I L'automne s'est couché
comme un soleil
L'horizon déborde.
Mon étoile est morte,
hier, d'un frimas d'octobre, d'une goutte d'eau sur
l'ombre froide. J'ai respiré noir sur la fente
de son dernier sourire, de ce berceau nocturne, où
palpite désormais la clarté de notre
grain de sable éternel.
Je ne vois qu'un champs d'étoiles
glacées balayer l'horizon ouvert sur un ciel
plombé. Il n'y a plus rien! Il n'y a que ce
désert plus pesant que le néant lui-même.
J'écris ces quelques lignes, à peine
plus consistantes que des gouttes de pluie dans cet
automne brouillé, à peine moins irréelles
que mes souvenirs, pour briser ce frisson nocturne
où tout s'engouffre, et glisser de ce souterrain
vers le souffle éclatant de ton origine. Car
seul le fil de ton regard, dont l'ombre s'est emplie,
peut soutenir le vide, le froid et le givre qu'égrène
ma solitude. Je tresse cette guirlande de mots désespérés,
avec pour premier épi, l'étincelle de
cet ultime désir: passer l'éternité
jusqu'à te retrouver!
Chute des soleils!
L'automne a brûlé
l'étoile doucement, brusquement, alors que
je découvrais seulement les vertiges de l'immensité,
de l'infini, de l'azur mystérieux et éclaté.
Par-delà les ciels assourdissants de pureté
et d'indivisibilité, par-delà les terres
labourées par le soleil, les sommets plus aiguisés
que l'âme (la sensation haletante brûle
encore sous mes doigts), j'apprenais les errances
physiques et intérieures. Le paysage dessinait
mon âme, la dilatait, la gonflait jusqu'à
mimer l'étroite correspondance. Parfois, j'ai
balbutié des explosions! Le cheminement initiatique
s'esquissait, maladroit, à travers les mots
d'un Valais originel. Que dire? J'avais le bleu au
bord des lèvres (l'inconscience du bien-être).
Mais l'instant du départ
est toujours là! Dans une nuit noire d'octobre,
suspendue entre le filet des étoiles, la mort
accroche son feu de paille et le chagrin écarlate
germe sur l'ombre.
© Julie Delaloye
jdelaloye@hotmail.com