Propos de minuit en hiver
Il est minuit nuit noire nuit
sans lune, on écoute lennui de la nuit
se glisser derrière un nuage à la veille
du premier février. On se laisse gagner par
la nuit, on cherche à dire la nuit. Mais cette
nuit est-elle vraiment sans lune ? Il fait trop froid
pour aller voir. On sait seulement que demain est
le jour (ou la nuit) du premier quartier de la lune.
Et lon se dit : vivement lété
Ou un printemps qui ressemble à lété.
On pourra admirer la lune sans retenue, sans pull-over,
sur le balcon, de dix heures et demie du soir à
une heure ou plus tard du matin. Ce sera bien.
Une fois de plus, on écrit
à quelquun quon aime, à
une amie proche ou lointaine, on lui écrit
cela. Cette envie de parler est venue, on coule entre
les mots des sentiments remontés de longtemps
et dimprobables rêveries, on pense : il
est bien de rêver, il est bien de passer du
temps à rêver ; mieux quà
pleurer. On pense : pourvu quelle aime ces mots
; ça sert à rien, ces mots, mais ça
fait tellement du bien de les dire, ça pourrait
peut-être la distraire, lui faire du bien aussi.
On naime pas lhiver,
vraiment. On rêve du printemps et des feuilles
aux arbres et des premières fleurs, et de douces
moiteurs, de lauriers roses et de palmiers. Même
cet hiver qui nest pas un hiver, un vrai hiver
avec gel et neige, comme dhabitude, on ne laime
pas. Il faudrait sen aller, partir, fuir vers
la mer, les mimosas.
Ce ne serait pas du tout
sot.
© jean-pierre.cousin@bluewin.ch
me 31/01/2001