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Petites chroniques d'arrière-printemps en Méditerranée

 

Présentation de l'auteur
Petite chronique d'arrière-printemps en Méditerranée (1)
Petite chronique d'arrière-printemps en Méditerranée (2)
Petite chronique d'arrière-printemps en Méditerranée (3)
Petite chronique d'arrière-printemps en Méditerranée (4)
Petite chronique d'arrière-printemps en Méditerranée (5)
Petite chronique d'arrière-printemps en Méditerranée (6)
Chronique de février en Méditerranée
Chronique de février en Méditerranée (2)
Chronique de février en Méditerranée (3)

Petite chronique d’arrière-printemps en Méditerranée (4)

Minuit.

On reste encore sur le balcon. Seul à écrire, à lire. Écouter.

La nuit serait silence. La nuit n’est pas silence.

La nuit est vivante et bruit.

Le ciel est noir.

Quelques étoiles. Et tous les réverbères dans les rues, les routes, les chemins. Et des voitures qui passent. De temps en temps. Mais autrement : personne. Les pins, les toits des maisons dans les pins, un paysage que l’on surplombe, survole. Jusque très loin où les collines s’arrêtent, juste devant la mer.

La mer doit être noire. Comme le ciel. La mer a la couleur du ciel.

On marcherait le long de cette mer. On marcherait dans la mer. On crierait. Qu’on aime. On rêve.

Il faut marcher jusqu’à la mer. Crier. Personne n’entend. Tant mieux.

On reste ici. Sur le balcon. On boit du thé. On écrit, on lit. On écoute les bruits de la nuit. La nuit n’est pas silence.

On entend

comme un coup de feu dans la nuit.

Ici la nuit est pleine de bruits bizarres. On s’en inquiétait autrefois. On ne s’inquiète plus.

Un hurlement de chien. Tous les autres répondent. De plus en plus faiblement, au loin.

Quelque chose siffle.

Des portières claquent.

Encore comme un sifflement dans la nuit.

La nuit est pleine de bruits bizarres. On ne s’inquiète pas.

On dormirait, rien n’aurait lieu puisqu’on ne saurait rien.

On dormirait, on manquerait un paysage.

On manquerait un monde.

On entend les camions des poubelles qui sillonnent la nuit. On les entend avancer, reculer. On entend que l’on vide les poubelles. On entend le signal que le camion recule.

Toute une musique de nuit.

Ronde des poubelles de nuit.

Les poubelles se ramassent la nuit.

Tout un ballet. Le ballet des camions des poubelles la nuit. Qui sillonnent la nuit. Ils avancent lentement. Inexorablement. Ils se rapprochent. Ils viendront jusqu’ici. Bientôt. Plus tard. On ne sait pas. La scène a lieu sous un ciel noir illuminé de réverbères.

Mille lumières. Mais l’on n’a pas compté.

Minuit.

L’heure des poubelles ici.

On relisait " Les mains négatives " tout à l’heure. Il faudrait voir le film. Marguerite Duras n’a pas écrit que des textes magnifiques, elle en a aussi fait des films. Dans " Les mains négatives ", on voit des images d’hommes à la peau noire qui ramassent les poubelles à Paris.

Coïncidence.

On lit un texte.

Et l’on entend les images du film en train de se vivre tout près.

En même temps qu’on lit.

© jean-pierre.cousin@bluewin.ch
ve 02/06 – minuit – di 30/07/2000

 

Page créée le 01.08.01
Dernière mise à jour le 01.08.01

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