L'invitée du mois
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Texte
inédit 2001 |
L'écriture : un appel d'air
Maintenant je sais. Quarante-cinq ans
après, ma mère a dit: en naissant, tu as failli
mourir. Tu as manqué étouffer. A cause du cordon
ombilical trop court et du manque d'oxygène. A cause
du spasme qui m'a saisie, raidissant mes mains, bloquant tout.
Elle n'en avait jamais parlé.
J'ai dû comprendre par mes propres moyens, me diriger
à tâtons vers ce savoir que j'ignorais. Et soudain,
je vois clair: c'est l'écriture qui m'a appris à
respirer. A trouver l'air. A me fabriquer mot à mot,
page à page, cet espace respirable où habiter
pour s'inventer une langue à soi, un lieu et des forces
propres, avant de s'élancer plus loin (car soi-même
ne compte pas, soi-même ne vaut que comme conscience
unique, et qui cherche à grandir pour soi et pour les
autres en connaissance ou en amour).
Ecriture indissociable de la douleur
et de la mort, depuis le commencement; je ne savais pas pourquoi.
Mais qui, lentement, apprenait à traverser.
Je ne me souviens pas d'un seul temps
de ma vie où elle ait été absente. A
l'âge de dix-douze ans cela commença par des
contes, deux romans, un journal tenu presque quotidiennement.
Puis des poèmes, des nouvelles... Il fallait écrire.
Mais j'avançais sans projet, ignorant où j'allais.
Hantée seulement par l'idée d'une issue à
trouver. Pourquoi une "issue"? Issue hors de quoi?
Comment savoir? Il ne s'agissait que de progresser, de creuser
la nuit des mots, des corps et des silences, en se
confiant à la seule alchimie de la langue et de l'inconscient
pour extraire de là un savoir, en lui donnant forme.
Je croisai d'abord en chemin le religieux
(ou le métaphysique) et la mystique, la poésie
et la philosophie - mais aussi l'égarement, fascinée
par cette folie qui est mutisme et interdiction de parole,
comme par tout ce qui renvoyait à l'empêchement,
de vivre ou de parler. Pour déboucher finalement sur
le théâtre et le politique, qui sont ce qui nous
relie le plus directement aux autres. Ce faisant, je passai
progressivement et sans m'en rendre compte de la quête
de l'issue à la
quête de l'ouvert -
c'est-à-dire de la confrontation avec cette "mort"
intérieure que j'ignorais (mais qui trouvait un écho
dans les désastres hérités du siècle,
désastres collectifs, cette fois, nous confrontant
tous à la "mort de l'Homme") à une
parole toujours plus reliée au monde et toujours plus
engagée dans le présent, une parole enfin libérée
qui trouve son sens en marchant, se passant fondamentalement
de toute certitude.
© Sylviane Dupuis, 2001
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Texte
inédit 1998 |
écrire en quête
de l'ouvert
(conférence inédite
donnée à la Hochschule de St-Gall le 30 janvier
1998)
qu'est-ce qu'un écrivain
Qu'est-ce qu'un écrivain? Quelqu'un
que ses propres pas inventent, et qui avance sans savoir où
il va; quelqu'un que meut à l'origine une révolte,
une soif ou un emportement, que hantent des obsessions ou
une absence, et qui tourne autour d'un centre aveugle; quelqu'un
de traversé par les voix - ou l'inconscient - des autres,
mais qui abandonne après lui des mots dont il devra,
paradoxalement, assumer seul la responsabilité. Quelqu'un
enfin dont l'unique engagement consiste à persévérer,
organiquement, dans sa propre quête de sens, et qui
redoute appartenances, sectarismes et idéologies de
tous ordres comme autant de limitations.
Comment donc, à cet écrivain,
lui demander de s'exprimer sur son appartenance à un
pays, lui demander de "situer son travail" par rapport
à une littérature "nationale" sans
le vouer, d'une part, à la perplexité (il/elle
n'y avait jamais réfléchi en ces termes), et
d'autre part, à la tentation du fictionnement? Puisque
s'interroger sur soi, on le sait (et la psychanalyse elle-même
n'y déroge pas), c'est déjà et toujours
nécessairement s'inventer... Voilà pourtant
l'exercice auquel on nous a demandé de nous livrer
aujourd'hui devant vous; et pour périlleux qu'il soit,
il pourrait bien finalement n'être pas vain, en nous
contraignant à prendre position - ce qui, on le sait,
exige de tout Suisse bien né un effort considérable
et, pour certains, quasi contre nature...
ouverture au monde
Ces quelques réflexions, que
j'ai intitulées "écrire en quête
de l'ouvert", je prévoyais d'abord de leur donner
pour titre: "écrire en quête de l'issue".
Et puis je me suis aperçue que ce titre - qui correspondait
plutôt à l'époque des Figures d'Egarées
ou des Travaux du Voyage, qui sont l'un et l'autre un "travail
vers la lumière" - ne recoupait plus tout à
fait ce que j'avais à vous dire aujourd'hui; que pour
moi, comme peut-être pour nous tous, la question, aujourd'hui,
se posait d'abord en termes d'ouverture au monde, et de moins
en moins dans le prolongement des thèmes "suisses
romands". Mais cette dialectique du dedans (d'une intériorité
plus ou moins étouffante) et du dehors est ou a été
je crois tout à fait centrale dans notre littérature.
Que l'unique recueil de poèmes de Nicolas Bouvier ait
pour titre précisément Le Dehors et le dedans
me paraît procéder d'une remarquable intuition:
pendant un demi-siècle, les écrivains et les
poètes n'ont cessé, en Suisse romande, d'osciller
(ou de se voir écartelés) entre ces deux pôles,
tantôt requis par la descente en soi, l'espace intérieur
ou le domaine de l'âme, et tantôt par le dehors.
Or on sait depuis Sénèque que le voyage a avant
tout pour fonction de nous renvoyer à nous-même
et de nous apprendre ce que nous sommes. L'écrivain
suisse romand qui choisissait le "dehors", le voyage
ou l'exil, n'était-il pas, bien souvent, plus proche
qu'il ne le pensait de celui qui restait enraciné dans
son lieu d'origine, ou, comme Ramuz, y était revenu?
L'obsession de soi d'un Jacques Chessex, qui ne fait que se
retrouver et se fuir sous toutes sortes de masques, participe
encore de la même hantise opiniâtre. Mais cette
quête de soi s'allie le plus souvent à un questionnement
d'ordre métaphysique ou spirituel. Qu'ils fussent catholiques
ou réformés, les écrivains de Suisse
romande ont (ou ont eu) l'éthique et la métaphysique
chevillées à l'âme et au corps. Ce qu'ils
ne peuvent supporter est la légèreté,
l'irresponsabilité, la gratuité ou le non-sens.
(On pourrait dire que même Amélie Plume, à
sa manière drôle et apparemment légère,
fait encore oeuvre de moraliste, à sa manière!
Et peut-être cette composante serait-elle encore valable,
d'une certaine façon, pour la plupart de ceux qui se
trouvent ici aujourd'hui, d'Yves Laplace à Daniel de
Roulet ou à Hélène Bezençon).
En Suisse alémanique, il me
semble que la question de l'identité s'est toujours
posée de façon plus collective; on se demande:
qu'est-ce que la Suisse, quelle relation ai-je avec elle,
dois-je l'aimer ou lui en vouloir, etc. On s'identifie à
la Suisse, ou on la vilipende. En Suisse romande, peut-être
par réflexe minoritaire, on s'est longtemps replié
sur le moi, et l'on a interrogé l'universel, en demeurant
à l'écart de toutes les grandes révolutions
artistiques de ce siècle. Aujourd'hui il me semble
que, de part et d'autre de la Sarine, les écrivains
tendent à se sentir de plus en plus européens,
de plus en plus "comme les autres" et de moins en
moins un Sonderfall; reste que l'exiguïté de l'aire
romande continue d'y confiner les auteurs qui n'accèdent
pas au marché français... et que nous ne sommes
toujours pas européens!
quelques mots maintenant sur
mon parcours
Il me faut commencer par dire que je
n'ai jamais pensé ma relation à l'écriture
en termes d'enracinement ou même de rapport à
la Suisse. Pendant longtemps, être suisse... n'a presque
rien signifié pour moi: j'eus durant vingt ans un passeport
français hérité de mon père, qui
me maintint dans un rapport abstrait et à la France,
où je ne séjournais que durant les vacances,
et à la Suisse. Mon père eut du mal à
s'intégrer: il réchappait d'une expérience
impartageable (celle de la Résistance) et d'une violence
qui, ici, l'isolaient. J'héritais de son déracinement:
comme l'identité, la "patrie" était
un lieu à construire. Et je crois que très tôt,
plus encore que la Suisse (même si je me suis mise à
l'aimer), la littérature en fit office.
écrire, disait...
Ecrire, disait Jean-Pierre Monnier,
c'est chercher à coïncider, c'est donner lieu.
Enfant d'immigrés, Adrien Pasquali dit aussi quelque
part que pour lui, le livre devint le substitut à toute
forme de lieu ou de patrie, une demeure de mots figurant le
seul mode de rapatriement possible - avant de lui ouvrir la
bibliothèque universelle. Dans Portrait de l'artiste
en jeune tisserin, il s'annexe au moyen du pastiche les auteurs
de Suisse romande, et se cherche une identité à
partir d'eux (ou contre eux). A l'inverse, pendant assez longtemps,
j'ignorai tout, ou presque, de la littérature qui s'écrivait
ici, me nourrissant plutôt de Balzac, Baudelaire ou
Dostoïevski. Mais je n'étais pas la seule. Genève,
contrairement au canton de Vaud ou à celui du Jura,
ne s'est guère préoccupée de savoir,
jusqu'au début des années 70, qu'il pût
exister en Suisse (en dehors de Ramuz-Frisch-Dürrenmatt)
une littérature digne de ce nom. On regardait vers
Paris - tout en nourrissant parallèlement un solide
préjugé anti-français. Cherpillod était
sans doute trop à gauche, Chappaz était encore
considéré comme un écrivain régional;
et au Collège, on ne nous dit jamais rien d'Alice Rivaz,
qui habitait pourtant à quelques rues de là,
ni des écrivains ou des poètes de Suisse romande.
A l'Université, lorsque j'y entrai, Philippe Renaud
ramait contre vents et marées pour imposer, en marge
du programme officiel, un modeste enseignement de littérature
romande qui ne résistait guère aux assauts des
modes parisiennes et du structuralisme. Pour moi ce fut pourtant
comme une révélation. Je lus Jaccottet, Crisinel,
Gustave Roud, Anne Perrier, puis Ecrire en suisse romande
entre le ciel et la nuit de Jean-Pierre Monnier. Je me découvrais
reliée à ce pays par cette soif d'absolu qui
le travaille, par quelque chose que la poésie seule
me semblait à même de faire surgir - ou encore
cette part d'imagination ou de folie qui sauve la Suisse du
conventionnel en révélant son envers. Car à
mieux la connaître, on la découvre hantée
par un sérieux, une prudence et une peur de l'échec,
un conformisme et un goût de l'obéissance et
de l'ordre qui, en creux, renvoient aussi souterrainement
à une forme très surprenante d'anarchie, de
folie, ou d'héroïsme de la singularité...
Ce sont quelques psychiatres suisses hors-norme, tels Oscar
Pfister ou Walter Morgenthaler, qui publient dans les années
20 la première monographie consacrée à
un artiste malade mental; et c'est en Suisse que l'on trouve
les peintres d'art brut les plus remarquables, d'Adolf Wölffli
à Aloïse Corbaz ou à Louis Soutter. Il
est à la fois paradoxal et significatif (je cite Michel
Thévoz, directeur du musée de l'Art brut à
Lausanne) qu'un pays plutôt terne (dans les années
30) en matière culturelle abritât les hôpitaux
psychiatriques les plus prolifiques du monde en oeuvres sauvagement
inventives. (...) Il faut croire que l'exil intérieur
qu'ont constitué la folie et la détention psychiatrique
a représenté une source d'étrangeté
plus féconde encore que l'immigration (!).
venons-en aux poètes
Mais revenons aux poètes - à
Gustave Roud: Je suis immobile au centre d'un paysage éternellement
pareil à lui-même, et à Henri-Edmond
Crisinel: Ici, le temps s'est arrêté. En
raison de l'isolement historique, le lyrisme issu de l'héritage
romantique a perduré en Suisse romande plus qu'ailleurs,
s'y déployant de manière originale et faisant
de cette petite région de la francophonie un vivier
de poètes. Sur quelques-uns cependant, comme l'auteur
d'Alectone, l'écriture poétique se referme comme
un piège: A la fenêtre je sais qu'il y a des
roses, des roses rouges d'arrière-automne, les plus
hautes du rosier grimpant. Je n'ose les regarder, elles sont
d'un autre monde, celui qui s'arrête au bord de ma fenêtre.
Je me souviens d'avoir aimé les roses; ce souvenir
m'est odieux. En 1948, Crisinel se donne la mort.
Que toute son oeuvre se soit déployée
entre 1939 et 1944; que cet exorcisme tragique et le suicide
qui y mit fin aient pu avoir partie liée, non seulement
avec les "démons intérieurs de Crisinel,
"otage du moralisme protestant" (selon les termes
de Monnier), mais aussi et surtout peut-être avec l'état
du siècle et l'ébranlement qui affecta les consciences,
personne, en Suisse romande, ne semble s'y être beaucoup
attardé... Or n'accuser ici que l'austérité
protestante et son déterminisme fatal, c'est faire
l'impasse sur le monde extérieur; c'est oublier la
mauvaise conscience (partagée à cette époque
par de nombreux écrivains suisses) de qui se sent inexplicablement
épargné au milieu du désastre universel,
et impuissant à y rien changer; méconnaître
que la littérature ou la poésie les plus enracinées
en apparence dans une terre et un contexte propres résonnent
nécessairement aussi de l'état présent
du monde, de ses noirceurs et de ses cris; à se maintenir
hors de l'histoire des autres, on n'en est pas quitte pour
autant de ses retombées, de ses "effets en retour"
parfois destructeurs; les oeuvres poétiques issues
des années de guerre (une guerre présente-absente)
seront toutes marquées par le tragique - jusqu'à
celle, aujourd'hui, d'un Pierre Voélin, qui prend appui
explicitement sur la Shoah, et la référence
à Mandelstam.
Au moment où je découvrais
Crisinel, cependant, j'aurais été incapable
de situer les choses dans cette perspective, car les allusions
à Auschwitz ou à la Seconde Guerre mondiale
restent extrêmement discrètes, pour ne pas dire
voilées, chez les poètes romands. On ne nomme
pas: on fait allusion. Mais je m'accordais à leur hantise
de la douleur ou de la mort, et à leur quête
de sens au-delà du désastre. Je ne croyais qu'au
creusement du dedans, à la connaissance des gouffres;
je recherchais la brûlure, ou je tournais autour. Il
me semblait que ce pays où j'avais grandi, trop confiant
dans son intangibilité, dans sa neutralité,
aussi ennemi de la grandeur que de l'échec, et qui
n'avait pas côtoyé la mort, niait aussi la violence
du désir, niait la réalité même
de la vie, en lui substituant le mensonge de la morale bourgeoise
et du consensus. Je me persuadais donc (par réaction)
que l'excès seul était du côté
de la vérité, le retrouvant chez Georges Bataille
et les mystiques, ou Marguerite Duras, chez tous les assoiffés
d'absolu; mais c'était une violence purement intérieure,
et que je ressentais comme une différence irrémédiable
à quoi rien ni personne ne semblait pouvoir s'accorder
- hormis, précisément, certaines aventures poétiques
extrêmes. (Une "marge intérieure",
en quelque sorte!)
le théâtre
La seconde chute,
de Sylviane Dupuis
Montréal
|
Les mots
trouvent l'issue avant nous: ce sont les Figures
d'Egarées (poèmes de la douleur
sans mots et du deuil, issus à l'origine
du choc de la découverte de la poésie
de Paul Celan) qui m'ont permis d'inventer poétiquement
une issue à cette sorte de nuit spirituelle,
ces poèmes figurant comme une catharsis
(féminine) de tous les désastres. |
|
- Il se pourrait bien aussi, selon
une intuition d'Anne Perrier que je n'ai pas oubliée,
que les Egarées m'aient conduite au théâtre.
Qui, par rapport à la poésie (plus confidentielle,
exigeant le silence et la lecture intérieure) est un
lieu de parole et de résistance plus "ouvert"
sur les autres, plus collectif, plus dialectique, aussi; et
pourrait bien incarner le dernier lieu utopique au monde...
J'ai été très
frappée à la lecture des propos de Markus Köbeli,
dont la pièce Peepshow dans les Alpes a été
représentée à Genève. Il dit que,
étonné d'être joué en Pologne après
la chute du communisme et l'ouverture des frontières,
alors que sa pièce met en scène un problème
d'identité typiquement suisse, il s'est rendu là-bas
pour interroger les gens; et les Polonais lui ont répondu
qu'ils y retrouvaient absolument leur propre problématique!
Or la même chose m'est arrivée, lorsque ma pièce
La Seconde Chute (qui est une " continuation " un
peu subversive du Godot de Beckett et se veut en même
temps un "appel d'air", une revendication fondamentale
de liberté) a été jouée en 1997
en Lituanie, où l'on s'étonna de constater qu'elle
parlait exactement de la situation actuelle des habitants
des pays de l'Est, enfermés depuis quarante ou cinquante
ans à l'intérieur de leurs frontières
(comme les personnages de Beckett dans En attendant Godot)
et redoutant le saut - peut-être dangereux - vers l'inconnu!
Il est évident qu'un écrivain
occidental, aujourd'hui plus que jamais, qu'il soit né
en Allemagne, en France, ou à l'Est de l'Europe, mais
aussi en Suisse, est à la fois l'orphelin de toutes
les utopies, et le dépositaire d'une mémoire,
d'une culture, d'une histoire. C'est par là que nous
nous ressemblons tous; et c'est sans doute par là qu'il
faut (re)commencer, à créer mais aussi à
résister au nom de ce qu'il nous importe de défendre.
Car nous allons sans doute, de plus en plus, et mondialement,
nous ressembler. (...)
Je crois que la Suisse est en train
de basculer, irrésistiblement, de l'enfermement à
l'ouvert, et qu'il y en a beaucoup encore qui ne le savent
pas, ou s'y refusent catégoriquement, sûrs que
le monde extérieur pourra continuer à se voir
tenu en respect de l'autre côté des frontières,
comme il l'a toujours été, et que nous serons
préservés par elles de la " contamination
" du monde extérieur. Mais Markus Köbeli
le montre très bien: il est trop tard pour s'accrocher
au monde qui a été. Sa pièce ressemble
à la Cerisaie de Tchekhov revue et corrigée
par un tragédien grotesque suisse.
je crois que les artistes de ce
pays....
C'est pourquoi les artistes de ce pays
n'ont je crois qu'une seule chose à faire, qui est
non pas de s'expatrier, mais de se mettre à traverser
les frontières aussi souvent qu'ils le peuvent dans
les deux sens, à collaborer avec l'extérieur,
et à s'inscrire dans la création européenne,
à partir de ce qu'ils sont.
© Sylviane Dupuis, 1998
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Poèmes
(extraits de Géométrie de l'illimité) |
Le Minotaure intérieur
L'homme incliné
sur son abîme
que sait-il
que sait-il
du péril qui grandit
dans la cage de ses os
au milieu de sa peur
pulsation d'un secret
qui parle
Où danser?
L'impalpable spendeur de toujours
erre au coeur d'aujourd'hui
éperdue, se cognant
au vide
cherchant âme
qui vive, dans le noir
dans l'ossuaire de nos rêves
- et où danser
Marelle
Pierre, pierre
petite âme
enchantée
hâte-toi
bondis vers
l'issue
là-bas qui est un
commencement
Poèmes extraits de: Géométrie
de l'illimité, Sylviane Dupuis, La Dogana
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Biographie |
Sylviane Dupuis -
photo de Yvonne Böhler -Zürich
|
Née en 1956 à Genève (père
français, mère genevoise d'origine
mi-russe, mi-italienne), Sylviane Dupuis y obtient
sa licence ès Lettres en 1979 (littérature
française, archéologie, grec ancien)
tout en suivant des cours de théâtre
et en participant à des fouilles archéologiques.
Son mémoire de licence, dirigé
par Jean Starobinski, porte sur les poèmes
en prose de Paul Claudel consacrés à
la Chine.
Après un stage dans l'édition
à Paris et une année d'assistanat
à la Faculté des Lettres de Genève,
elle choisit l'écriture et l'enseignement.
Nombreux voyages (principalement en Grèce,
en Turquie et en Chine). En 1988-89, elle est
durant un an l'hôte de l'Institut suisse
de Rome, et y écrit Travaux du Voyage.
|
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Actuellement professeur de littérature
française au Collège Calvin, elle a également
été chargée d'enseignement à l'Université
de Genève de 1997 à 2000. Elle est membre du
comité de la revue ECRITURE, du Groupe d'Olten et du
Pen Club. Depuis la création du journal en 1998, elle
tient une "chronique d'écrivain" mensuelle
dans Le Temps.
Sa production littéraire se divise
en trois parts:
- recueils poétiques (Editions
Empreintes et La Dogana)
- essais - sur la poésie et le
théâtre - et critique littéraire (Editions
Zoé, revues)
- théâtre (Editions Zoé).
Ses deux premières pièces,
créées à Genève, ont été
traduites en allemand et jouées respectivement à
Zurich et à Berlin. La Seconde Chute a également
été montée à Montréal et
en Lituanie. L'ensemble de sa poésie a été
traduit en arabe et des anthologies de sa poésie ont
paru en roumain et en macédonien. D'autres traductions
(poésie / théâtre) sont à paraître
en arménien.
De 1996 à 1998, Sylviane Dupuis
a collaboré comme dramaturge avec la metteure en scène
berlinoise Claudia Bosse, et depuis 1998, elle participe aux
productions de la chorégraphe genevoise d'origine argentine
Noemi Lapzeson.
Elle travaille actuellement à
une nouvelle pièce, L'Enfer ventriloque, et collabore
à plusieurs projets (théâtre / danse)
en France et en Suisse, avec la Cie Ariadne, la Cie Vertical
danse (Noemi Lapzeson) et François Rochaix, qui lui
a commandé un texte théâtral pour 2004.
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Bibliographie |
poésie
D'un Lieu l'autre, Empreintes,
Lausanne 1985
Creuser la Nuit, Albert Meynier, Turin 1985
Figures d'égarées, Empreintes, Lausanne
1989
Odes brèves, Empreintes, Lausanne 1995
Poésie 1985-1989, Poche Poésie, Empreintes
2000
Géométrie de l'illimité, La Dogana,
Genève 2000
essais
Travaux du Voyage, Zoé,
Genève 1992
A quoi sert le théâtre ? MiniZoé
1998
|
|
théâtre
La Seconde Chute, Zoé, Genève
1993
Moi, Maude, ou la Malvivante (bilingue français-allemand),
Zoé, Genève 1997
La Paresse, in : Les sept Péchés capitaux, L'Aire,
Lausanne 1999
Etre là, Zoé, Genève 2001
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créations
(théâtre/danse) |
Théâtre
La seconde chute de Sylviane
Dupuis
avec Séverine Bujard - Jean-Pierre Gos
Production Le poche-Genève
La Seconde Chute (Die zweite Vertreibung
oder Godot, III.Akt)
Lecture scénique par Chantal Morel
en 1991 (Paris, Genève, Lausanne, Göttingen, Hanovre)
Lecture scénique à la Rote Fabrik, Zürich,
en 1992
Création en traduction allemande en mars 1995, Theater
an der Winkelwiese, Zürich (mise en scène : Jean
Grädel)
Création en traduction lituanienne en février
1996, Siauliu Dramos Teatras, Siauliai, Lituanie (mise en
scène : Peter Stoytschev)
Création en français en septembre 1996, Nouveau
Théâtre de Poche, Genève (mise en scène
: Philippe Morand) Tournée à Lausanne (1-10
novembre) et au CCSP, Paris (15-17 novembre)
Création canadienne en septembre 1998, Centre culturel
Strathearn, Montréal, Canada (mise en scène
: Vanessa-Tatjana Beerli, A.E.A. Théâtre)
Moi, Maude... ou La Malvivante (Ich,
Maude, oder La Malvivante)
Création en français en
mai 1996, Théâtre du Grutli, Genève (mise
en scène : Claudia Bosse)
Création en traduction allemande en septembre 1997,
Théâtre de Podewil, Berlin, et Dresde (mise en
scène : Claudia Bosse)
Etre là
Création de La Paresse (un tableau)
été 1999, Festival de la Cité de Lausanne
(mise en scène : Genevière Pasquier, Compagnie
Rossier-Pasquier)
Lecture publique d'Etre là par
Claude Thébert le 1er décembre 2001
à la librairie du "Rameau d'Or", Genève.
Danse
(collaboration avec la Cie
Vertical danse)
Géométrie du hasard
Création le 21 avril 1998 au Théâtre
du Grutli, Genève
(chorégraphie: Noemi Lapzeson / poèmes : S.
Dupuis)
Opus 27
Création en mai 2002 à
La Comédie de Genève
(chorégraphie: Noemi Lapzeson / poèmes : S.
Dupuis)
|
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Etudes
critiques (sur la littérature romande) |
Etienne Barilier, ASELF 1998
Sur Corinna
Bille, Préface à Un goût de rocher,
Empreintes 1997
Sur Nicolas Bouvier,
Postface à La Guerre à huit ans, MiniZoé
1999
Sur Pierre Chappuis:
Le lyrisme paradoxal de Pierre Chappuis, RBL 3-4, 1999
Sur Jean-Georges Lossier
(à paraître): J.-G. Lossier ou l'unité
recomposée, RBL 3-4, 2001
Sur Alice Rivaz (à
paraître): Transposer dans l'écriture le cinéma
muet,
Etudes de lettres de l'Université de Lausanne, 2002
Nombreux articles critiques dans la Revue
de Belles-Lettres (sur: Maurice
Chappaz, Pierre Chappuis, Madeleine Santschi...)
|
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Distinctions |
Prix de Poésie C.F. Ramuz 1986
(Suisse)
Jasmin d'Argent 1996 (France - Prix international francophone
de poésie)
Bourses littéraires de Pro Helvetia
(1989 et 1999)
Bourse de la Fondation Leenards (2000)
|
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Invitations
/ conférences, lectures |
1996 |
Festival international
de Poésie de Trois-Rivières, Québec,
Canada |
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1997 |
Rencontres poétiques
internationales de Neuchâtel (conférence)
|
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|
1998 |
Colloque de l'Université
de Pékin (Beijing) |
|
Colloque de la Hochschule
de St-Gall (conférence) |
|
Festival franco-anglais
de poésie de Paris |
|
Université de
Genève (conférence) |
|
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1999 |
Journée mondiale
de la francophonie, Institut suisse de Rome |
|
Rencontres internationales de poésie féminine
de Paris
|
|
Université de
Lausanne (conférence) |
|
|
2000 |
Tournée de lectures
et conférences au Caire et à Alexandrie,
Egypte |
|
Journées de Soleure
|
|
Festival international
de poésie al-Mutanabbi, Zurich |
|
Atelier d'écriture
à Bamako, Mali |
|
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2001 |
Tournée de lectures
et conférences dans les Emirats (Koweït, Abou
Dhabi, Dubaï) |
|
Centre national du Livre,
Paris (conférence) |
|
Colloque de la Francophonie,
Université de Strasbourg |
|
Cercle littéraire
de Lausanne |
|
Université de
Lausanne (conférence) |
|
Colloque de l'Université
de Genève, Faculté des lettres |
|
Institut national genevois
(conférence) |
|
|
A
consulter |
- Solitude
surpeuplée, Femmes écrivains suisses
de langue française,
Ed. d'En-bas, Lausanne 1990, pp. 184 et 212
- Encyclopédie
de Genève, tome X, Office du Livre, Fribourg
1994, p. 214
- Littératures
francophones d'Europe, Nathan 1997, p. 190
- Histoire
de la littérature en Suisse romande (dir.
R. Francillon), volume 4, Payot, Lausanne 1999, pp. 140-144
- Dictionnaire de Poésie
de Baudelaire à nos jours
(dir. M. Jarrety), P.U.F., Paris 2001
Page créée le 30.11.01
Dernière mise à jour le 30.11.01
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