|
Comme jamais, dans ce cinquième recueil d'Anne Bregani, la voix du poète est audible avec ses inflexions, son ton, son grain, son souffle. On l'entend lire ses textes, entre murmure et chant, tantôt "dans un fredonnement inouï de joie", tantôt "au-delà de la peur" quand "une autre langue parle sa brûlante tendresse."
Nous tendons l'oreille lorsque traversant les mots ("ohoho") elle ploie à "l'avers de la joie, cette inconnue, cette silencieuse"
"sans savoir
ce qu'elle touchera"
car
"Vivre est aussi
ce fin labeur de patience".
Denise Mützenberg |
|
C'est dans le corps que la poésie d'Anne Bregani trouve sa source avant de se déployer dans l'espace scriptural (...). Cela explique sa présence si prégnante de poème en poème : tête, pieds, coeur, thorax, nuque, épaules, poumons, sang, bouche mains, bras, peau, cellules...
Aussi, les mots s'agencent-ils dans la même verticalité que la colonne vertébrale qui nous tient debout et par laquelle notre système nerveux transite, aussi bien pour donner des ordres que pour recueillir des informations et des sensations jusqu'à fleur de peau, et cela jusqu'à l'extrémité la plus distale de nos membres. Ils entretiennent un lien entre le haut et le bas, la terre et le ciel; ils ont leur pulsation propre, leur scansion, leur rythme, leurs humeurs. Le corps est cette porte, par laquelle on accède au monde, mais aussi celle par laquelle le monde entre en nous.
Léo Bolliger
Anne Bregani
Née à Berne en 1951, Anne Bregani vit à Lausanne où elle a passé trois ans à l'Ecole des Beaux-Arts, puis obtenu, en 1979, une licente en sciences politiques. Enseignante, elle reçoit dans sa classe d'accueil des jeunes qui viennent de tous les continents.
Anne Bregani, La Porte du Nord , Editions Samizdat, 2007, 96 p.
Page créée le 01.08.98
Dernière mise à jour le 23.04.10
|