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Bernard Campiche Editeur

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Collection CamPoche

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  Jacques-Etienne Bovard / Demi-sang suisse

ISBN 2-88241-119-7

Volume 1 de la collection camPoche

Le cadavre de Me Julien Chapart, avocat et polémiste virulent, est découvert dans un ravin de la Mentue.

«Accident d’équitation», conclut le rapport de la Police vaudoise de sûreté, mais l’hypothèse d’un homicide, soutenue par la presse, demeure assez préoccupante pour qu’un second enquêteur soir envoyé au Centre équestre des Esserts. Au cas où… Et parce qu’il faut bien donner du travail à l’inspecteur Abt, que le scandale des fiches a chassé de son souterrain…

Ainsi la taupe émerge éblouie au monde démesuré et panique du cheval. Enquête policière, reconquête existentielle, ce roman décrit aussi la rencontre avec l’animal fantastique qui ouvre au «petit Suisse» les portes d’un agrandissement salutaire.

Jacques-Eteinne Bovard, Demi-sang suisse, Editions Bernard Campiche, 2002.


Extrait

«Quinche halète, l’ivresse tournée en coup de fouet.

- Plus qu’une seule boule d’énergie qui se donne, tu comprends?… Au trot, au pas, au galop, en dressage, en saut, peu importe, plus qu’une boule de six cents kilos qui ne pèse plus rien, qui ne touche même plus terre!… C’est ça le plaisir total, la fusion avec l’autre que tu aimes et qui t’aime, c’est ça ce que j’appelle moi une vraie paire cheval cavalier!…

Ses yeux étroits sont roses, noyés de larmes, et la souffrance est montée dans sa voix comme un poing qui le serre. Tu t’es laissé prendre la main, Quinche, le galop t’emporte, incontrôlable…

- Tu veux que je te dise pourquoi les hommes sont prêts à faire n’importe quelle folie, depuis la nuit des temps, pour un cheval ou pour une femme?… Parce que c’est ce qu’il y a de plus beau sur la Terre, d’abord. C’est comme ça. Et puis surtout parce qu’un cheval, c’est en même temps la femme de tous tes rêves et le corps que tu n’es pas, le sexe fabuleux que tu n’as pas pour lui faire l’amour à n’en plus finir… Mon vieux quand tu as senti ça, c’est fini. Tu es un cavalier et tu n’as plus besoin de rien d’autre. Tu es un cavalier et tu es brûlé. Plus le même… Cavalier brûlé… L’amour, la violence, la frime, toutes les passions et sous-passions imaginables, quand le cheval a commencé à les allumer en toi, tu reviens plus en arrière, tu peux plus t’en passer. Et tu as beau travailler à garder la tête froide, plus tu vas, plus tu flambes…»

Extrait de : Demi-sang suisse

Notice biographique

Jacques-Etienne Bovard est né à Morges en 1961. Licencié en lettres, il est maître de français au Gymnase de la Cité, à Lausanne.

Loin de cacher son attachement à son pays, dans tous les sens du terme, il s’efforce dès ses premières nouvelles, Aujourd’hui, Jean (1982), de saisir le romanesque ici et maintenant. Polémique avec La Venoge (1988), satirique dans son premier roman La Griffe (1992) ou les nouvelles de Nains de jardin (1996), dont le succès ne faiblit pas, il est aussi préoccupé par une constante quête de valeurs qui puissent résister aux dérives qu’il dénonce.

Au délire sécuritaire et stérile répond ainsi l’essor de Demi-sang suisse (1994), au gouffre des incertitudes fin de siècle la générosité brute des Beaux Sentiments (1998) ou d’Une leçon de flûte avant de mourir (2000).

Couronné de nombreux prix, Jacques-Etienne Bovard fait partie des auteurs suisses romands les plus réguliers et les plus largement reconnus par le public.

La Presse

Jacques-Etienne Bovard, le cas est rare parmi la nouvelle génération des auteurs romands, s’inscrit en droite ligne dans le sillage de Ramuz ou de Chessex. Il s’affirme en romancier, parle d’une terre et de ses gens. Mais Bovard n’est pas un banal épigone de ses illustres prédécesseurs: il dépeint son monde à lui, dans son style, avec ses thèmes, qui passent pas la quête de soi, par le désarroi, dans un monde résolument contemporain.

René Zahnd

…Il est rare que l’on tombe sur un roman aussi parfaitement charpenté. Un chef-d’œuvre d’équilibre. Des dialogues menés avec un art de stratège, une intrigue toute en nerfs, bondissante, surprenante jusqu’à la dernière métamorphose du héros en quête de lui-même. Deuxième bonne surprise: cette réussite est l’œuvre d’un jeune auteur né à Morges, en 1961, qui signe son deuxième roman.

L’enquête policière où s’engage Abt va recouper le chemin de ses propres métamorphoses. De cet accord toujours subtil provient la puissance du livre. D’abord arrêté au bord de la vie par la méfiance, la peur, l’absence de toute générosité, en mal d’humanité au pays de l’humanitaire, Abt va progressivement changer de peau, prendre possession de lui-même, renaître…

Michel Audétat


Oeuvres de Jacques-Etienne Bovard

Aujourd’hui, Jean, Nouvelles, Lausanne: Editions de l’Aire, 1982
Collection Le Coup de Dés

La Venoge, Avec des photographies de Marcel Imsand et Denis Roulet, Lausanne: Editions 24 Heures, 1988
Collection Arts et Paysages suisses

Mystère et Transcendance dans «La Sibylle» et «L’Eté des Sept-Dormants» de Jacques Mercanton, Essai critique, en collaboration avec André Jeanmonod, Lausanne: Editions de l’Aire, 1991

La Griffe, Roman, Yvonand: Bernard Campiche Editeur, 1992
Prix Bibliothèque Pour Tous 1993
Prix littéraire Lipp Genève 1993

Traduction allemande
Warum rauchen Sie, Monsieur Grin?, Traduit par Markus Hediger, Bâle: Lenos Verlag, 1996

Demi-sang suisse, Roman, Yvonand: Bernard Campiche Editeur, 1994
Prix Rambert 1995

Traduction allemande
Der Nebelreiter, Traduit par Gabriela Zehnder, Zürich: Limmat Verlag, 2002

Nains de jardin, Nouvelles, Yvonand: Bernard Campiche Editeur, 1996

Les Beaux Sentiments, Roman, Orbe: Bernard Campiche Editeur, 1998
Prix des Auditeurs de «La Première» 1999

Une leçon de flûte avant de mourir, Roman Orbe: Bernard Campiche Editeur, 2000
Prix de la Société littéraire de Genève 2000

 

  Anne Cuneo / Mortelle maladie

ISBN 2-88241-120-0

Volume 2 de la collection camPoche

«Il y a à peine quelques jours j’écrivais: J’ai trente ans, je vis. Mais ça, c’était avant de savoir. Maintenant, la réalité, c’est, j’ai trente ans, je meurs.»

La narratrice Anne (Cuneo) est enceinte. Mortelle maladie est le rapport bouleversant de sa grossesse qui se termine par une fausse couche au sixième mois.

Au début, Anne refuse cet enfant, elle a peur d’être rejetée en tant que femme, d’être enfermée dans l’image traditionnelle de la mère, elle panique. Elle ne sait pas comment apprendre à devenir mère. Elle crie au secours ou bien se réfugie dans le sommeil, dans les rêves. Lorsqu’elle est obligée d’aller en clinique à cause d’une hémorragie et que la vie de l’enfant est en danger, elle commence à le vouloir, à l’aimer et à nouer une relation intime avec lui. Elle s’oppose violemment à la césarienne - pourtant inévitable.


La mort de l’enfant déclenche la deuxième crise, dont elle guérit grâce à deux femmes: Annunziata et Zohra. Annunziata, une immigrée italienne, avec qui Anne partage une chambre, lui fait voir l’Italie véritable: la mafia règne et la femme est soumise à la volonté des parents, du mari et de Dieu. Sa seule tâche est d’avoir des enfants. Annunziata se révolte, prend son destin en main et se fait stériliser. Les témoignages de l’Italienne révèlent à Anne que son sort n’est pas unique et qu’elle est en effet privilégiée. «La femme sur mille qui perd son enfant? Je ne suis pas cela. Je suis une des privilégiées qui sauvent leur peau, un des dix-sept pour cent qui ont fait des études universitaires.» Zohra, femme de ménage algérienne, qui après douze grossesses est vieille à trente ans, s’exclame quand elle apprend qu’Anne n’a pas d’enfants: «Tu en as de la chance.» Alors, Anne comprend que pleurer n’est pas de mise, qu’il ne reste qu’à écrire, Mortelle maladie va naître…

Béatrice Chissalé
(In: Témoignage et écriture: analyse de l’Œuvre d’Anne Cuneo. Thèse inaugurale présentée à la Faculté des Lettres de l’Université de Berne, 1995)

Anne Cuneo, Mortelle Maladie, Editions Bernard Campiche, 2002.

 

Extrait

«Ah! que ça arrive à une autre!

Vite, point par point, chaque pas est une brassière. Si c’est un garçon… Non. Si c’est une fille…

Une fille. Je veux une fille qui s’appellera Eva, une fille qui vivra mieux que moi. Une fille que je langerai, que je veillerai.

Une fille qui me volera mes nuits de velours.

Non, non.

Des milliers de langes, des milliers d’heures passées à penser à elle, des milliers de jours évanouis. Je serai une mère. Des milliers de possibilités englouties.

Une mère, moi?

Moi?

Moi???

Je ne peux pas. Je ne peux pas.

On ira se promener entre femmes. Chacune avec son pousse-pousse. Le mien a une dent. Le mien fait da-da.

Pendant ce temps, les avions continueront à sillonner le ciel et au pli bleu de l’horizon les amants…

Pendant qu’au fond de mon ventre quelqu’un suce ma flore, rase les vastes prairies.

Je refuse.»

Notice biographique

Née à Paris à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Anne Cuneo passe son enfance en Italie du Nord.

Après la mort de son père en 1945, elle passe plusieurs années dans divers internats et orphelinats religieux en Italie d’abord, puis à Lausanne où elle doit s’adapter à la langue et à l’environnement nouveaux. Après cette difficile période, elle passe une année en Angleterre, à Plymouth et Londres et découvre la culture anglo-saxonne. Plus tard, elle puisera dans les souvenirs de ce moment décisif de son adolescence pour un roman plein d’humour et de fraîcheur, Station Victoria (1989). De retour à Lausanne, elle est d’abord téléphoniste, puis étudie à l’Université de Lausanne (licence ès lettres), apprend les métiers de la publicité, enseigne la littérature, voyage à travers l’Europe.

Eclectique, Anne Cuneo partage son temps entre la création dans presque tous les domaines de la littérature et du journalisme. Son œuvre est animée par une participation spontanée aux courants modernistes. L’illustration de ses choix esthétiques apparaît dans Gravé au diamant (1967), Passage des Panoramas (1978), Hôtel Vénus (1984). Porte-parole des laissés-pour-compte dans La Vermine, elle introduit le monde des immigrés dans la littérature romande avec les deux volumes de son Portrait de l’auteur en femme ordinaire (1980/1982). Elle évoque le milieu des malades dans Une cuillerée de bleu (1979) après avoir survécu à un grave cancer. Essayiste, elle dessine des portraits des milieux du spectacle dont elle se sent proche: Le Piano du pauvre (1975), La Machine Fantaisie (1976), Le Monde des forains (1985), Benno Besson et Hamlet (1987).

Elle participe à des expériences cinématographiques et théâtrales. De l’écriture, elle passe à la mise en scène et à la réalisation.

Aujourd’hui, Anne Cuneo ne met plus sa vie en livres, estimant qu’elle a raconté tout ce qu’elle a vécu de différent. Cette voix plus profonde, elle la prête à des personnages, qui s’expriment toujours à la première personne, telles les héroïnes de Station Victoria (1989) et de Prague aux doigts de feu (1990), ou le héros du Trajet d’une Rivière (1993, Prix des Libraires 1995), Francis Tregian. Anne Cuneo a publié en 1996 une suite indirecte au Trajet d’une rivière, Objets de splendeur, où la figure attachante d’un Shakespeare amoureux nous réintroduit dans l’univers du grand dramaturge.

En 1998, Anne Cuneo publie son premier roman dit «policier» (mais qu’elle qualifie de «roman social») Ame de bronze - suivi en 1999 par D’or et d’oublis puis en 2000 par Le Sourire de Lisa - où l’on retrouve l’enquêteuse Marie Machiavelli.

Anne Cuneo collabore au Téléjournal à Genève et à Zurich, où elle demeure conjointement aujourd’hui. Ses ouvrages, constamment réédités et traduits en allemand, sont tous de grands succès de librairie en Suisse.

La Presse

En exergue de Mortelle maladie, nous lisons un extrait de La Traversée difficile de F. Scott Fitzgerald. Puis, un poème du surréaliste Benjamin Péret: Immortelle maladie.

Ces lignes d’autrui, insérées dans son récit, Anne Cuneo ne s’en sert pas pour faire valoir son capital littéraire, mais bien plutôt comme amers, comme points de repères. Pourtant, si les mots des autres la guident d’abord, l’auteur tend à se diriger seule vers «la maison des algues». Car Anne Cuneo est écrivain authentique, elle aspire aux pouvoirs du langage. Et disons sans finasser qu’elle y parvient: de Gravé au diamant, son premier récit, à Mortelle maladie, un ton s’est établi, une voix s’est posée.

Voix fragile, voix chaleureuse, mais aussi nouée par la souffrance. Et puis voix de la révolte contre le mal qui la ronge, contre la société des hommes, où la femme est parfois encore une esclave.

«Déchirures, lamentations, microcosmes entrechoqués la voici, elle s’avance à pas de loup: la vocation de la femme.»

Difficulté d’être, d’être femme, d’être mère, l’écrivain tente de la surmonter en l’exprimant. «Comment exprimer la panique par “ la veinule dans laquelle je pourrai me glisser ”?»

La première partie du livre est attente. Attente de l’enfant, d’abord intrus, et puis devenu fils, chair longuement désirée, jusqu’au jour de l’accident, qui laisse la mère de nouveau seule.

Alors l’individu se retrouve dans le monde des survivants, et ne lui reste plus qu’à s’inventer de nouvelles raisons de vivre. Mère frustrée, la narratrice devient femme, écrivain tentant d’assumer le sort de ses semblables, en disant le calvaire d’Annunziata, la mère italienne, en élevant à la multitude son drame.

Ainsi, Mortelle maladie devient témoignage. Mais non manifeste politique, car l’auteur est trop proche de ses mots (de ses maux), pour s’en servir à des fins de militantisme. Le témoignage n’en est d’ailleurs que plus vibrant, lorsque la forme ne souffre d’aucun slogan, mais toujours exprime un drame vécu.

Ouvert comme une plaie, Mortelle maladie est le poème douloureux d’une femme rendue à sa douleur, et enfin ouverte au monde.

Jean-Louis Kuffer
Tribune de Lausanne

Un roman d’amour qui ne ressemble pas au Grand Meaulnes idéalisé de notre jeunesse, mais pétri de boue, savoureux comme une pulpe juteuse. L’inspiration du titre vient d’un merveilleux poète surréaliste - et d’un poète du merveilleux - Benjamin Péret: Immortelle maladie.

Un chant d’amour - autobiographique? - et de mort nous saisit. Dans un bain de sève, l’héroïne nous dévoile un amour incarné mais pudique: «Dans la rue il fait froid. Et moi, j’ai chaud au ventre», dit-elle. Elle ne se sent pas secouée d’une angoisse métaphysique mais empoignée par la joie et la douleur, à l’image de l’amour vécu. Le rythme de cette voix évoque un amour - la chair de sa chair - qui va mourir, envoûtant riche de reflets ensoleillés, qui n’est pas sans rappeler Les Chants de Maldoror.

Anne Cuneo se prépare, aussi moralement, à accoucher; elle va finalement subir une césarienne et l’enfant mourra: «Personne ne semble savoir dans sa chair qu’une nuit d’amour ne se recommence jamais.»

Au-delà de la réalité dure et quotidienne, elle exprime son sentiment profond de la solitude et les réflexions de l’infirmière, les piqûres, les questions insidieuses en un langage lyrique qui nous empoigne.

Au fond, Anne Cuneo est une femme-poète comme il existe des femmes-troncs ou des femmes-objets… avec authenticité et naturel.

Dans le lit voisin, à l’hôpital, une patiente italienne nous apprend qu’un médecin de Martigny l’a traitée de putain, comme dans sa Sicile natale.

Récit peuplé d’évasions, de réminiscences, il y souffle une soif de liberté (y compris la Grèce d’avant les Colonels, déjà), toute une chaude lumière du sud qui nous embrasse et nous envahit.

Vraiment de belles images avec tous les désenchantements d’un grand écrivain, jeune encore…

Abraham Kraiko


Oeuvres d'Anne Cuneo

Récits, romans

Gravé au diamant, Lausanne: L’Aire, 1967
Anti-Prix de la Radio Suisse Romande 1968

Mortelle maladie, Lausanne: L’Aire/Coopérative Rencontre, 1969

Traduction allemande
Dinge, bedeckt mit Schatten, ein Bericht, Einsiedeln: Bänziger Verlag, 1975

La Vermine, Lausanne: Cedips, 1970

Poussière du réveil, Lausanne: Bertil Galland, 1972

Le Piano du pauvre, La vie de Denise Letourneur, musicienne, Lausanne: Bertil Galland, 1975
Orbe: Bernard Campiche Editeur, 2000

La Machine Fantaisie, Enquête sur le cinéma suisse, Lausanne: Bertil Galland, 1977

Passage des Panoramas, Vevey: Bertil Galland, 1978
Lausanne: L’Age d’Homme, 1991

Collection Poche suisse

Traduction allemande
Passage des Panoramas, eine Reise zum eigenen Ich, Francfort: Suhrkamp Verlag, 1979

Une cuillerée de bleu, Chronique d’une ablation, Vevey: Bertil Galland, 1979
Paris: Eric Losfeld, 1979

Traduction allemande
Eine Messerspitze Blau, Zurich: Limmat Verlag, 1982
Berlin: Ullstein Taschenbuch, 1999

Les Portes du jour, Portrait de l’auteur en femme ordinaire; 1, En collaboration avec Lydia Cuneo,
Vevey: Bertil Galland, 1980

Traduction allemande
Portrait der Autorin als gewöhnlicher Frau, Vor Tau und Tag, Zurich: Limmat Verlag, 1983

Le Temps des loups blancs, Portrait de l’auteur en femme ordinaire; 2, Vevey: Bertil Galland, 1982

Traduction allemande
Portrait der Autorin als gewöhnlicher Frau, Die Zeit der weissen Wölfe, Zurich: Limmat Verlag, 1985

Hôtel Vénus, Lausanne: Favre, 1984

Traduction allemande
Hotel Venus, Zurich: Limmat Verlag, 1984

Station Victoria, Yvonand: Bernard Campiche Editeur, 1989
Paris: Editions Denoël, 1998
Prix Alpes-Jura 1990
Prix Bibliothèque Pour Tous 1990

Traduction allemande
Station Victoria, Zurich: Limmat Verlag, 1991
Munich: Heyne Verlag, 2000

Prague aux doigts de feu, Yvonand: Bernard Campiche Editeur, 1990

Le Trajet d’une rivière, Yvonand: Bernard Campiche Editeur, 1993
Paris: Editions Denoël, 1995
Paris: Gallimard, 1996. Collection Folio No 2910
Prix des Auditeurs de «La Première» 1994
Grand Prix 1994 de la Fondation vaudoise pour la promotion et la création artistiques
Prix littéraire «Madame Europe» 1995
Prix des Libraires 1995

Traduction allemande
Der Lauf des Flusses, Zurich: Limmat Verlag, 1995
Berlin: Ullstein Taschenbuch, 1999

Traduction néerlandaise:
De loop van een rivier, Breda: Uitgeverij De Geus, 1997

La Flûte et les ratonneurs. Nouvelle, Yvonand: Bernard Campiche Editeur, 1994

Au bas de mon rêve, Poèmes, Yvonand: Bernard Campiche Editeur, 1995

Objets de splendeur, Roman, Yvonand: Bernard Campiche Editeur, 1996
Paris: Editions Denoël, 1996

Traduction allemande
Dark Lady, Zurich: Limmat Verlag, 1998
Munich: Heyne Verlag, 1999

Ame de bronze, Une enquête de Marie Machiavelli, Yvonand: Bernard Campiche Editeur, 1998

Traduction allemande
Herz aus Eisen, Zurich: Limmat Verlag, 2000

D’or et d’oublis, Une enquête de Marie Machiavelli, Orbe: Bernard Campiche Editeur, 1999

Traduction allemande
Vergessen ist Gold, Zurich: Limmat Verlag, 2001

Le Sourire de Lisa, Une enquête de Marie Machiavelli, Orbe: Bernard Campiche Editeur, 2000

Essais

Art, Rupture et Résistance, Moutier: Editions de la Prévôté, 1978

Le Monde des forains, Frères humains qui avec nous vivez, Lausanne: Trois Continents, 1985

Benno Besson et «Hamlet», Lausanne: Favre, 1987
Un portrait à travers quelques mises en scène de Hamlet

Théâtre, radio, télévision

Les Bourreaux ordinaires, 1971; Jours du chat, 1972; Le Piano du pauvre, 1975; Cessez de m’appeler Grand-Père, 1976; Une fenêtre sur le 9 novembre, 1979; Le Grand Jeu de la vie courante, 1980; Le Joueur de flûte d’Argen, 1980; L’Aigle de la Montagne noire, 1981; Au sud des nuages, 1981; Lorelay, 1985; Scènes de la vie d’un pavé, 1986; Ophélie des bas quartiers, 1986; La Plainte d’Elvira, 1987; Madame Paradis, 1988; Les Enfants de Saxo, 1990; Omnibus, 1997; D’or et d’oublis, 1998.

Films

Cinéjournal au féminin, 1981; Wenn die City kommt, 1982; Les Sept Vies, 1983; Signes de terre, Signes de chair, 1983; Basta, 1986; Durchdringende Welten (Le peintre Cenek Prazak), 1992; Francis Tregian, gentleman et musicien, 1996; Friedrich Glauser, La Dernière Carte, 1996; Adrian Frutiger, créateur d’écritures, 1998; Anne-Marie Blanc: la petite Gilberte, 2001; Ettore Cella, ein Küntlerleben, 2002.

Prix littéraires

Anti-Prix de la Radio Suisse Romande, 1968; Prix Schiller pour l’ensemble de son œuvre, 1979; Prix culturel du canton de Zurich, 1981; Prix «Bourse littéraire» de la Ville de Zurich, 1988; Prix Bibliothèque Pour Tous, 1990; Prix Alpes-Jura, 1990; Prix des Auditeurs de «La Première», 1994; Grand Prix de la Fondation vaudoise pour la promotion et la création artistiques, 1994; Prix littéraire «Madame Europe», 1995; Prix des Libraires, 1995.

 

  Anne-Lise Grobéty / La Fiancée d’hiver

ISBN 2-88241-121-9

Volume 3 de la collection camPoche

Dans La Fiancée d’hiver, Anne-Lise Grobéty va explorer de nouveaux registres. Le fantastique: un couple meurt prisonnier des précautions prises pour faire respecter leur propriété. Le romanesque un peu échevelé: une mère a réussi à se faire passer pour morte afin d’assister à ses propres funérailles et démasquer sa fille qui la hait. L’anecdote historique: «Wernher von B.» évoque les aventures du futur inventeur des V2 quand il était étudiant à Zurich, ses démêlés avec sa logeuse parce qu’en utilisant une roue de bicyclette et une souris il expérimentait les effets de l’accélération sur un être vivant. L’humour: la romancière pleure toutes les plumes que ses petites filles ont cassées. «La Fiancée d’hiver» nous offre, un peu à la façon des «blasons» du XVIe siècle, des évocations poétiques de la femme aimée où s’unissent la nature et le désir, les saisons et le corps. (…) Mais le recueil comporte aussi sa part de violence et de cruauté. L’héroïne de «Maternaire» avoue avoir pris plaisir à maltraiter son enfant qui en mourra. Et la petite fille de «Sale bête bête morte» réagit à sa façon à ce qu’elle a compris: sa mère trompe le père avec le psychiatre qui soigne l’enfant.

Jean-Luc Seylaz
(In: Anne-Lise Grobéty. Association Suisse des Editeurs de Langue Française, 1997)

Anne-Lise Grobéty, La Fiancée d'hiver, Editions Bernard Campiche, 2002.


Extrait

«Je suis ta fiancée d’hiver. Que crains-tu? Le froid n’a pas de prise sur mon manteau de laine et je t’y enroulerai avec moi. Nos chambres sont chauffées et tu entendras le bois des parois s’étirer et craquer d’aise sous la chaleur. Tu entendras le fourneau chuchoter chut chut et chahuter les bûches. Je ne parlerai pas pour que tu entendes tout ça. Je te ferai boire du thé où flotte un frêle tronc de cannelle, tu respireras le pain noir quand il sort du four banal devant la maison et qu’on le jette brûlant dans les corbeilles à demi enfoncées dans la neige…

Votre fiancée d’été sait jongler avec trois oranges? Celle de printemps change le vin en rires? Celle d’automne aime les chauves-souris? Mais moi, moi votre fiancée d’hiver, je peux, rien qu’en les pressant dans mes paumes, changer les noix en une belle huile jaune! Je connais bien d’autres secrets et je vous dirai comment mes tours de sorcière. Le feu en brûlant ses histoires m’a tant de fois consumée avec lui que je brûle eau-de-vie à l’intérieur… Sentez au creux de ma paume, chaude et huilée. Je suis glace et lave, braises et bise, silence ouatiné et sirène du vent des bourrasques: je suis votre fiancée d’hiver, rêvant d’être vos larmes - car mes larmes à moi, à peine nées de mes yeux, sont déjà perles de gel, et si j’étais vos larmes, je naîtrais sous vos paupières chaudes, roulerais sur votre visage brûlant, bouillonnerais sous vos lèvres de pierre ollaire!

Fiancée d’hiver, je suis née. Fiancée d’hiver, je persiste et finirai.

Mais je n’aurai pas peur quand la secousse m’arrachera à ma terre. Car de vous avoir aimé, j’ai appris que mes limites étaient bien au-delà des contours de mon corps; c’est comme si je m’allongeais et m’étirais déjà loin au-delà de moi-même, vers ces territoires d’inconcevables infinis…»

Extrait de : La Fiancée d'hiver


Notice biographique

Née en 1949 à La Chaux-de-Fonds, Anne-Lise Grobéty étudie à la Faculté des lettres de l’université de Neuchâtel et effectue un stage de journalisme. Elle commence à écrire très tôt, et elle a dix-neuf ans lorsque paraît son premier roman. Après un deuxième roman, elle ralentit son activité littéraire pour s’occuper de ses enfants. Dans le même temps, elle s’engage politiquement et siège pendant neuf ans comme députée socialiste au Grand Conseil neuchâtelois. Son mandat achevé et ses filles devenant plus autonomes, Anne-Lise Grobéty renoue avec l’écriture dès 1984.

Anne-Lise Grobéty se fait connaître du grand public dès son premier roman, Pour mourir en février, couronné par le Prix Georges-Nicole. La suite de son œuvre connaît le même succès: le prix Rambert et deux prix Schiller lui ont notamment été décernés. Parmi ses publications les plus importantes, les romans Zéro positif et Infiniment plus, tous deux traduits en allemand, et les recueils de nouvelles La Fiancée d’hiver et Belle dame qui mord. Elle a reçu le Grand Prix C. F. Ramuz en 2000, et le Prix Saint-Exupéry-Valeurs Jeunesse de la Francophonie 2001 pour Le Temps des mots à voix basse.

Ses narratrices cherchent à affirmer leur identité féminine, à une époque où la présence des femmes en littérature commence à s’affirmer. Anne-Lise Grobéty est donc aussi fortement concernée par la condition de la femme écrivain, par les aspects historiques, formels et politiques de l’écriture féminine, mais elle poursuit surtout une exploration de la langue dans une tonalité bien à elle.


La Presse

… Enfin, le plus beau de ces textes, celui qui s’intitule La Fiancée d’hiver, donne toute la mesure d’un talent d’écrivain, sa liberté, sa mobilité, en une sorte d’incantation baroque et passionnée qui intègre à son élan les écarts de la syntaxe ou du vocabulaire. Passent les saisons, les visages, la fiancée d’été court plus vite que l’eau, celle d’automne est une bourrasque de rires et de frissons, celle de printemps s’enfuit gaiement sous la pluie, celle d’hiver… Il faudrait citer en entier ces pages haletantes et frondeuses. On songe parfois au Blason des fleurs et des fruits d’Eluard. Ou à la simplicité solennelle d’autres poèmes: «Votre nom s’écrit dans la bulle de mon haleine chaque fois que je respire. Votre nom s’écrit dans l’empreinte de mes pas.»

Georges Anex, Journal de Genève

Il se trouve, et je le confesse, que je n’avais jamais lu Anne-Lise Grobéty. Cette œuvre est trop connue en Suisse romande, me dit-on, pour qu’il ne semble pas quelque peu ridicule de paraître la découvrir. Tant pis, c’est le cas.

… Quelle sottise que les frontières, celles qui ont laissé les lecteurs français ignorant d’Anne-Lise Grobéty et du «grand vertige, vertige du carrousel des “ grand ”, musique violente, femmes peintes dans les roulottes et sous dans la main», vertige qui, dit-elle, montent encore souvent de sa poitrine. Et engouffre son lecteur.

Françoise Giroud


Oeuvres d'Anne-Lise Grobéty

Pour mourir en février, Roman, Préface de Jean-Pierre Monnier, Lausanne: Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1970
Vevey: Bertil Galland, 1975
Lausanne: Editions 24 Heures, 1984
Lausanne: L’Age d’Homme, 1988
Collection Poche suisse; volume 72
Yvonand: Bernard Campiche Editeur, 1994

Traduction allemande
Um im Februar zu sterben, München: Kindler Verlag, 1971

Traduction italienne
Morire in febbraio, Milano: Il Dito e la Luna, 1997

Zéro positif, Roman, Vevey: Bertil Galland, 1975
Lausanne: Editions 24 Heures, 1984
Yvonand: Bernard Campiche Editeur, 1992

Traduction allemande
Fluchtbewegungen, Zürich: Benziger, Ex Libris, 1977
Collection ch

Maternances, Poèmes, Gravures d’Armande Oswald, Neuchâtel: Editions Galerie Ditesheim, 1979

Les Ramoneurs, Poèmes, Photographies de Pierluigi Zaretti, Lausanne: Editions Payot, 1980

Du côté de l’écriture féminine… in Ecriture féminine ou féministe?. Carouge: Editions Zoé, 1983

Pour mourir en février, Roman
Zéro positif, Roman
La Fiancée d’hiver, Nouvelles
Lausanne: Editions 24 Heures, 1984
Collection Ecrivains

Contes-gouttes, La Tour-de-Peilz: Bernard Campiche Editeur, 1986
2e édition, nouvelle, 1994

La Fiancée d’hiver, Nouvelles, Première édition séparée, augmentée d’une nouvelle,
Yvonand: Bernard Campiche Editeur, 1989
2e édition, 1992

Traduction allemande
Die Wintersbraut, Zürich, Dortmund: eFeF-Verlag, 1992

Infiniment plus, Roman, Yvonand: Bernard Campiche Editeur, 1989

Traduction allemande
Unendlich mehr, Zürich: Benziger, Ex Libris, 1991
Collection ch

Belle dame qui mord, Récits, Yvonand: Bernard Campiche Editeur, 1992

Défense d’entrer, Nouvelles [extraites de La Fiancée d’hiver et de Belle dame qui mort], Carouge: Editions Zoé, 1996
Collection MiniZoé; 16

Compost blues, Lausanne: ASELF (Association Suisse des Editeurs de Langue Française), 2000

Le Temps des mots à voix basse, Récit, Genève: Editions La Joie de Lire, 2001

 

  Sylviane Roche / Le Temps des Cerises

Volume 4 de la collection camPoche

Je viens de lire votre livre et je dois vous dire que j'ai vraiment été très touché. Moi aussi plusieurs fois j'ai eu la gorge serrée... et ce n'est pas étonnant tant la vie de votre héros bien que très différente rejoint parfois la mienne. Il n'y a que cinq ou six ans de différence entre nous mais à cette époque (40-45) il s'agit presque d'une génération différente (la Résistance en particulier) et pourtant, moi aussi, il m'arrive parfois de me demander si je ne suis pas devenu vieux con devant la tournure des événements... Je me trompe peut-être mais j'ai du mal à croire que votre héros est de pure fiction et j'imagine que vous avez été inspirée par quelqu'un de proche. Peu importe puisque le résultat est là. Merci de m'avoir fait ce beau cadeau.

Jean Ferray

... Le Temps des cerises est donc un roman parfaitement convaincant, y compris dans sa visée didactique. Cela tient principalement au talent - ainsi qu'à l'humour indéniable - dont fait preuve Sylviane Roche lorsqu'elle ajuste à la trame des grands événements du siècle la chaîne de petits accidents de l'individu.

.... Ainsi le destin de Blumenthal est-il saisi à l'intersection de deux forces perpendiculaires qui font de lui non seulement un martyr, un amant et un militant has been mais aussi un homme qui découvre, pour ainsi dire accidentellement que l'écriture à un corps et qu'elle peut servir. Servir à apprendre aux autres d'où ils viennent, certes, mais aussi, pour le scripteur lui-même, à rouvrir certaines portes fermées trop tôt. A vivifier le souvenir. A transformer les "simples" fantômes en authentiques revenants et à les remettre à leur juste place lorsque leur présence se fait par trop encombrante... ou ténue.

Philippe Marthaler
Le Nouveau Quotidien

Sylviane Roche, Le Temps des Cerises, Bernard Campiche Editeur, 2003
Prix Franco-Européen 1998
Prix des Auditeurs de "La Première" 1998
ISBN 2-88241-129-4

 

  Gisèle Ansorge / Prendre d'aimer

ISBN 2-88241-134-0

Volume 5 de la collection camPoche

Autour de Séverine évoluent, pêle-mêle, curé, ursuline, famille, anciens mercenaires du Corse, soudard tatoué de boutonnières, le bon pasteur Charles-Auguste, bigotes pincées, pêcheur avec sa voile latine, belle-mère acariâtre, et toute une frise d’hommes et de femmes, tout un peuple avec ses beautés et ses laideurs. L’intrigue se trouve nourrie par une connaissance qui englobe l’histoire, les us et coutumes, les parlers régionaux, Gisèle Ansorge n’ignore pas plus les concoctions médicamenteuses que la manière de mener un train de ferme ou de griller une carpe sur la braise. D’une précision admirable, la langue se teinte parfois de couleurs locales.

Dans Prendre d’aimer, Gisèle Ansorge a su saisir un pays et ses gens, leur mentalité, leurs réactions, comme peu ont su le faire. Son livre embrasse quelques thèmes, par exemple la condition de la femme au début du XIXe siècle, mais surtout il en émerge une figure lumineuse, qui traverse des heures sombres, nomade sur les chemins de la vie, qui puise sa force au plus profond d’elle-même, au nom de l’amour. Après la lecture, Séverine vient habiter la mémoire. Elle laisse le même souvenir qu’une personne réellement rencontrée. Aussi espère-t-on que nombreux seront ceux qui feront sa connaissance.

RENÉ ZAHND, Le Matin

Gisèle Ansorge est née à Morteau, dans le Jura français, en 1923, dans une famille suisse. Gisèle Ansorge, après des études de pharmacie, a travaillé avec son mari Ernest Ansorge dans le domaine du cinéma d’animation. Elle est décédée le 17 décembre 1993 à Étagnières.
Son goût pour la création s’est manifesté dans les secteurs les plus divers: littérature, radio, télévision, graphisme et beaux-arts.
En tant qu'auteur, elle a reçu plusieurs prix pour ses pièces de théâtre et ses pièces radiophoniques. Gisèle Ansorge a également obtenu en 1986 un hommage spécial de la Fondation vaudoise pour la promotion et la création artistiques. Son recueil de nouvelles, Le Jardin secret, a obtenu le Prix de Fribourg 1985.
En 1987, elle publie son premier roman, Prendre d’aimer, qui obtient immédiatement un succès considérable (près de 10'000 exemplaires vendus en Suisse romande), et deux prix littéraires: le Prix Paul-Budry et le Prix des Auditeurs de «La Première».
En 1989, Gisèle Ansorge publie un deuxième roman, Les Tourterelles du Caire, qui obtient le Prix Schiller et confirme son audience auprès des lecteurs. Un recueil de nouvelles, Le Jeu des nuages et de la pluie, consacré aux pierres précieuses, est paru au printemps 1993. Peu avant son décès, Gisèle Ansorge venait de terminer un troisième roman, Les Larmes du soleil.
Prendre d’aimer a été traduit en allemand, sous le titre de Séverine (Limmat Verlag, 1991), et a également obtenu un grand succès. Une traduction allemande de son roman Les Larmes du soleil est en préparation.
À la télévision, Gisèle Ansorge a conçu plusieurs scénarios, notamment celui de Save the King, création de la TV romande pour la Rose d’Or 1970. Au cinéma, elle a signé le scénario du long métrage d'Ernest Ansorge, D’un jour à l’autre, 1972.
Dans le domaine du cinéma d’animation, les époux Ansorge ont mis au point un procédé très original à partir de poudre de sable, procédé qui leur a valu, grâce à douze films, une large reconnaissance internationale.

Gisèle Ansorge / Prendre d'aimer, Bernard Campiche Editeur, Collection CamPoche, 2004

 

  Sylviane Roche - Marie-Rose De Donno / L'italienne

ISBN 2-88241-135-9

Volume 6 de la collection camPoche

Marie-Rose: «Je savais que cette femme qui montait les escaliers de la boutique avec son chapeau cloche allait compter dans ma vie.» Sylviane: «Je lui ai donné ma carte, mon téléphone, alors que je ne le fais jamais.» Marie-Rose: «Sylviane représentait la femme que j’aurais voulu être.» Sylviane: «Marie-Rose m’a donné l’occasion de me racheter de la chance que j’ai dans la vie.» Elles disent parce que c’était elle, parce que c’était moi. Deux sœurs.

On rêve qu’on a pleuré avec elles, qu’on a pleuré de rire dans leurs bras lorsqu’elles se sont raconté leurs vies l’hiver passé dans l’appartement lausannois de Marie-Rose. On envie la confiance qu’elles ont placée l’une dans l’autre, immédiatement, aux premières paroles dites. Instinctivement, en sachant d’avance qu’elles auraient une histoire commune.

Deux femmes. Une écrivaine, Sylviane Roche, professeur de français à Nyon, et une Italienne du Sud, vendeuse de mode dans une boutique lausannoise, qui lui ressemble, Marie-Rose De Donno. Mères et femmes, brunes et fortes. Lumineuses. Mères, mamans comme une évidence: c’est par Sandro que tout a commencé, que ça ne finira jamais. Sandro, ce fils éblouissant, retrouvé mort au bas de l’esplanade de Montbenon à Lausanne, écrasé sur la station-service. (…) Elle veut savoir, cette mort ne la laissera pas en paix tant qu’il y aura encore quelque chose à comprendre, à expliquer…

ISABELLE FALCONNIER, L'Hebdo

Sylviane Roche, d’origine française, est née à Paris, dans le quartier du Marais. Elle est venue en Suisse à l’âge de vingt ans et s’est installée à Lausanne. Elle s’y est mariée et a eu deux enfants, Emmanuel et Élodie. Elle a aussi obtenu une licence de lettres à l’Université de Lausanne. Bien qu’elle ait été très bien accueillie et intégrée en Suisse, elle s’est toujours sentie dépaysée, exilée à Lausanne, et reste très attachée à Paris et à la France où vit toute sa famille et où elle rentre souvent.
Elle fait partie du comité de direction de la revue littéraire lausannoise Écriture, et enseigne la littérature française, l’histoire et l’espagnol dans un gymnase cantonal. Elle écrit des articles de critique littéraire dans divers journaux et a publié un recueil de nouvelles (Les Passantes), trois romans (Le Salon Pompadour; Septembre; Le Temps des cerises), un récit (L’Italienne, en collaboration avec Marie-Rose De Donno) et un recueil de «contes psychologiques» (L’Amour et autres contes). Elle est également traductrice de l’espagnol (en particulier Puerto final de l’Argentin Daniel Mayer). Tous ces ouvrages ont été publiés chez Bernard Campiche Éditeur.

D’origine italienne, Marie-Rose De Donno vit et travaille en Suisse depuis de très nombreuses années. Elle a raconté son parcours dans L’Italienne, écrit avec Sylviane Roche.

Sylviane Roche - Marie-Rose de Donno, l'Italienne, Bernard Campiche Editeur, 2004

 

  Jacques-Etienne Bovard / Nains de jardin

ISBN 2-88241-140-5

Volume 7 de la collection camPoche

Cela, on ne l’avait pas vu depuis longtemps. Depuis ces pages qui vous restent en troublante mémoire. Et qui sont par exemple ces histoires de fonctionnaire chez Adolf Muschg, du laitier chez Peter Bichsel ou encore cette ironie particulière de Jean-Marc Lovay qui invente la vacuité des écrivains romands dans l’exil de ses Conférences aux antipodes.

JEAN-DOMINIQUE HUMBERT, La Liberté

Exemplaire. C’est sans doute le qualificatif qui correspond le mieux au recueil de nouvelles que vient de publier l’auteur de La Griffe et de Demi-sang suisse.
Exemplaire, parce qu’il nous montre avec brio ce que devrait être le rôle de l’écrivain romand d’aujourd’hui: quelqu’un qui observe, dissèque, montre la société dans laquelle il vit, en en faisant ressortir les signes les plus distinctifs. L’écriture doit s’impliquer et s’engager.

Exemplaire encore par le choix du genre littéraire. Démonstration est faite ici que la nouvelle n’est pas un genre mineur. Prenons celle qui inaugure le livre. Intitulée La fondue crée la bonne humeur, elle justifie à elle seule l’achat du livre.

HENRI-CHARLES DALHEM, Coopération

Jacques-Étienne Bovard est né à Morges en 1961. Licencié en lettres, il est maître de français au Gymnase de la Cité, à Lausanne.
Loin de cacher son attachement à son pays, dans tous les sens du terme, il s’efforce dès ses premières nouvelles, Aujourd’hui, Jean (1982), de saisir le romanesque ici et maintenant. Polémique avec La Venoge (1988), satirique dans son premier roman La Griffe (1992) ou les nouvelles de Nains de jardin (1996), dont le succès ne faiblit pas, il est aussi préoccupé par une constante quête de valeurs qui puissent résister aux dérives qu’il dénonce.
Au délire sécuritaire et stérile répond ainsi l’élan de Demi-sang suisse (1994), au gouffre des incertitudes fin de siècle la générosité brute des Beaux Sentiments (1998) ou d’Une leçon de flûte avant de mourir (2000).
Couronné de nombreux prix, Jacques-Étienne Bovard fait partie des auteurs suisses romands les plus réguliers et les plus largement reconnus par le public.

Jacques-Etienne Bovard, Nains de jardin, Bernard Campiche Editeur, Collection CamPoche, 2004

 

  Anne Cuneo / Une cuillerée de bleu

ISBN 2-88241-141-3,

Volume 8 de la collection camPoche

La vie est comme la liberté. On n’en mesure jamais si bien le prix que lorsqu’elle est menacée.

Atteinte par le cancer, l’auteur d’Une cuillerée de bleu combat sa maladie en l’écrivant. Parcours en dents de scie entre l’espoir, l’abattement, et surtout des instants d’une lucidité nouvelle car chaque jour désormais compte et qu’il n’y a plus de place pour les masques et les alibis. D’où vient le mal? Qui m’a fait telle que je suis aujourd’hui? On déchiffre les runes de l’enfance, de la jeunesse, des premières amours. Les réponses se précisent, on regagne sur le temps perdu. Cette quête est aussi une conquête qui donne au récit une transparence à laquelle toute écriture devrait tendre.

«Attar le parfumeur », mystique du Moyen Âge iranien a écrit: «Il appartient à l’homme, en s’élevant d’un cran, d’inverser le signe d’un événement.» C’est-à-dire tirer un bien d’un mal. C’est l’opération à laquelle on assiste dans ce texte qui m’a touché autant qu’il m’a appris.

NICOLAS BOUVIER

Née à Paris à la veille de la Seconde Guerre mondiale, Anne Cuneo passe son enfance en Italie du Nord.
Après la mort de son père en 1945, elle passe plusieurs années dans divers internats et orphelinats religieux en Italie d’abord, puis à Lausanne où elle doit s’adapter à la langue et à l’environnement nouveaux. Après cette difficile période, elle passe une année en Angleterre, à Plymouth et Londres, et découvre la culture anglo-saxonne. Plus tard, elle puisera dans les souvenirs de ce moment décisif de son adolescence pour un roman plein d’humour et de fraîcheur, Station Victoria (1989). De retour à Lausanne, elle est d’abord téléphoniste, puis étudie à l’Université de Lausanne (licence ès lettres), apprend les métiers de la publicité, enseigne la littérature, voyage à travers l’Europe.
Éclectique, Anne Cuneo partage son temps entre la création dans presque tous les domaines de la littérature et le journalisme. Son œuvre est animée par une participation spontanée aux courants modernistes. L’illustration de ses choix esthétiques apparaît dans Gravé au diamant (1967), Passage des Panoramas (1978), Hôtel Vénus (1984). Porte-parole des laissés-pour-compte dans La Vermine, elle introduit le monde des immigrés dans la littérature romande avec les deux volumes de son Portrait de l’auteur en femme ordinaire (1980/1982). Elle évoque le milieu des malades dans Une cuillerée de bleu (1979) après avoir survécu à un grave cancer. Essayiste, elle dessine des portraits des milieux du spectacle dont elle se sent proche: Le Piano du pauvre (1975), La Machine Fantaisie (1976), Le Monde des forains (1985), Benno Besson et Hamlet (1987).
Elle participe à des expériences cinématographiques et théâtrales. De l’écriture, elle passe à la mise en scène et à la réalisation.
Aujourd’hui, Anne Cuneo ne met plus sa vie en livres, estimant qu’elle a raconté tout ce qu’elle a vécu de différent. Cette voix plus profonde, elle la prête à des personnages, qui s’expriment toujours à la première personne, telles les héroïnes de Station Victoria (1989) et de Prague aux doigts de feu (1990), ou le héros du Trajet d’une rivière (1993, Prix des Libraires 1995), Francis Tregian. Anne Cuneo a publié en 1996 une suite indirecte au Trajet d’une rivière, Objets de splendeur, où la figure attachante d’un Shakespeare amoureux nous réintroduit dans l’univers du grand dramaturge.
En 1998, Anne Cuneo publie son premier roman dit «policier» (mais qu’elle qualifie de «roman social»), Âme de bronze – suivi en 1999 par D’or et d’oublis puis en 2000 par Le Sourire de Lisa – où l’on retrouve l’enquêteuse Marie Machiavelli.
Anne Cuneo collabore au Téléjournal à Genève et à Zurich, où elle demeure conjointement aujourd’hui. Ses ouvrages, constamment réédités et traduits en allemand, sont tous de grands succès de librairie en Suisse.

Anne Cuneo, Une cuillerée de bleu, Bernard Campiche Editeur, Collection CamPoche, 2004

 

  Jean-François Sonnay / Les Contes du tapis Béchir

ISBN 2-88241-147-2

Volume 9 de la collection camPoche

Un jour, j’ai eu envie d’écrire des contes pour mon neveu. Comme il vivait en Turquie, pays de tapis, l’idée m’est venue de faire parler un tapis qui raconterait le monde comme il l’a vu: d’en bas. Le recueil comprend finalement une douzaine de contes inédits, qui s’adressent autant aux enfants qu’aux adultes qui ont gardé le goût des histoires.
Dans ce livre, suivant la tradition des Mille et une nuits, j’ai joué sur la combinaison d’une histoire unique, celle du narrateur et de son auditoire, avec des histoires singulières qui s’enchaînent et s’enchâssent les unes dans les autres. On y rencontre un petit garçon, Nenni, souvent fâché avec son entourage, qui devient l’ami d’une souris, laquelle a fait son nid dans un très vieux tapis d’Orient, Béchir. Ce dernier n’est pas un tapis volant, comme l’aurait souhaité Nenni, mais un tapis parlant et il va raconter ses aventures. Des montagnes d’Asie centrale jusqu’au Mont-Saint-Michel, il évoque ses voyages, les choses et les gens qu’il a vus : les caravanes de chameaux, les marchands, les fêtes, les rois, les mendiants, les animaux, les paysages. Grâce aux récits de Béchir, le petit garçon va s’ouvrir au monde et à l’amitié.
J’aime les contes parce que, dans la littérature, j’attache une grande importance à l’oralité. En outre, sous leurs airs conventionnels, ils offrent une grande liberté narrative, tout en exprimant simplement des savoirs très anciens.

JEAN-FRANÇOIS SONNAY
France Inter, Dédicace, 2001

Né en Suisse en 1954, Jean-François Sonnay vit actuellement à Paris. Il a étudié les lettres aux universités de Lausanne et de Rome.
Depuis la parution de son premier livre en 1974, il a partagé son temps entre la littérature, la recherche en histoire de l’art, l’enseignement et le travail de délégué du CICR.
Il a effectué plusieurs missions en qualité de délégué du Comité international de la Croix-Rouge (Koweit, Afghanistan, Colombie, ex-Yougoslavie, Zaïre et Darfour).
En dehors de quelques publications spécialisées en histoire de l’art, Jean-François Sonnay a écrit des pièces de théâtre, des romans, de petits essais, des contes et des nouvelles.
La Seconde Mort de Juan de Jesús a obtenu le Prix Schiller 1998 et le Prix Rambert 1998.
Son dernier roman Un prince perdu (1999) a obtenu le Prix Bibliothèque Pour Tous 2000.
Jean-François Sonnay est lauréat d’une bourse de la Fondation Leenaards. Il a reçu en 2000 le Prix des Écrivains vaudois pour l’ensemble de son oeuvre.

Jean-François Sonnay, Les contes du Tapis Béchir, Bernard Campiche Editeur, Collection CamPoche, 2004

 

Page créée le 02.12.02
Dernière mise à jour le 27.10.04

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