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Théâtre en CamPoche

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  Antoine Jaccoud / En attendant la grippe aviaire et autres pièces

Antoine Jaccoud / En attendant la grippe aviaire et autres pièces

ISBN 2-88241-192

Antoine Jaccoud aime, vraiment, les petites gens. Il leur voue tendresse et humour caustiques.
Son théâtre est curieux; le cinéma n’est pas loin.
Il aborde avec allégresse tous les sujets de société.
Il ne juge pas ses personnages. Il place chacun en «logique foncière».
Il interroge le monde, affronte les grandes questions existentielles, par la lucarne.
Cela vient du haut et se bat en bas. C’est un redoutable «détourneur» public.
Son théâtre est un constat, humble et drôle; une parole ancrée dans la réalité avec défiance et démons. Il met en jeu, nos désirs si souvent dérisoires, nos bonheurs parfois coupables, nos défaites de porcelaine.
Philippe Morand

Antoine Jaccoud est né à Lausanne en 1957. Licencié en sciences politiques, il fait quelques années de journalisme avant de se former à l’écriture dramatique auprès du cinéaste polonais Krzysztof Kieslowski d’abord, puis du fameux pédagogue tchèque émigré aux USA, Frank Daniel. Scénariste, consultant, ou script-doctor, il a travaillé avec de nombreux cinéastes suisses (Dominique De Rivaz, Jacqueline Veuve, Ursula Meier, Denis Rabaglia…) et animé des ateliers en Géorgie, en Pologne, en Israël et jusqu’au Burkina-Faso.

 


Au théâtre, Antoine Jaccoud a été de 1996 à 2005 le dramaturge du Théâtre en Flammes. C’est cette compagnie suisse, fondée par le metteur en scène Denis Maillefer, qui crée ses pièces principales: Je suis le mari de Lolo, monologue du mari d’une défunte porno star, en 2001; Le Voyage en Suisse, méditation ironique et noire jouée en 2003 dans un autobus en déplacement, et enfin On liquide, en 2004, «farce tragique » consacrée à la disparition de la paysannerie, ces trois spectacles ayant été présentés à l’étranger également. Avec la comédienne neuchâteloise Françoise Boillat, Antoine Jaccoud a organisé en juin 2005 au théâtre Saint-Gervais, à Genève, un Essai de théâtre documentaire qui donnait la parole à quatorze survivants du massacre de Srebrenica. Ces relations avec la Bosnie se poursuivent avec la création le 15 novembre 2005 d’une pièce alors inédite: Les Chiens, au Théâtre National de la ville de Tuzla, dans une mise en scène de Haris Prolic. En 2006, Antoine Jaccoud met en scène En attendant la grippe aviaire, sa dernière pièce, sorte de témoignage par anticipation, non dénué d’humour toutefois, des survivants d’une pandémie majeure.

Antoine Jaccoud / En attendant la grippe aviaire et autres pièces , Bernard Campiche Editeur, 2006. 464 pages
Publié en partenariat avec la SSA (Société Suisse des Auteurs)

 

  Enjeux 1 : Sandra Korol - Valérie Poirier- Manon Pulver - Pascal Rebetez

ISBN 2-88241-160-X

Théâtre en camPoche publié en partenariat avec la Société Suisse des Auteurs (SSA) se décline en deux volets: RÉPERTOIRE et ENJEUX.
RÉPERTOIRE réunit des pièces d’un même auteur, en un ou plusieurs volumes.
ENJEUX rassemble plusieurs pièces d’auteurs différents qui viennent d’être joués ou qui vont être représentés prochainement dans les théâtres de Suisse romande. Le choix est forcément subjectif. Il appartient au directeur de collection et à l’éditeur de répondre ou non à la demande d’édition des auteurs ou des théâtres. Il se voudrait cependant le plus objectif possible, fondé sur les seuls critères de qualité et de représentativité des écritures d’aujourd’hui et de maintenant.
ENJEUX est d’une certaine manière une revue théâtrale. Sous la forme du livre Théâtre en camPoche habituel, il sera possible de s’y abonner pour recevoir régulièrement ses parutions au printemps et à l’automne de chaque année. Une manière pratique et très simple d’être tenus régulièrement au courant des écritures théâtrales de ce coin de pays.
Cette première livraison rend compte de la vitalité des écritures contemporaines en Suisse romande. Quatre pièces de quatre auteurs (dont trois femmes) qui seront créées durant la saison 2005 – 2006 dans quatre théâtres de Lausanne et Genève.
Il est heureux de constater que les directions des théâtres considèrent maintenant comme essentiel de produire, en grand nombre et en création, les auteurs d’ici. ENJEUX sera, dans la mesure du possible, la vitrine éditoriale indispensable à cette reconnaissance.

Philippe Morand, directeur de la collection Théâtre en camPoche

Ce volume contient: Sandra Korol – KilomBo ; Valérie Poirier – Les Bouches ; Manon Pulver – Au bout du rouleau ; Pascal Rebetez – Les mots savent pas dire

Sandra Korol / KilomBo
(Création au Théâtre de Vidy, à Lausanne, en mars 2006)

Enfermées sous terre et chargées de manger les ordures qu’un camion déverse au-travers d’un tuyau, Gorda et Nena se racontent l’une à l’autre au-travers de souvenirs dont on ne sait pas s’ils sont réels et de rêves auxquels on ne peut s’empêcher de croire.
Ainsi, Gorda, la vieille, narre à Nena, la petite, le monde d’en haut, celui d’où viennent les ordures. Un monde fait de guerres et de légendes dont Nena n’a plus le souvenir, mais qu’elle souhaite tant rejoindre. Au-milieu des demi-vérités, des jeux de rôle, des débris et des rats, la chose dont on ne cesse de parler, c’est d’amour.
L’amour qu’Il voue à Gorda, Lui, qui a promis jadis de la sortir de son sous-sol, bientôt, bientôt…
L’amour dont Nena manque tellement mais avec qui elle est certaine d’avoir rendez-vous, là-haut, à la surface. Un amour qui la cherche en frappant la terre de ses mains.
Et puis, un jour, une lettre atterrit au milieu des ordures. Comme ça. Simplement. Une lettre adressée à Nena, la petite. Une lettre d’amour. D’un certain KilomBo. KilomBo qui la cherche en frappant la terre de ses mains.
Alors, soudain, les histoires d’amour se transforment en histoires de combats.
KilomBo est le récit de tout ce que nous sommes capables de mettre en place pour échapper à ce qui doit être vécu ; de toute l’énergie que nous employons à tordre la réalité pour la faire correspondre à un scénario interne dont nous pensons, non seulement, qu’il doit être le nôtre pour toujours, mais aussi, qu’il est applicable aux autres.

Sandra Korol naît à Genève en 1975, d’une mère suisse et d’un père russo-argentin. Un mélange des données de base qui la font pencher naturellement vers un besoin profond d’éclectisme. Ainsi, après des études de philosophie, de littérature anglaise et de droit à Fribourg, elle enchaîne avec une formation professionnelle d’art dramatique au Conservatoire de Lausanne dont elle sort en 1999. Dès lors comédienne de théâtre et de cinéma, elle touche également à la mise en scène, enseigne le théâtre, œuvre en tant que journaliste free-lance pour divers magazines, et travaille pour la télévision suisse romande en culture et en divertissement.
L’écriture fait irruption dans sa vie par inadvertance presque, à la suite de l’envoi d’un projet hypothétique dans le cadre d’un concours lancé par la Société Suisse des Auteurs et la Radio Suisse Romande. Sélectionnée, elle part en résidence aux Maisons Mainou, dans le canton de Genève, et y écrit sa première pièce, Soledad, une dramatique produite par Espace 2 au mois de juin 2001. Elle poursuit avec la pièce Sismen, jouée à Vevey en 2002, et, la même année, reçoit la bourse SSA de soutien à l’écriture théâtrale contemporaine avec son projet 20 Petits Contes Miracles et un épilogue. En 2004, elle participe à la première version du projet «Textes en Scènes» et écrit Salida sous l’égide du dramaturge Jean-Marie Piemme; quelques mois plus tard, elle est lauréate du prix romand de littérature initié par le magazine Profil.Femme, avec la nouvelle RaNa.
En 2005, elle écrit la pièce Un temps pour tout qui est jouée au théâtre 2.21 à Lausanne par la Cie V.I.T.R.I.O.L. dont elle est l’une des co-fondatrices.

***

Valérie Poirier / Les Bouches
(Création au Théâtre du Grütli, à Genève, en février 2006)

Dans un petit hôtel de campagne déserté par les visiteurs et au bord de la faillite, vivent trois femmes; Félicité, la propriétaire de l’hôtel, Zora, sa fille, et Lili, une pensionnaire.
Trois vies en creux qui s’articulent auteur de l’absence.
Nous sommes à la veille de Pâques. Arrive Arbaze, un voyageur.
En une journée et une nuit, les rêves des femmes vont exploser et se transformer pour laisser chacune face à sa réalité.

Valérie Poirier est née à Rouen en 1961, elle est de nationalité franco-algérienne. Après des études de théâtre à Genève et à Bruxelles, elle travaille régulièrement comme comédienne et metteuse en scène. Elle a obtenu, pour Les Bouches, le Prix de la Société Suisse des Auteurs.

***

Manon Pulver / Au bout du rouleau

Au bout du rouleau est une comédie de l'épuisement, du burn-out capillaire, où s'effilochent les liens qui relient deux individus – en l'occurrence deux femmes – à leur image d'elles-mêmes.
La comédie des apparences et de la fuite en avant est ici poussée jusqu'à son paroxysme peroxydé: deux femmes expriment leur ratage personnel dans un dialogue destructeur et burlesque à la fois, entre désir de manipuler et besoin de confesser…

Manon Pulver – Née à Genève en 1965, originaire de Berne avec des ascendances franco-allemandes et anglaises. Dramaturge et auteure, elle a travaillé en Suisse et à l'étranger, principalement au théâtre mais aussi à l'opéra et à la télévision.
Elle a également travaillé pour la radio et pour différents médias, toujours dans le domaine culturel. Elle est depuis 2002 collaboratrice artistique à la Comédie de Genève.
Elle a écrit plusieurs textes qui ont été lus ou représentés, ainsi Augustine de Villeblanche ou le bal contrarié d'après Sade, mise en scène V. Llodra, 1994, L’'Étang salé ou On ne s'en sortira pas vivants, 1995 mise en lecture G. Guhl, Joyeux Noël, 1998 et 2001 mise en scène G.Guhl, Pour une Absente, mise en scène G. Guhl, 2001, Les surprises de l'intermittence ou les pré-joués convaincus, d'après Marivaux, mise en scène A.Steiger 2005, Au bout du rouleau, mise en lecture André Steiger 2005.

***

Pascal Rebetez / Les mots savent pas dire
(Création au Théâtre Le Poche, à Genève, en octobre 2005)

En 1971, dans les Pyrénées françaises, un paysan et sa sœur enterrent leur mère morte sous le plancher de leur maison. Pendant cinq mois, dans un isolement absolu n’exceptant que sa sœur Paule, Jeannot gravera sur le parquet de chêne d’environ cinq mètres sur deux une cascade de mots, une incantation furieuse défiant toutes les règles de la littérature. De ce fait divers est resté Le Plancher de Jeannot, œuvre d’art brut parmi les plus singulières, dont s’est inspiré l’auteur.
La pièce induit un huis-clos délirant et inexorable. Il y a Jeannot obsédé par sa mission de redresseur de torts et de mots, une sorte de Don Quichotte pris dans la meule de l’Histoire. Il y a Paule, victime expiatoire, déchet des secrets de famille. La Mère, la disparue, s’offre en apparition sublimée alors que Béridier fait le relais entre ce chaudron tragique et la trop étale réalité.

Avec une courte notice de Lucienne Peiry, directrice de la Collection de l'Art brut, à Lausanne.

Pascal Rebetez – Né à Delémont dans le Jura suisse le 11 janvier 1956.
Après une formation de comédien à l’ESAD à Genève, il joue dans des spectacles off de Suisse romande puis en réalise dans les années quatre-vingt, soit en tant qu’auteur (Marie Coquelicot, Chronique d’une vie recluse, Le Meilleur du Monde) soit en tant que metteur en scène: Vie et Mort du Cornette Christoph Rilke, Tremblement de terre à Santiago, etc.
Il devient ensuite journaliste, d’abord en radio avant de travailler à la Télévision Suisse Romande pour les magazines culturels et de société.
Parallèlement, il crée la revue puis les Éditions d’autre part qu’il dirige toujours.
Il est aussi l’auteur d’une dizaine d’ouvrages de poésie, romans et nouvelles.

Enjeux 1, Sandra Korol - Valérie Poirier Manon Pulver - Pascal Rebetez, Bernard Campiche Editeur, 2005, 280 pages.
Publié en partenariat avec la SSA (Société Suisse des Auteurs)

 

  Jacques Probst / Théâtre II

ISBN 2-88241-155-3

Ce volume contient: Jamais la mer n’a rampé jusqu'ici. Goal Keeper. Missaouir, la ville. Le Chant du muezzin. La Route de Boston.

Missaouir, la ville avait, en 1983, été édité à l’Âge d’Homme, épuisé sûrement depuis longtemps, je n’en ai conservé aucun exemplaire, mais peut-être que Philippe Morand en a un, puisqu’il jouait dans le spectacle…
Pareille affaire pour Le Chant du muezzin, édité en une brochure sous l’égide de la Comédie de Genève, à l’époque où Benno Besson en était le directeur. Je n’en ai conservé aucun exemplaire.
Pour Goal Keeper, je n’étais pas sûr de vouloir l’éditer. Je ne l’avais pas relu. Je ne relis jamais rien. Mais là, pour être sûr, j’ai relu Goal Keeper. Et je l’ai bien aimé. Il a été enregistré à la Radio suisse romande en je ne sais plus quelle année, et c'est tout. Si Mauro Bellucci, lors des représentations de Torito, en novembre au Grütli, tient toujours à faire une semaine autour de «mes histoires», ou je ne sais quoi exactement, et le livre étant alors peut-être paru, j’en ferais, de Goal Keeper, volontiiers une lecture publique, un soir, après la représentation.

Pour le prochain livre, je trouverais bien d’y mettre par exemple: Jamais la mer n’a rampé jusqu’ici, qui est ma première pièce, Goal Keeper, qu’à défaut pour l’instant d’une scène où se mouvoir, il se tienne dans un livre sur le qui-vive.
Missaouir, la ville, et Le Chant du muezzin, qui viennent tous les deux du Maroc et vont de paire. À cause de Juliana. Mais je vous expliquerai de vive voix.
Si dans ce livre il reste une place, elle serait pour La Route de Boston.

Jacques Probst, lettre à l’éditeur

Auteur dramatique et comédien, né à Genève le 1er août 1951. Comédien, a joué dans plus de soixante spectacles, avec une prédilection pour les pièces de Shakespeare, Webster, Beckett, Pinter, H. Muller, Behan, Bond.
Il est l’auteur depuis 1969 d’une vingtaine de pièces pour le théâtre, allant du monologue (Torito; Le Banc de touche; La Lettre de New York; Ce qu’a dit Jens Munk à son équipage; Lise, l’île…) à des pièces de dix, quinze, voire plus de vingt personnages (La Septième Vallée; Sur un rivage du lac Léman; On a perdu Ferkap; La Route de Boston) ou encore des pièces de trois, cinq, sept personnages (Jamais la mer n’a rampé jusqu’ici; L’Amérique; Le Quai; Missaouir la ville; Le Chant du muezzin; Un gué sur l’Aumance…).
Ces pièces furent représentées en Suisse, France, Belgique, dans des mises en scène signées par Philippe Mentha, François Berthet, Charlie Nelson, Roland Sassi, François Marin, Denis Maillefer, Joël Jouanneau, Jean-Pierre Denefve, Liliane Tondellier, Claude Thébert et Probst lui-même.
Il a souvent, et particulièrement pour les monologues, travaillé avec des musiciens, parmi lesquels Raul Esmerode, Patrick Mamie, Maurice Magnoni, Matthias Desmoulin, Popol Lavanchy, Pierre Gauthier, les frères Arthur et Market Besson, Olivier Magnenat, Christine Schaller.
Plusieurs des pièces ont fait l’objet d’enregistrements pour la Radio Suisse Romande et France Culture.
Il a, en outre, écrit trois scénarios de films: Le Rapt, d’après La Séparation des races de C. F. Ramuz, coproduction TSR, TF1, Torito, TSR, et Le Désert comme un jardin pour la réalisatrice Maya Simon.

Jacques Probst / Théâtre II, Bernard Campiche Editeur, 2005, 350 pages

 

  Anne Cuneo / Rencontres avec Hamlet

ISBN 2-88241-156-1

Ce volume contient: Naissance d’Hamlet (2005); Ophélie des bas quartiers (1987); Les Enfants de Saxo (1991); Benno Besson et Hamlet (1987); Le Fratricide puni (joué en Allemagne, par des acteurs anglais; traduction inédite par Anne Cuneo)

Hamlet, du Grütli au Sentier

Un spectacle, des pièces, un livre: feu d’artifice shakespearien signé Anne Cuneo. Sous l’influence de Benno Besson.

Tandis que la Compagnie du Clédar crée le 17 août au Sentier Naissance d’Hamlet, une pièce d’Anne Cuneo, celle-ci publie Rencontres avec Hamlet, recueil de textes inspirés par la pièce de Shakespeare.

Hamlet est un pays qu’on n’en finit pas d’explorer, et le trop célèbre «to be or not to be» occulte la richesse de ses significations. Dépossession du pouvoir, fidélité au père, amour impossible, certes: thèmes privilégiés par la plupart des mises en scène. Mais bien d’autres sens coexistent dans ces vers par conséquent si délicats à traduire; messages politique (derniers sursauts de la féodalité), social (voire féministe) et bien sûr philosophique (sens de la vie, engagement) et métaphysique (réalité de l’au-delà). La seule lecture ne suffit pas à exprimer cette multiplicité, c’est à la mise en scène de le faire, de façon existentielle et non verbale.

L’alchimie d’un spectacle

Dans Benno Besson et Hamlet, noyau central de son recueil, Anne Cuneo réussit à éclairer l’alchimie qui transmue une pièce classique en un spectacle renouvelé. L’essai montre à son meilleur la méthode qui a fait d’elle l’auteur de romans historiques à succès, tels Le Trajet d’une rivière, Objets de splendeur (sur Shakespeare).
Car c’est à l’Yverdonnois d’origine Benno Besson qu’elle la doit, sa méthode: en suivant trois de ses mises en scène de Hamlet, en trois langues, sur trois ans et de Genève à Helsinki en passant par Zurich, la journaliste-écrivaine s’imprègne de la dialectique par laquelle l’ancien assistant de Bertolt Brecht décortique les réalités à forger pour aboutir au spectacle fini: texte, acteurs, décor.
Du premier, il extrait toutes les significations possibles, dans tous les registres: vie quotidienne, psychologie, histoire (événementielle, sociale, celle des idées). Des seconds, il exploite toutes les ressources: aura, traits de caractère, traits physiques sont mis au service d’une dramaturgie qui progresse en fonction de leur évolution, tandis que le décor – sol bosselé, formes contraignantes – contribue à stimuler encore les acteurs. Pourquoi Besson passe-t-il trois heures sur quelques répliques anodines destinées à planter le décor? Justement parce que cet échange détermine une atmosphère, qui imprégnera toute la suite. Si quelque chose cloche au départ, les prouesses ultérieures perdront de leur pertinence.

Limites du reportage

Le récit d’Anne Cuneo se joue des limites du reportage; on est sur place, on se glisse dans les pensées des acteurs, du metteur en scène… et de l’auteur, on se passionne pour cette aventure (re)créatrice comme pour un roman.
Il devrait en aller de même lors de la Naissance d’Hamlet, mercredi 17 août à la Vallée de Joux. Nouvelle illustration de la méthode Cuneo, la pièce reconstitue le chaînon manquant entre Le Fratricide puni, c’est-à-dire l’Hamlet originel, et la tragédie définitive. Londres, vers 1602, la troupe de Shakespeare répète en son théâtre du Globe sa toute dernière œuvre… encore en cours d’écriture! Grâce à une documentation béton, les personnages-acteurs sont historiques, les lieux précisément restitués. L’imagination garde pourtant ses droits, on n’est pas dans un cours ex cathedra mais dans une œuvre qui, tout en vous éclairant, vous enchante, et vous emporte.

Jacques Poget
24Heures

Née à Paris à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Anne Cuneo passe son enfance en Italie du Nord.
Après la mort de son père en 1945, elle passe plusieurs années dans divers internats et orphelinats religieux en Italie d’abord, puis à Lausanne où elle doit s’adapter à la langue et à l’environnement nouveaux. Après cette difficile période, elle passe une année en Angleterre, à Plymouth et Londres, et découvre la culture anglo-saxonne. Plus tard, elle puisera dans les souvenirs de ce moment décisif de son adolescence pour un roman plein d’humour et de fraîcheur, Station Victoria (1989). De retour à Lausanne, elle est d’abord téléphoniste, puis étudie à l’Université de Lausanne (licence ès lettres), apprend les métiers de la publicité, enseigne la littérature, voyage à travers l’Europe.
Éclectique, Anne Cuneo partage son temps entre la création dans presque tous les domaines de la littérature et le journalisme. Son œuvre est animée par une participation spontanée aux courants modernistes. L’illustration de ses choix esthétiques apparaît dans Gravé au diamant (1967), Passage des Panoramas (1978), Hôtel Vénus (1984). Porte-parole des laissés-pour-compte dans La Vermine, elle introduit le monde des immigrés dans la littérature romande avec les deux volumes de son Portrait de l’auteur en femme ordinaire (1980/1982). Elle évoque le milieu des malades dans Une cuillerée de bleu (1979) après avoir survécu à un grave cancer. Essayiste, elle dessine des portraits des milieux du spectacle dont elle se sent proche: Le Piano du pauvre (1975), La Machine Fantaisie (1976), Le Monde des forains (1985), Benno Besson et Hamlet (1987).
Elle participe à des expériences cinématographiques et théâtrales. De l’écriture, elle passe à la mise en scène et à la réalisation.
Aujourd’hui, Anne Cuneo ne met plus sa vie en livres, estimant qu’elle a raconté tout ce qu’elle a vécu de différent. Cette voix plus profonde, elle la prête à des personnages, qui s’expriment toujours à la première personne, telles les héroïnes de Station Victoria (1989) et de Prague aux doigts de feu (1990), ou le héros du Trajet d’une rivière (1993, Prix des Libraires 1995), Francis Tregian. Anne Cuneo a publié en 1996 une suite indirecte au Trajet d’une rivière, Objets de splendeur, où la figure attachante d’un Shakespeare amoureux nous réintroduit dans l’univers du grand dramaturge.
En 1998, Anne Cuneo publie son premier roman dit «policier» (mais qu’elle qualifie de «roman social»), Âme de bronze – suivi en 1999 par D’or et d’oublis puis en 2000 par Le Sourire de Lisa – où l’on retrouve l’enquêteuse Marie Machiavelli.
Anne Cuneo collabore au Téléjournal à Genève et à Zurich, où elle demeure conjointement aujourd’hui. Ses ouvrages, constamment réédités et traduits en allemand, sont tous de grands succès de librairie en Suisse.

Anne Cuneo, Rencontres avec Hamlet, Bernard Campiche, 2005, 432 pages

 

  Jacques Probst / Huit monologues

ISBN 2-88241-155-3

Ce volume contient: Lise, l’île (1976); Torito (1982); La Lettre de New York (1988); Le Banc de touche (1990); Torito II (1991); Ce qu’a dit Jens Munk à son équipage (1994); Chabag (1999); Aldjia, la femme divisée (2004) avec deux avant-propos à Aldjia, la femme divisée: La Maison rose et Quelques notes de jour, quelques notes de nuit.

Voici une voix singulière, charpentée et fragile.
Voici un coup de poing de tendresse première.
Voici une parole de galets et de ronces, polie par le torrent, sanguine sous l’épine.
Chaque monologue de Probst est une musique particulière, une partition construite sur le souffle, dans le matériau langagier le plus juste, et certainement le moins complaisant.
Il faut «du coffre» pour faire résonner ces solitudes.
Il faut que ça swingue, que ça jazze, que ça balance, que ça mâche et ça décape!
Il faut se laisser prendre par cette scansion si personnelle et si fascinante.
C’est un hoquet fondateur, aux récurrences jubilatoires.
Il y a du Ramuz et du Cendrars dans cette langue.
Prendre le pouls de cette écriture, c’est accepter de s’abandonner à l’arythmie du poète.
Le théâtre en a tellement besoin !

PHILIPPE MORAND

Jacques Probst : Auteur dramatique et comédien, né à Genève le 1er août 1951. Comédien, a joué dans plus de soixante spectacles, avec une prédilection pour les pièces de Shakespeare, Webster, Beckett, Pinter, H. Muller, Behan, Bond.
Il est l’auteur depuis 1969 d’une vingtaine de pièces pour le théâtre, allant du monologue (Torito; Le Banc de touche; La Lettre de New York; Ce qu’a dit Jens Munk à son équipage; Lise, l’île…) à des pièces de dix, quinze, voire plus de vingt personnages (La Septième Vallée; Sur un rivage du lac Léman; On a perdu Ferkap; La Route de Boston) ou encore des pièces de trois, cinq, sept personnages (Jamais la mer n’a rampé jusqu’ici; L’Amérique; Le Quai; Missaouir la ville; Le Chant du muezzin; Un gué sur l’Aumance…).
Ces pièces furent représentées en Suisse, France, Belgique, dans des mises en scène signées par Philippe Mentha, François Berthet, Charlie Nelson, Roland Sassi, François Marin, Denis Maillefer, Joël Jouanneau, Jean-Pierre Denefve, Liliane Tondellier, Claude Thébert et Probst lui-même.
Il a souvent, et particulièrement pour les monologues, travaillé avec des musiciens, parmi lesquels Raul Esmerode, Patrick Mamie, Maurice Magnoni, Matthias Desmoulin, Popol Lavanchy, Pierre Gauthier, les frères Arthur et Market Besson, Olivier Magnenat, Christine Schaller.
Plusieurs des pièces ont fait l’objet d’enregistrements pour la Radio Suisse Romande et France Culture.
Il a, en outre, écrit trois scénarios de films: Le Rapt, d’après La Séparation des races de C. F. Ramuz, coproduction TSR, TF1, Torito, TSR, et Le Désert comme un jardin pour la réalisatrice Maya Simon.

Jacques Probst, Huit monologues, Coll. Théâtre en CamPoche, Bernard Campiche, 2005

 

  René Zahnd / Mokhor et autres pièces

ISBN 2-88241-148-0

Grâce à l'éditeur Bernard Campiche, le théâtre romand s'offre enfin une collection ambitieuse
L'Urbigène publie ces jours cinq pièces du Lausannois René Zahnd, réunies en un volume élégant et utile. D'autres auteurs suivront dès le printemps, histoire de permettre aux dramaturges suisses francophones de sortir de l'ombre et de traverser les frontières. [...]

Lire des Extraits de presse

Amoureux de la nature, passionné de voyages, René Zahnd est né en 1958 dans la région lausannoise. Après un bref passage par l’enseignement, il pratique le journalisme, notamment pour La Gazette de Lausanne et pour 24 Heures (critique de théâtre et de littérature). En 1999, il devient l’adjoint de René Gonzalez à la direction du Théâtre Vidy-Lausanne. Il est par ailleurs cofondateur et membre du comité de rédaction du Passe-Muraille.
Depuis plusieurs années, son travail d’écriture est presque entièrement consacré au théâtre. Il a publié plusieurs études (sur Matthias Langhoff, sur Henri Ronse, sur le théâtre à Lausanne), des livres d’entretiens (avec François Rochaix, avec Maurice Béjart…) et des traductions (Büchner, Pirandello, Norén, Dorst…).

Il est l’auteur d’une douzaine de pièces, dont Jardin d’hiver; La Reine Deirdre; L’Île morte; Les Hauts Territoires; La Traque; Équinoxe; Folle Jeunesse; Enfants perdus et Mokhor.
L’Île morte a été jouée au Théâtre du Vieux-Colombier, dans une production de la Comédie-Française (mise en scène d’Henri Ronse, création le 16 mars 1999).

René Zahnd, Mokhor et autres pièces, Bernard Campiche Editeur, Théatre enCamPoche, 2004

 

Page créée le 01.02.04
Dernière mise à jour le 08.05.06

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