Vertigine
Ho ritrovato la mia montagna
I suoi spazi di erba fredda
La sua aria desser perduta
Lontano dalla terra
Nel miracolo della bruma daltura
E degli arcobaleni.
Ho svegliato le greggi
Che dormivano sotto la neve,
Gli occhi spalancati
I musi pieni di fuoco.
Nessuno udì la campana dellalba:
Il tintinnio oltre la soglia del campanile
Si è gelato
E tre stelle
Si sono spezzate
Cadendo.
|
Vertige
J'ai retrouvé ma montagne,
Ses espaces d'herbe froide
Son air d'être perdue
Loin de la terre
Dans le miracle des nues
Et des arcs-en-ciel.
J'ai réveillé les
troupeaux
Qui dormaient sous la neige,
Les yeux grands ouverts
Les naseaux pleins de feu.
Nul n'entendit sonner matines :
Le carillon à peine hors du clocher
S'est congelé
Et trois étoiles
Se sont brisées
En tombant.
|
Sono entrata
Nei prati inzuppati.
Ah! Non avrei dovuto
Ci si può anche morire!
E vi ho colto
Con mani prive di vita,
Mani di terrore,
I gigli bianchi
Traboccanti di rugiada
I gigli Paradiso.
Santa Barbara e santa Caterina
Pregate per me!
Non amo più nessuno
Né i bimbi
Né gli uomini,
Amo lodore del ghiaccio
Amaro e duro
E le profondità
Dove è semplice la vertigine:
Basta uno sguardo.
|
Je suis entrée
Dans les prairies mouillées.
Oh ! je n'aurais pas dû
On en meurt parfois !
Et j'y cueille
Avec des mains sans vie,
Des mains d'effroi,
Les lys blancs
Gorgés de givre
Les lys Paradisie.
Saintes Barbe et Catherine
Priez pour moi !
Je n'aime plus personne
Ni les enfants
Ni les hommes,
J'aime l'odeur de la glace
Amère et dure
Et les profondeurs
Où le vertige est facile :
Suffit d'un regard.
|
Lassù (p.
92)
Lacqua è troppo fredda
per spegnere la sete.
Le vipere vengono a bere il latte
nella gola dei cuccioli lasciati sotto la gerla a piedi
della scarpata.
I muli neri sfondano il petto del
loro padrone, con un colpo di zoccoli.
La falce trascina con sé
il falciatore a picco sul vuoto...
Ma lerba è fatta di
migliaia di fiori.
Il fieno falciato inebria come
lassenzio.
Gli aghi di larice sono amari nella
bocca e dolci contro le guance.
E il paese crudele dove si
vuole tornare.
|
Là-Haut
L'eau est trop froide pour étancher
la soif.
Les vipères viennent boire
le lait dans la gorge des tout petits laissés
sur la hotte au pied du talus.
Les mulets noirs écrasent
la poitrine de leur maître, d'un coup de sabot.
La faux entraîne le faucheur
penché sur le vide...
Mais l'herbe est faite de milliers
de fleurs.
Le foin coupé saoule comme
l'absinthe.
Les aiguilles des mélèzes
sont amères dans la bouche et douces contre les
joues.
C'est le pays cruel où l'on
veut revenir.
|