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ROMAN / ASA LANOVA CHANTE ALEXANDRIE

L'empire d'une ville et du temps

Le sous-titre du nouveau roman d'Asa Lanova est explicite : Le Blues d'Alexandrie, II. Effectivement, l'on retrouve partie des traits marquants du livre paru en 1998, cette emprise de la ville égyptienne, ces personnages qui mènent leurs quêtes, cette fascination pleine de stupeur et d'abandon qu'exerce le temps qui passe, ou qui semble se suspendre. Mais, bien dans la tonalité qui baigne cette entreprise littéraire, il ne s'agit pas ici d'une suite rationnelle : davantage d'un prolongement, tout vibrant des échos du récit premier.

Quel mystère émane de ces pages ! Elles forment un ensemble qui évoque certains tissus orientaux, aux motifs à la fois savants et évidents, aux reflets secrets, aux teintes disposées avec raffinement. La phrase d'Asa Lanova, tout en conservant ses richesses, a semble-t-il gagné en fermeté.

Dans la ville-sortilège, omniprésente, les personnages se trouvent face à leur destin. Peints avec force et sensibilités, ils viennent nous hanter, comme des figures qui avancent, qui risquent des choix ou subissent leur sort (quelle sourcilleuse balance !). Ils semblent nous offrir le miroir fragmenté et décalé de nos propres interrogations.

Voici Leilah, l'humble brûlée d'un amour puissant, qui s'accomplit dans l'abnégation. Julien, le poète travaillé par l'impuissance d'être et d'écrire. Clio, murée dans un silence sans fenêtre depuis la mort de son amant. Eve, habitée par le souvenir de la Belle Astronome Hypathie, et qui, perdue, cherche plus que d'autres encore le sens de sa vie. Et Nemrod, le souverain, qui exerce une étrange fascination sur son entourage et qui décide de se consacrer au soulagement des plus démunis.

Tout, dans Les Jardins de Shalalatt est empreint d'énigme, de mystère, comme si l'existence, le temps et tout le reste, demeuraient à jamais insaisissables, dans un bercement sans fin où se mêlent les désirs et les craintes, les choix et les contraintes, l'amour et la mort (ou la mour et l'amort...). Peut-être que la clef du secret se trouve dans le regard du faucon, ou dans un battement de ses ailes, ou dans l'haleine qui s'échappe aux commissures des phrases.

René Zahnd

Asa Lanova : Les Jardins de Shalalatt, Bernard Campiche Editeur, 2001, 297 p.

 

Page créée le 28.12.02
Dernière mise à jour le 28.12.02

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