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Théâtre en CamPoche
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Bernard Liègme / Théâtre I |
ISBN 978-2-88241-265-2 |
Ce volume contient
Préface inédite de Charles Joris
La Cage (1958) - Les Augustes (1959) - Les Murs de la ville (1961) - Le Soleil et la Mort (1965) - Tandem (1973).
Le théâtre de Bernard Liègme couvre pratiquement toute la seconde moitié du XXe siècle. À mes yeux, cet auteur est l’un des quatre piliers de l’écriture théâtrale en Suisse romande. Son œuvre (dont nous éditons aujourd’hui dix pièces en Théâtre en camPoche/Répertoire) en fait partie avec celles de Michel Viala (vingt pièces éditées), de Jacques Probst (dix-neuf pièces éditées) et de Louis Gaulis (en préparation).
Comédien, metteur en scène et enfin auteur, il a été compagnon de l’aventure des Faux-Nez à Lausanne, avec Charles Apothéloz, et un des membres fondateurs du Théâtre populaire romand dans le canton de Neuchâtel en 1959.
Il se laisse volontiers porter par son instinct, son imaginaire, sa conscience d’un monde brutal, manipulé, conspirateur, qu’il convient de dénoncer.
Il a toujours souhaité ouvrir le spectacle au plus grand nombre. |
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Son théâtre témoigne des formes en ébullition et des courants de pensées multiples de l’époque. Bernard Liègme, avec générosité et curiosité, aime se laisser imprégner par son temps, puis il tente, il prospecte, il explore et il trouve à chaque fois un ton très personnel pour traduire en théâtre la nature profonde de ses désillusions.
Philippe Morand
Neuchâtelois. Originaire de Cormoret. Né au Locle (Neuchâtel) en 1927, Bernard Liègme fit des études dans sa ville natale et à La Chaux-de-Fonds, puis lycée en France, et retour en Suisse pour des études de lettres à Lausanne. Dès 1955, il se consacra à l’enseignement, occupant notamment un poste de professeur de français et d’histoire de l’art au Gymnase Numa-Droz de Neuchâtel. Il se tourna très jeune vers le théâtre, d’abord en qualité de comédien, puis comme metteur en scène et enfin comme auteur. Il participa à l’aventure des Faux-Nez avec Charles Apothéloz et, en 1959, fut l’un des fondateurs du Théâtre populaire romand, pour lequel il rédigea plusieurs pièces dont Le Soleil et la Mort (1965). Homme de théâtre talentueux, il explique ainsi sa démarche: «Je veux faire du théâtre un moyen d’échange entre les hommes, révéler aux spectateurs les joies et les peines d’autres hommes, toutes semblables aux leurs.» Il a pu approfondir cette réflexion dans un livre d’entretiens avec Claude Vallon, Le Feu du Théâtre. Il a aussi traduit Goldoni et Gyarfas en français. Il vit actuellement à Boudry (Neuchâtel).
Il a reçu le Prix de la SACD 1970, le Prix de littérature francophone du canton de Berne 2000 et le Prix de littérature du canton de Neuchâtel 2000.
Bernard Liègme / Théâtre I, Collection Théâtre en camPoche, Bernard Campiche Editeur, 2009, 630 pages.
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Bernard Liègme / Théâtre II |
ISBN 978-2-88241-266-9 |
Ce volume contient
Solo (1976) - Les Archivistes (1980) - La Ronde de nuit (1989) - Pingus & fils (1997) - Diva ou Les Photographes (2003).
«Qu’allait-il se passer pour ce Tatzelwurm et ses compagnons? Je n’en avais pas la moindre idée. Pour le savoir, il fallait que je les observe et que je les écoute. Je notai tout ce qu’ils faisaient et ce qu’ils disaient.»
Qui est le maître dans ces histoires? Bernard Liègme ou le personnage? Tout le processus d’écriture de cet auteur est dans ce questionnement.
Les personnages de Liègme ne sont pas des idées en costume mais au contraire des êtres de chair et de sang dont la respiration est profonde et salutaire.
Son théâtre est parfaitement documenté, digéré et réinventé. Pour preuve cette confession magnifique: «Le personnage que j’avais en moi tout au début était maintenant étouffé par le vrai qui m’arrivait de l’extérieur.»
L’étonnement de cet auteur pour les «idées-voix-images-personnages» qui lui traversent la tête et qui s’imposent à lui fait toute sa saveur et son rendu sensibles.
Parfois baroques, parfois fantaisies dramatiques, drames historiques, conte dramatique ou comédie spectaculaire, les pièces de Liègme témoignent d’un esprit libre qui a profondément marqué la vie théâtrale de Suisse romande.
Philippe Morand
Bernard Liègme / Théâtre I, Collection Théâtre en camPoche, Bernard Campiche Editeur, 2009, 480 pages.
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Enjeux 7 |
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Ce volume contient:
Elisabeth Horem – L’Été volé
Joseph Incardona – 37 m2
Antonin Moeri – Bingo
Jérôme Richer – Naissance de la violence
Isabelle Sbrissa – La Traversée du désert
Enjeux a pour mission de prospecter, éditer et diffuser les ouvres théâtrales les plus intéressantes du moment, écrites par les membres de la Société suisse des auteurs de Suisse romande (initiatrice et partenaire de la collection). C'est d'une certaine façon une revue théâtrale liée autant que possible à l'actualité de la création, mais aussi à la promotion d'ouvres que les responsables espèrent voir un jour parvenir à la scène.
Dans ce volume, trois auteurs (E. Horem, J. Richer, I. Sbrissa) se sont vu décerner un prix SSA. Dans le prolongement des patrimoines scéniques universels, cette distinction salue des écritures en prise avec notre temps, novatrices et personnelles, des inventions formelles subtiles et des dramaturgies exigeantes et cohérentes sur des thématiques fortes.
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Bien que le choix ne soit pas opéré autour d'un thème commun, il est frappant de constater que la violence, avérée ou latente, relie plusieurs des textes de ce volume. Aujourd'hui comme hier, l'auteur de théâtre demeure un observateur sensible et pertinent. Il est un guet qui tente de décrypter, avec impertinence parfois, les mécanismes et les travers sournois de la dérive des hommes et de leur société.
PHILIPPE MORAND
Enjeux 7, Collection Théâtre en camPoche, Bernard Campiche Editeur, 2009
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Enjeux 8 |
Ce volume contient:
Gaël Bandelier – Le Taureau versatile
Benjamin Knobil – Boulettes
Manon Pulver – À découvert
Isabelle Sbrissa – Le Quatre Mains
Textes-en-scènes / atelier d'auteurs de théâtre est une initiative de la Société Suisse des Auteurs (en collaboration avec Pro Helvetia, le Pour-cent culturel Migros et l'association Autrices et Auteurs de Suisse).
Les auteurs dramatiques sont invités à déposer un projet d'écriture pour le théâtre. Un jury sélectionne quatre de ces propositions, les élus reçoivent une bourse et partent en résidence à périodes régulières. Ils sont accompagnés par un dramaturge expérimenté et reconnu. Les théâtres partenaires de cette opération obtiennent un soutien ?nancier pour la mise en production de ces nouvelles écritures.
Pour cette troisième édition (2008), c'est le dramaturge belge Paul Pourveur qui a accompagné les quatre auteurs choisis.
PHILIPPE MORAND , directeur de la collection Théâtre en camPoche
Enjeux 8, Collection Théâtre en camPoche, Bernard Campiche Editeur, 2009.
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Sandra Korol / Pièces 2003-2009 |
Pièces 2003-2009 : Kilombo ; Salida ; CarGo 7906 ; Liwyatan ; TsimTsoum.
L'archipel Korol
Ce mystère de l'écriture théâtrale, vraiment théâtrale, qui fait que l'encre vibre sur le papier, parce que la parole ne rêve que d'une chose: s'envoler de la page pour remplir la scène.
KilomBo, Salida, CarGo 7906, Liwyatan, TsimTsoum: on pourrait croire qu'il s'agit d'une formule magique, d'une comptine pour enfants, d'une suite kabbalistique ou encore, à la rigueur, du quinté gagnant d'une course hippique inconnue de la majorité des turfistes. D'ailleurs qui oserait jurer, croix de bois, croix de fer, que cette suite de syllabes ne cache pas un soupçon de tout cela? Et d'autres choses encore? Un brusque retour à la raison nous impose toutefois de dire que ce sont d'abord les titres des cinq pièces rassemblées dans ce volume. Chez les artistes, les titres sont toujours à prendre au sérieux. Surtout s'ils résistent à une lecture univoque. Par conséquent, un ensemble de titres aussi. Ainsi, chez Sandra Korol, s'affirme d'emblée une marque singulière: les sonorités sont étranges, avec une pincée d'exotisme, les termes échappent au banal et quelques fantaisies, à commencer par les lettres capitales saisies dans la masse des mots, témoignent d'une volonté de différence. Ou d'une différence tout court, revendiquée, pied de nez qu'un lutin facétieux adresserait à la populace des idées toutes faites.
Comme jetée par le hasard, ou peu importe comment désigner ces événements, l'enveloppe charnelle de Sandra Korol est apparue en Suisse romande, à cheval entre deux siècles, le regard résolument tourné vers le XXIe. Ses origines sont cosmopolites, mais ses vraies racines sont aériennes.
Si elles ont chacune leur voix propre, ces pièces sont liées entre elles par des parentés secrètes. Les situations, les colorations, les espaces, les tonalités, les thématiques, parfois l'écriture même les distinguent, mais un certain souffle nourri d'imaginaire et de fantaisie, un humour très particulier, le soin accordé à la bien facture de l'ouvrage - à l'instar de l'artisan qui porte très haut l'idée de son métier -, la capacité de métamorphoser le réel ou encore le reflet de préoccupations inhérentes à notre époque sont autant de caractéristiques qui font de ces textes non pas des éléments épars, mais bien le premier élan d'une jeune auteure, son geste inaugural en quelque sorte, tracé avec netteté.
La scène comme boîte à outils, comme boîte de musique, comme boîte à malice, comme boîte aux lettres, comme boîte de vitesses, comme boîte crânienne.
Deux femmes recluses dans un univers souterrain, dont le travail est de manger les ordures déversées par le monde d'en haut : c'est le théâtre «absurde» de KilomBo. La situation est développée à coups de dialogues inventifs. Pour les deux personnages, le rêve du grand amour plane comme une chauve-souris dans un horizon sans ciel. La richesse de la relation entre ces deux êtres, un humour corrosif et parfois féroce épicent la pièce.
Salida est d'une toute autre nature. Il s'agit d'un poème où le tango est roi : quasi une proposition de théâtre dansé. Comme dans tous les textes de Sandra Korol, il y a là une part romanesque, qui en l'occurrence évoque tour à tour Jorge Luis Borges, Alvaro Muttis ou encore Hugo Pratt. La mélancolie étend ses ailes, les personnages sont pittoresques, la langue triturée avec jubilation, alors que pulsent sourdement des énergies de vie, d'amour et de mort. Dehors, la pluie déchire la nuit à flots continus, empêchant toute sortie: ce sont aussi les larmes de l'adieu au père, sur fond du bandonéon de ses origines argentines.
Écrit pour Darius Kehtari, le monologue à voix multiples CarGo 7906 reprend des éléments de l'existence et de la personnalité de l'acteur. Mais rien ici, n'est au premier degré. Rien ne reste à fleur d'apparence. C'est une quête des origines, de l'origine, une plongée dans les ombres et les lumières de l'exil. On y sent le souffle brûlant de la différence, qui peut prendre le visage du clown, mais d'un clown qui serait céleste.
Pour faire face au destin, l'homme met un nez rouge. À moins que ce soit le destin qui mette un nez rouge pour s'occuper de l'homme. Mais de toute façon, nez rouge il y a.
L'écriture très travaillée. Le goût des mots. Le sens du rythme. Le souci de la construction. Tous ces éléments font de ces textes non pas seulement des matériaux pour les metteurs en scène et les acteurs, mais d'authentiques partitions.
Un auteur de théâtre fait naître des personnages, une foule de personnages parfois, surtout s'il privilégie la création par rapport à ce que l'on nomme «l'autofiction». Le peuple né sous la plume de Sandra Korol est composé de figures hautes en couleurs, au langage coloré, aux blessures parfois tenaces. Ils sont un peu baroques, un peu romantiques, un peu déjantés, un peu invraisemblables, mais toujours profondément humains.
Souvent ils sont privés de liberté de mouvement: bloqués dans un monde souterrain comme Gorda et Nena (KiLombo) , retenus par les fortes précipitations qui rendent la route impraticable (Salida) ou encore cloués sur une île improbable (Lywiatan) . Dans cette dernière pièce, ils sont prisonniers de la mer, dans ce qui pourrait être le Paradis perdus (l'élevage de lamantins y fut prospère), à moins que ce ne soit l'Enfer retrouvé, sous l'obscure menace de monstres qui ont fait des profondeurs leur royaume. Mais les limites qui entravent la liberté des corps semblent favoriser celle des esprits. L'onirisme et le fantasme sont des réponses aux carcans du réel.
Il est évident que TsimTsoum, la dernière pièce en date, montre une manière nouvelle chez Sandra Korol, notamment par le choix de creuser la veine humoristique. Ici, cinq religieuses débattent d'une question d'importance: la mort de Dieu. Rarement débat théologique aura été aussi désopilant. De là à supposer que le rire est le fait du Diable. Mais peut-on vraiment se fier à ce que l'on voit, à ce que l'on entend?
Toutes ces pièces tracent la cartographie d'un archipel ailé, mobile. Les pièces à venir en déploieront les confins.
Voici une illustration éclatante de ce que les grands maîtres récents, de Claudel à Brecht, de Beckett à Bernhard n'ont pas fermé les horizons. Ils en ont ouvert de nouveaux.
L'exclusion, l'environnement, la difficulté de communiquer et d'être au monde ensemble: ces thèmes actuels se conjuguent ici avec de très anciens rêves d'amour et de liberté, avec l'effroi plus ou moins avoué de la mort pour dessiner une mythologie personnelle, irriguée de lectures et de connaissances (qu'elles soient spirituelles ou psychanalytiques par exemple), mais aussi d'expériences. Peut-être même surtout d'expériences.
Il faut un certain culot pour, à la fin d'une pièce, placer une didascalie de ce type: «Un lamantin à pattes traverse la scène. Il s'arrête sur une dune de sable et fait la sieste.»
RENÉ ZAHND, Préface
Sandra Korol, Pièces 2003-2009, Collection Théâtre en camPoche, Bernard Campiche Editeur, 2009.
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Dominique Ziegler / N’Dongo revient et autres pièces |
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Ce volume contient:
René Stirlimann contre le Docteur B. (2001)
N'Dongo revient (2002)
Opération Métastases (2004)
Tempête dans un verre d'eau (2006)
Building USA (2006)
Les Rois de la com' (2007)
Affaires privées (2008)
Il faudrait commencer par les titres. Des titres qui en disent long sur les intentions de Marielle Pinsard. Par exemple, et parmi tant de titres qui sont autant d'aveux, d'interpellations et d'énigmes, on retiendrait: La Truite ; Comme des couteaux ; Blonde Unfuckingbelievable Blond ; Les Parieurs ; Mon Pyrrhus ; Pyrrhus Hilton ; Built your jeep ; Nous ne tiendrons pas nos promesses , ce dernier titre apparaissant comme une douce provocation face une société qui n'arrête pas, justement, d'en faire avec un cynisme le plus of?ciel qui soit.
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Marielle Pinsard, c'est d'abord une observatrice extrême, qui scrute et décrypte ce que l'on nomme réalité en faisant le pari que son regard et son écoute donneront naissance à une autre réalité. C'est quelqu'un qui se rend attentive aux autres - si différents si semblables - qui prend le risque du mimétisme pour mieux décaler et transposer son récit.
Le lieu commun est à l'origine du théâtre et Pinsard en constitue le moteur de son travail. Pièces originales, pièces inspirées de et réécrites, écritures improvisées, théâtre documentaire, son ouvre multiplie les angles d'attaque pour raconter le monde d'aujourd'hui. Elle n'a pas peur d'épouser les points de vue les plus communs, ceux que la doxa impose et que nous sommes nombreux à reprendre à notre compte, intellingentzia et petite bourgeoisie
confondues, masses médiocres face à la consommation. Elle en fait le matériau de pièces qui irritent, déroutent et fascinent à la fois. Car Pinsard épouse le point de vue de l'autre, le fait parler pour mieux le comprendre et le critiquer, lui donne droit de cité, le fait voir et entendre dans ses différences et jusqu'à ces écarts avec elle-même. Son regard est sans illusion mais elle a l'élégance inquiète de ne pas nous plomber la vie (ni l'art). Comme Rodrigo
Garcia, dont elle est à la fois proche et lointaine, elle n'esquive pas la dimension morale de l'acte théâtral et dresse un tableau éclaté des mours de notre société contemporaine.
Quand on lit Marielle Pinsard, il faut ne faut jamais oublier qu'elle est comédienne, metteure en scène, dj et animatrice de soirée, c'est-à-dire que ce qu'elle écrit est effectivement soumis à l'expérience de la pratique scénique et à la confrontation avec le public. Ses phrases semblent sorties telles quelles du quotidien et pourtant elles sont plutôt à prendre comme des citations singulières d'une parole commune et parfois dévoyées. Elles sonnent comme les sentences dérisoires d'un rituel déboussolé et qui régit pourtant encore nos modèles sociaux.
Mine de rien, Pinsard recycle le double héritage du théâtre de l'absurde et du théâtre panique. Elle place l'acteur et le spectateur face à la vacuité et l'inanité de l'expérience humaine, elle incite l'un et l'autre, dans le temps de la représentation, à s'interroger sur sa place au théâtre et dans la vie. Ayant lu un peu Brecht, elle sait que l'ironie est le salut de l'esprit. Marielle Pinsard procède avec discernement et sans préjugés. Elle passe des blondes à Racine, de l'immigration à la gastronomie...Cette capacité à relativiser et distancier les sujets s'apparente à une vision d'une monde où le désapointement n'est jamais loin de la révolte.
PHILIPPE MORAND
Dominique Ziegler, N’Dongo revient et autres pièces, Collection Théâtre en camPoche, Bernard Campiche Editeur, 2009.
Page créée le 27.10.09
Dernière mise à jour le 27.05.10
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