendre part à
la vie qui lui paraissait couler loin d'elle et à
laquelle elle ne savait comment se mêler. L'histoire
semble l'adjuvant nécessaire à cette projection
vers un avenir lourd de projets. Elle ne la voit pas comme
une complaisance vis-à-vis du passé, mais
comme l'élément moteur à condition
de s'en dégager, de ne plus la ressentir comme un
obstacle.
Pour apprivoiser les lieux et les
choses, c'est son engagement dans la vie qui lui permet
de transformer une Genève qui est dès l'abord
hostile en un endroit où elle n'est plus étrangère
parce qu'elle y a retrouvé ses racines. Elle le constate
dans Le Filet de l'oiseleur, et il est difficile de la dissocier
de l'héroïne du roman: "C'est ma ville,
j'y suis rentrée, je marche dans ses rues, elle a
cessé de me refuser." Et c'est dans ses rues
justement qu'elle défile, prenant part à des
cortèges de protestation en faveur des réfugiés
et des sans logis. Elle signe des manifestes, elle reçoit
chez elle des requérants d'asile. Non seulement donc
des prises de position par l'écrit, mais des actes
et une manière active d'agir face aux drames quotidiens
et de tenter d'y remédier. Car chaque geste, fût-il
minime, a des prolongements imprévisibles et l'on
peut s'indigner avec des mots aussi bien qu'en affirmant
pratiquement sa solidarité avec les plus démunis.
Des deux manières, l'écrivain peut, à
travers les êtres auxquels il donne vie, susciter
des gestes secourables qui prennent une signification plus
haute, celle d'une protestation contre l'incompréhension
et son corollaire, l'intolérance.
Les mots
ont le pouvoir de rappeler que l'humanité est constamment
à refaire en nous. Elle n'est jamais acquise, il
faut la conquérir, et nous sommes appelés
sans cesse à s'en rendre compte. Elle ne vaut que
par ce que nous sommes, elle n'est ni un refuge ni une
possibilité de fuite.
Les mots ont le pouvoir de rappeler
que l'humanité est constamment à refaire en
nous. Elle n'est jamais acquise, il faut la conquérir,
et nous sommes appelés sans cesse à s'en rendre
compte. Elle ne vaut que par ce que nous sommes, elle n'est
ni un refuge ni une possibilité de fuite. Les problèmes
de toute vie, comme la vieillesse par exemple, sont l'occasion
de communier dans un élan de sympathie et dans une
démarche semblable. La romancière en témoigne.
Il suffit de voir comment elle parle, dans Un temps de colère
et d'amour, de cet univers de longue patience qu'est un
hôpital de gériatrie, de cette peine collective,
de cette lenteur courbée: "A tout petits pas,
et l'on devine que chacun des pas est une souffrance et
une victoire à la fois... Un pas et encore un pas.
Devant elle, le couloir est désert, il doit lui sembler
interminable. Cheveux gris en désordre, nuque fragile.
Sa solitude. Je marche lentement pour n'avoir pas à
la dépasser."
Compassion puis, simultanément,
désir que soient protégés les faibles
et prise en charge leur faiblesse. Et, comme une suite logique,
si la vérité nous parait ignorée, intervenir,
la faire connaître, la rétablir. Ainsi, frappée
en plein cur par le film de Markus Imhoof La Barque
est pleine, Yvette Z'Graggen prend la plume et publie en
1982 Les Années silencieuses. Elle qui n'a écrit
jusqu'ici que des romans et des nouvelles, la voici qui
entre avec passion dans la sphère de la morale politique
et dénonce avec des références précises
les faiblesses et les manques de l'attitude suisse pendant
la guerre quant au droit d'asile. La Suisse méritait-elle
pleinement son nom de "terre d'accueil" ? Non,
répond-elle, et il faut avoir le courage de le dire,
afin déjà de préserver l'avenir. Elle
précède et rejoint André Laserre qui
écrit, dans son ouvrage récent consacré
au refuge en Suisse de 1933 à 1945, que la "solidarité
nationale est à l'ordre du jour. Elle se renforce
aux dépens de la solidarité humaine."
Elle lie sa modeste aventure personnelle
à celle de son pays. Entrelacement continu des faits
de l'histoire et de ceux du cur, des attitudes de
la Suisse et de celles de ses citoyens. Et, pour en faire
apparaître les dissymétries, elle évoque
ce que fut son existence durant la période de la
guerre: "je ne voyais pas ce qui était proche,
ce qui m'interrogeait, exigeait de moi une prise de position,
peut-être des actes". Elle suggère d'intervenir
avec des gestes autant qu'avec des livres. Se remémorant
sa jeunesse, elle se voit alors égoïste, inconsciente
de l'horreur, et sa constatation devrait nous inciter à
agir mieux en dépassant l'indifférence. Morale
de l'engagement dans un ouvrage qui appelle à accepter
les autres tels qu'ils sont dans leur diversité et,
plus encore, à les aider s'ils font partie de la
cohorte des victimes.
JEAN-GEORGES LOSSIER
Extrait de "Ecriture 46"
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Bibliographie |
La Vie attendait, roman, Jeheber, 1944;
L'Aire, 1995 (réédition).
L'Herbe d'octobre, roman, Jeheber, 1950; L'Aire, 1989 (réédition);
Prix de la Fondation Schiller 1951.
Le Filet de l'oiseleur, roman, Jeheber, 1957; L'Aire, 1988
(réédition); L'Aire bleue, 1996.
Un été sans histoire, roman, La Baconnière,
1962; L'Aire, 1987 (réédition).
Chemins perdus, trois nouvelles, L'Aire, 1971.
Un Temps de colère et d'amour, récit, L'Aire,
1980; coll. Poche Suisse, L'Age d'Homme, 1987; Prix de la
Bibliothèque pour tous; Prix Alpes-Jura.
Les Années silencieuses, récit, L'Aire, 1982,
1993 (réédition); coll. L'Aire bleue, L'Aire,
1998; Prix des écrivains genevois offert par la Ville
de Genève.
Cornelia, roman, L'Aire, 1985.
Changer l'oubli, récit, L'Aire, 1989. Prix Pittard
de L'Andelyn.
Les Collines, nouvelle, L'Aire, 1991; coll. L'Aire bleue,
L'Aire, 1997.
La Punta, roman, L'Aire, 1992; coll. L'Aire bleue, L'Aire
1995; Prix des Auditeurs de la Radio suisse romande.
La Lézarde, nouvelles, L'Aire, 1993.
Matthias Berg, roman, L'Aire, 1995; coll. L'Aire bleue,
L'Aire, 1999; Lauréat "Lettres frontière"
1996.
Un long Voyage, La Preuve, nouvelles, coll. MiniZoé,
Zoé, 1995.
Ciel d'Allemagne, récit, L'Aire, 1996; Lauréat
"Lettres frontière" 1997.
Bibliographie tirée de Mémoire
d'elles - Editions de l'Aire
Page créée le: 09.10.01
Dernière mise à jour le 09.10.01
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