Claire Genoux
Notice biographique
- Bibliographie - Prix Ramuz
- Ses pieds nus
Notice
biographique |
© Horst Tappe
/ CH- 1820 Montreux
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Claire Genoux est née à Lausanne en 1971. Elle obtient une licence en lettres à l'Université de Lausanne en 1997, l'année où paraît Soleil ovale, son premier recueil de poèmes (Éditions Empreintes). Saisons du corps (Éditions Empreintes, 1999) lui a valu le Prix de poésie C. E Ramuz en 1999. Poitrine d'écorce, son premier livre en prose, a paru en 2000 chez Bernard Campiche Editeur. suivi du recueil de poèmes, L'Heure apprivoisée en 2004.
Claire Genoux, Ses pieds nus : nouvelles, Bernard Campiche Editeur, 2006 |
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Bibliographie |
Soleil ovale,
Poèmes, Lausanne : Editions Empreintes, 1997. |
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Saisons du
Corps, Poèmes, Moudon : Editions Empreintes,
1999 (Prix de poésie C.F. Ramuz 1999) |
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Poitrine d'écorce,
Bernard Campiche Editeur, 2000 |
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L'Heure apprivoisée,
Bernard Campiche Editeur, 2004 |
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Ses pieds nus
: nouvelles, Bernard Campiche Editeur, 2006 |
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Prix Ramuz |
Les premières nouvelles de Claire
Genoux
Après la poésie c'est
un livre tout mince, tout fragile que nous propose Claire
Genoux, jeune lauréate du Prix de poésie Ramuz
de l'an dernier. Ce sont ses premiers textes en prose au titre
assez mystérieux : Poitrine d'écorce, six nouvelles
dont certaines ont un arrière-fond assez réaliste,
tandis que d'autres sont, presque enfantinement, des contes
de fées. Ainsi, la nouvelle ou la petite Lise rencontre
"pour de vrai" le loup de ses rêves nocturnes
dans les bois; et le conte du Chat, une charmante et très
fraîche histoire d'amour entre une jeune fille et un
drôle de matou. Claire Genoux place la nouvelle intitulée
Mariage sous le signe d'une exigeante citation de Nicolas
Bouvier: "...dire les choses telles qu'on les a réellement
perçues et non comme un consensus de personnes "autorisées"
souhaiteraient qu'on les ait senties." Exigence à
laquelle la jeune nouvelliste n'obéit qu'en partie,
puisque dans cette nouvelle comme dans d'autres, elle cherche
à exprimer de l'intérieur des choses qu'elle
ne peut pas avoir vécues, et que le fantasme ne suffit
pas à assurer : mort d'un alpiniste entraîné
par une avalanche, mère au jour du mariage de sa fille,
femme dans la trentaine s'éprenant d'un jeune étudiant,
par exemple, et, plus proche, certainement, une femme prenant
un congé douloureux d'une mère qu'elle éprouve
encore - et nous avec elle - comme une soeur.
La jeune écrivaine a par ailleurs
le goût de dérouter tout à fait son lecteur
par des passages incongrus d'un espace à l'autre, d'un
temps narratif à l'autre. Elle vise peut-être
ainsi à un effet littéraire, mais il ne semble
pas appuyé sur des bases assez fermes pour déployer
un tel effet sans faire problème.
La poétesse, on la retrouve
moins dans ses images ou ses métaphores que dans une
relation au lac Léman, à la forêt, à
la nature, dont la force marquait déjà ses poèmes
par une sensualité qui se retrouve également
ici.
Claire Genoux, Poitrine d'écorce,
Ed. Campiche, 107 pp.
Monique Laederach
25.11.2000
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Ses pieds nus |
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Ils parlèrent de moins en moins au cours du dernier mois de la grossesse de Jeanne. Elle se laissait constamment distraire par le passage d'un chat ou par la pluie, se figeait devant la fenêtre, prenait un air d'être exclue avec une telle gravité que Luc avait de nouveau envie de disparaître et de la quitter. C'est une chose qu'il lui avait toujours enviée, cette distance qu'elle avait d'elle-même et qui n'avait rien à voir avec un quelconque recul. Elle gardait les pieds nus dans ses bottes fourrées, même à l'intérieur de la maison. Lui adresser la parole ? Elle aurait détourné la tête. Luc souhaitait lui proposer de prendre un train pour la montagne ou d'acheter un nouveau manteau. Il aurait voulu qu'elle s'ouvre encore à lui, qu'elle écarte ses jambes comme à vingt ans, quand il s'aventurait dans son ventre toujours affolé d'étudiante. Elle jouait maintenant assez bien de sa grossesse, Luc arrivait à se convaincre qu'une fois que le petit arriverait, elle l'aimerait, et que la situation redeviendrait normale entre eux. Le désordre de son ventre, la superposition des deux corps, elle semblait les subir sans effort et, d'une certaine manière, c'est ce qui la sauvait. Elle avait fini par prendre pas mal de kilos, mais le petit paraissait boutonné sur elle comme un vêtement trop serré.
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Le jardin commençait à sentir l'herbe. Les premiers oiseaux travaillaient entre les branches ou s'excitaient sur les rubans de neige. Jeanne se montrait gentille, étonnamment étanche au petit qui était désormais lancé contre son ventre. Quelque chose en elle excitait le désir de Luc et ce désir était à l'opposé de celui auquel il avait été habitué jusque-là. II n'osait pas s'approcher de peur qu'elle ne se mette sur la défensive. Pourtant la suite des événements lui montra qu'il aurait dû la prendre par surprise un de ces soirs qu'elle restait à rêvasser devant les volets ouverts, la faire crier ou au moins se plaindre contre son oreille.
Claire Genoux, Ses pieds nus : nouvelles, Bernard Campiche Editeur, 2006
Page créée
le 01.08.98
Dernière mise à jour le 23.04.09
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