Petite chronique des fleurs
et des oiseaux au printemps
Tandis que, ce matin, lon
regardait pousser la première primevère,
les premières pâquerettes que lon
effeuillait en recomptant les lettres dun prénom
particulièrement désiré, tandis
que lon écoutait pousser lherbe,
le gazon, les premières feuilles aux arbres
dun vert tendre délicieux, et les premiers
bourgeons, les chatons, les fleurs des noisetiers,
tandis que lon écoutait monter la sève
dans le verger, de tout en bas les racines jusque
tout en haut dans le ciel bleu, voici que lon
espérait graver un cur sur tous ces troncs,
sans les blesser, sans leur faire mal, et les orner
tous du prénom cent mille fois épelé
dont on parlait voici quelques lignes.
Tout était plein de
soleil partout. On était le dix-neuf mars,
deux jours avant le vingt et un le printemps était
déjà là, les filles étaient
jolies et les oiseaux chantaient. On sétait
éveillé dans un cliché merveilleux.
Ce genre de petit bonheur fait du bien quelquefois.
On en fera une diapositive. On la projettera un soir
du prochain hiver.
En attendant, on a remonté
les géraniums de la cave. Ils avaient soif.
On leur a donné de leau fraîche
et beaucoup damour. Ces survivants de lété
dernier mériteraient plus encore. Du champagne,
par exemple, comme il faudrait toujours en boire,
tous les dimanches, avec les endives au jambon.
Et lon a commencé
à fleurir les balcons. Les primevères
achetées au marché sont autres que dans
les prés, plus opulentes et de multiples couleurs.
Elles plaisent aux dames vieillissantes qui les évoquent
dans leurs bavardages autour dune tasse de thé
clair.
Heureusement, le chant des
oiseaux couvre leurs commérages.
Tout cela nest
que propos léger.
jean-pierre.cousin@bluewin.ch
Dimanche 19/03/2000.