Petite chronique d'automne
(2)
Cest encore un après-midi
qui sétire interminablement. Dans la
campagne, rien ne bouge, le silence est illimité.
Le chat dort dans la bibliothèque. Tout est
calme dans lennui bleu dun ciel de beau
temps.
Cest lennui dun
après-midi de soleil, darrière-été
qui sent lautomne, lencaustique, les fruits
mûrs. Laprès-midi est entièrement
vide et tout nest que désert, attente.
On attend un appel, peut-être que quelquun
passe. On attend celle quon espérait
mais qui ne viendra pas. Elle avait dit quelle
viendrait ? On finira par ne plus lattendre.
On attendra le soir. Puis la nuit. On attendra daller
dormir. Delle, on espérera rêver.
En attendant, on regarde les
prés à perte de vue déserts.
Ils tremblent un rien, lair tremble un rien,
soupçon de vent, une brise. Les ombres un peu
sallongent. Une feuille tombe, meurt à
nos pieds, se fait or. On la recueille pour la glisser
entre les pages que lon écrit, petite
chronique daprès-midi sans rien.
Besoin de tendresse immense.
On sattarde près des chevaux. Caresser
un cheval, cest si doux. On caresse Faraona,
la jument aux yeux couleur damour. Elle a quatre
ans depuis le 13 avril, elle est de pure race dEspagne,
elle est belle comme les femmes de là-bas.
Ce soir on mangera de la soupe
à la courge et de la tarte aux prunes, des
tartines de confiture de coings. On boira du vin frais
aux reflets rubis sombre et leau de vie des
arbres du verger.
Puis elle arrive, celle quon
nattendait plus, imprévisible inespérée.
On ne lui demande pas doù elle vient.
Comme elle sourit, on sait quelle est heureuse.
On est heureux aussi.
© jean-pierre.cousin@bluewin.ch
16/09/2000 et à peu
près