La parole dont, survivants, ganaches, des jours enfuis où s'ébaucha la communauté, usent quelques-uns, çà et là, philosophes sans tribune déshonorante, chercheurs pas putains, géographes, historiens, ne s'écoute pas dans le bruit du non-sens que quêtera l'oubli. C'est une gageure, un projet qui a l'air, tellement la pensée est bannie du forum, d'un pari à cent contre un que se répandre en sermons devant une population décérébrée que la mise en péril assuré de son propre sang ne peut glacer: ses enfants, leur avenir... J'exécute, accomplirai, jusqu'à ce que choie le crayon de ma main, cette tâche dont le Grand Inspirateur notifia sans appel l'ordre au scribe: je rédige, syllabe, eh oui, sur syllabe et mot après mot, ma phrase, organise ma syntaxe comme une réplique au chaos, dans l'abnégation, parce que du seul qui jamais m'aura imposé je ne réclame aucune prime.

Gaston Cherpillod, D'un ciel bleuâtre : méditations, Editions L'Age d'homme, 2008