Alla finestra, lo so, ci sono
delle rose, rose rosse del tardo autunno, le più
alte del roseto rampicante. Non oso guardarle, sono
fiori dun altro mondo, quello che si ferma al
bordo della mia finestra. Mi ricordo di avere amato
le rose; questo ricordo mi è odioso. Non poter
dimenticare, ecco ciò che mi divora, e queste
rose son qui, fiori che si sporgono dal mondo alle porte
dellinferno, solo per ravvivare il fuoco del ricordo!
Sopra le rose, vedo alberi e case, alberi e case qualunque;
là fuori la vita continua; donne si sporgono
alla finestra, bambini giocano nella corte, parte un
tram, una campana suona le ore; qui il tempo si è
fermato. Il tinnìo secco dellorologio,
al di sopra della mia stanza, altro non è, ormai,
che un suono bizzarro, allucinante, di cui ascolto le
vibrazioni, nelle mie notti dinsonnia; il sonno,
anche lui, si è fermato. Non cè
più tempo né sonno: nientaltro che
una spaventosa memoria. Piccoli denti di una selce acuta,
le vibrazioni dellorologio mi fanno male al cervello.
Vorrei poterle acchiappare al volo, come si fa con le
mosche irritanti, e ridurle al silenzio. Al di sopra
degli alberi, cè il cielo, visibile per
zone quadre molto piccole, attraverso le sbarre della
mia finestra, sempre ermeticamente sigillata.
La casa dorme, ma non quelli
che la abitano. Un grido lungo, dimprovviso, rompe
il silenzio, scuotendo i cani di guarda, severi molossi.
Altri cani, di lontano, rispondono ad eco. Un passo
sordo fa schioccare il legno della scala, una porta
si apre, si richiude. Accanto alla mia stanza, una donna
si trascina, emettendo sospiri che salgono da un abisso.
Si siede. Con orrore spio un rumore secco e cadenzato,
sfregamento di un flebile dito sul tavolo. Si direbbe
che questa donna si sfinisca a cancellare una macchia,
una piccola macchia immaginaria, che le toglie il riposo.
Mi par di vederla, questa donna, che dorme, gli occhi
aperti. Ogni notte, la scena si ripete, invariabilmente
la stessa. Smetti! le grido infine. Per
pietà, non mi tormentare in questo modo, oppure
domani il giorno si alzerà su un uomo morto,
misteriosamente colpito, senza ferita apparente!
Non cè stata risposta. La casa dorme, ma
quelli che la abitano continuano il loro gioco, spinti
da una forza acquattata nelle tenebre, davanti a impassibili
testimoni.
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A la fenêtre, je sais qu'il
y a des roses, des roses rouges d'arrière-automne,
les plus hautes du rosier grimpant. Je n'ose les regarder,
elles sont d'un autre monde, celui qui s'arrête
au bord de ma fenêtre. Je me souviens d'avoir
aimé les roses ; ce souvenir m'est odieux. Ne
pas pouvoir oublier, voilà ce qui me dévore,
et ces roses ne sont là, fleurs avancées
du monde aux portes de l'enfer, que pour aviver le feu
du souvenir ! Au-dessus des roses, je vois des arbres
et des maisons, des arbres et des maisons quelconques;
là-bas, la vie continue ; des femmes se penchent
à la fenêtre, des enfants crient dans une
cour, un tram démarre, une cloche sonne les heures
; ici, le temps s'est arrêté. Le tintement
de l'horloge, au-dessous de ma chambre, n'est plus qu'un
son bizarre, hallucinant, dont j'écoute les vibrations,
dans mes nuits d'insomnie ; le sommeil, lui aussi, s'est
arrêté. Il n'y a plus de temps ni de sommeil
: rien qu'une effrayante mémoire. Petites dents
d'une scie aiguë, les vibrations de l'horloge me
font mal au cerveau. Je voudrais pouvoir les saisir
au vol. comme on fait des mouches irritantes, et les
réduire au silence. Par-dessus les arbres, il
y a le ciel, visible par petits carrés, entre
les barreaux de ma fenêtre, toujours hermétiquement
close.
La maison dort, mais non ceux
qui l'habitent. Un long cri, soudain, rompt le silence,
secouant les chiens de garde, sévères
molosses. D'autres chiens, au loin, leur répondent.
Un pas sourd fait craquer le bois de l'escalier, une
porte s'ouvre, se referme. A côté de ma
chambre, une femme se traîne, en poussant des
soupirs qui montent d'un abîme. Elle s'assied.
Avec effroi, j'épie un bruit sec et saccadé,
frottement d'un faible doigt sur la table. On dirait
que cette femme s'épuise à effacer une
tache, une petite tache imaginaire, qui lui ôte
le repos. Je crois voir cette femme dormant, les yeux
ouverts. Chaque nuit, la scène se répète,
invariablement la même. "Arrête !"
lui criai-je enfin. "Par pitié, ne me tourmente
pas ainsi, ou demain, le jour se lèvera sur un
homme mort, mystérieusement frappé, sans
blessure apparente !" Il n'y a pas eu de réponse.
La maison dort, mais ceux qui l'habitent continuent
le jeu, mûs par la force qui gît dans les
ténèbres, devant d'impassibles témoins.
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