Traduits sur le mode propre
du poème, les récits et les événements
qui constituent un destin prennent la forme d'un
parcours scandé et mesuré par une
série de maisons. Le recueil les présente
successivement, mais il convient de les apprécier
d'un seul regard, comme autant d'attitudes existentielles.
La première, Griboïedov
(c'est la maison des écrivains évoquée
par Boulgakov dans Le Maître et Marguerite),
interroge le pouvoir du mot : que permet, "que
lave la littérature?" Sous sa réponse
la plus confiante, l'habitation devient "séjour
créateur", bordé à la
fois d'intimité et de souvenirs: "Et
l'espoir, toujours l'espoir / de revenir au coeur,
/ de faire marcher / les mémoires".
Bien que la maison chargée d'histoire atteste
aussi des heures les plus dures ("la haine
des frères", "la guerre des pères"...),
elle invite à l'acceptation sereine en
se donnant comme demeure : "C'est bien ici
que je vis", Faut-il préciser que
cet abri n'est pas un repli mais le lieu où
le bruit du monde se convertit en parole ?
Noël Cordonier
Francine
Clavien, C'est bien ici que je vis, éditions
Empreintes, Moudon, 2004.
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