retour à la rubrique

Actuellement sur le Cultur@ctif
Les invités du mois : Jean Richard (Editions d'en bas), Sabine Dörlemann (Dörlemann Verlag), Thomas Heilmann (Rotpunktverlag), Fabio Casagrande (Edizioni Casagrande) - Les Livres du mois : Fabiano Alborghetti : "Supernova" - Quentin Mouron : "Au point d'effusion des égouts" - Peter Stamm : "Au-delà du lac" - Mikhaïl Chichkine : "Deux heures moins dix" - Marius Daniel Popescu : "Les couleurs de l'hirondelle" - Arno Camenisch : "Ustrinkata" - Sylviane Dupuis : "Poème de la méthode" - Klaus Merz : "Die Lamellen stehen offen" - "In der Dunkelkammer" - Pietro Montorfani : "Di là non ancora" - Inédits : Elena Jurissevich : "Ce qui reste du ciel" - Erica Pedretti : "Plutôt bizarre"

 
retour page d'accueil


Bernard Campiche Editeur

Grand-Rue 26
CH- 1350 Orbe
Tél. 024 441 08 18
Fax 024 441 08 20
www.campiche.ch
info@campiche.ch


Collection CamPoche

page 1 - page 2 - page 3 - page 4 - page 5 - page 6 - page 7 - page 8 - page 9 - page 10 - page 11
 

 Jacques-Étienne Bovard / La Griffe

Jacques-Étienne Bovard / La Griffe

Durant tout le récit, l'humour et l'amour se mêlent, la dif?culté de communiquer se fond à celle de vivre, alors que ce voyage semble en fin de compte dérisoire: une poignée de bonshommes qui s'agitent dans une nature joliment restituée. Roman de mours et de caractères, La Griffe prend aussi une dimension satirique, dont l'ironie vient égratigner jusqu'aux douces manies helvétiques.
Avec ce livre, Jacques-Étienne Bovard signe une réussite et af?che une maturité étonnante. Les personnages sont brossés avec talent, les ressorts et rebondissements romanesques sont distribués avec intuition. Quant à l'écriture, elle sonne juste de bout en bout: il n'y a aucune pose là-dedans, mais une santé et une solidité qui ravigotent.

RENÉ ZAHND , Le Passe-Muraile

 


Jacques-Étienne Bovard est né à Morges en 1961. Licencié en lettres, il est maître de français au Gymnase de la Cité, à Lausanne.
Loin de cacher son attachement à son pays, dans tous les sens du terme, il s'efforce dès ses premières nouvelles, Aujourd'hui, Jean (1982), de saisir le romanesque ici et maintenant. Polémique avec La Venoge (1988), satirique dans son premier roman La Griffe (1992) ou les nouvelles de Nains de jardin (1996), dont le succès ne faiblit pas, il est aussi préoccupé par une constante quête de valeurs qui puissent résister aux dérives qu'il dénonce.
Au délire sécuritaire et stérile répond ainsi l'essor de Demi-sang suisse (1994), au gouffre des incertitudes ?n de siècle la générosité brute des Beaux Sentiments (1998), d'Une leçon de ?ûte avant de mourir (2000) ou des romans Le Pays de Carole (2002) et Ne pousse pas la rivière (2006).
Couronné de nombreux prix, Jacques-Étienne Bovard fait partie des auteurs suisses romands les plus réguliers et les plus largement reconnus par le public.

Jacques-Étienne Bovard, La Griffe, Bernard Campiche Editeur, Coll. Campoche, 2009

 

  Michel Campiche / Moments d’une vie

Michel Campiche / Moments d'une vie

À propos de L'Escale du Rhône :
L'intérêt de ce récit tient à la loyauté de l'écriture et du témoignage. Une manière nette, un peu froide de dire les choses (Michel Campiche est historien, auteur d'une Réforme en Pays de Vaud , en 1986) mais aussi sensible, délicate, émue devant la beauté des paysages et la qualité des êtres. Le Valais, qu'il découvre pendant les années de guerre où la Suisse est séparée du monde, par un singulier privilège. Il a vu l'Allemagne pendant un court séjour en 1939, avec ses parents. Il pressent le danger terrible qui pèse sur ce pays: «Le matin du départ, à cause de la catastrophe qu'ils sentent fondre sur eux, il me semble que nous les abandonnons.»
L'Escale du Rhône , période de libération pour le jeune homme, est avant tout un témoignage d'admiration pour ses maîtres d'alors, ces chanoines tout abandonnés à leur vocation d'enseignant. Tous ne sont pas admirables, bien sûr. Campiche a souvent la dent très dure. Mais il sait parler de ceux qu'il aime et il a le don du portrait. Par exemple, le chanoine Norbert Viatte, qui enseignait la littérature française: «Sa voix prenait les inflexions les plus délicates, elle exprimait jusqu'au dernier mouvement de l'âme.»
Le Valais, Lausanne, le culte darbyste, la mentalité étroite d'une époque et d'un milieu. Il faut lire ce livre, qui est un bel exemple de sociologie humaine.

GEORGES ANEX , Journal de Genève


Né à Lausanne le 5 août 1922, Michel Campiche fait ses études au Collège de Saint-Maurice et à l'Université de Fribourg, puis enseigne durant de longues années. Après un important travail de recherche, il publie une étude historique sur La Réforme en Pays de Vaud .
C'est en 1979 qu'il se lance dans la création littéraire avec un premier récit à trame autobiographique, L'Enfant triste (1979), qui raconte l'histoire d'un jeune garçon pris dans une spirale destructrice entre les problèmes scolaires et familiaux.
Après avoir publié la suite de ce livre et parlé de ses années de collège dans L'Escale du Rhône , il écrit des nouvelles, regroupées dans le recueil Dimanche des Mères , centrées autour de son thème de prédilection, à savoir l'absence de communication entre les êtres. On lui doit également un recueil de ré?exions et de maximes intitulé Du haut de la solitude (1985).
En 1991, Michel Campiche reçoit le Prix Edmond-Troillet pour L'Escale du Rhône et, en 1994, le Prix de l'Association des écrivains de langue française. Il habite actuellement à Saint-Sulpice, et séjourne à Sugnens, village du Gros-de-Vaud, qu'il adopta il y a plus de cinquante ans.

Michel Campiche, Moments d’une vie, Bernard Campiche Editeur, Coll. Campoche, 2009

 

  Sylviane Chatelain / Le Livre d’Aimée

Sylviane Chatelain / Le Livre d'Aimée

Le Livre d'Aimée est parsemé d'images qui reviennent comme des refrains insistants dans les «paysages de mots» de la narratrice et des repères dans le fatras des souvenirs: les cris des hirondelles dans le bleu d'un ciel d'été liés à un instant de bonheur et d'attente mêlée d'un obscur désir. Une présence bienveillante penchée sur l'épaule de celui ou celle qui lit. Les lèvres rouges de la mère qui comme une ?eur vénéneuse s'ouvrent et se referment en répétant sans se lasser la même malédiction. La main qui s'agrippe à la robe de la mère, la main impuissante du père à la fenêtre de l'hôpital, la robe bleue d'Aimée, les ailes tremblantes du papillon et les images de neige qui couvre d'abord les hauteurs pour venir bientôt tout effacer.
{.} En?n, Le Livre d'Aimée , c'est surtout la faculté, à travers une langue d'une évidence incroyable, de dire peu, de se tenir dans le menu pour mieux suggérer l'indicible..

MAURICE REBETEZ , extrait du discours de remise du Prix Bibliothèques Pour Tous, 2003

 

 

Sylviane Chatelain est née à Saint-Imier en 1950. Elle est mère de quatre enfants. Son premier roman, La Part d'ombre (1988), s'est vu décerner le Prix Hermann-Ganz 1989 de la Société suisse des écrivains et le Prix 1989 de la Commission de littérature de langue française du Canton de Berne (traduit en allemand (1991): Schattenteil ). Son deuxième recueil de nouvelles, De l'autre côté (1990), a obtenu le Prix Schiller 1991. Un deuxième roman, Le Manuscrit (1993; traduit en allemand: Das Manuskript , 1998), a été salué par la critique. Son recueil de nouvelles, L'Étrangère (1999), son roman, Le Livre d'Aimée (2002), Prix Bibliothèque pour tous 2003 et Prix 2004 de la Commission de littérature de langue française du Canton de Berne, et Une main sur votre épaule (2005) ont encore élargi son audience.

Sylviane Chatelain, Le Livre d’Aimée, Bernard Campiche Editeur, Coll. Campoche, 2009

 

  Anne Cuneo / Zaïda

Anne Cuneo / Zaïda

ISBN 978-2-88241-249-2

Vie et batailles d'une doctoresse à l'époque où les femmes n'étudiaient pas la médecine. Anne Cuneo dépeint un siècle d'existence en cinq cent soixante pages. Zaïda conquiert sa liberté dans une société rigide; le privilège d'étudier la médecine quand les femmes sont tenues à l'écart de la faculté; et, nouveautés inouïes, le droit de pratiquer de façon indépendante et même l'accès à la psychanalyse. Anne Cuneo, on le sait, n'invente rien d'essentiel: dans ses romans, tout ce qui importe est authentique...
La destinée de son aristocrate anglo-italienne, qui perd tragiquement ses maris peintre et médecin anglais, puis traverse le reste de son âge avec un autre médecin, vénéto-triestin celui-là, l'emmène à Milan et à Zurich, à travers les deux guerres mondiales. Un siècle en cinq cents pages... vaste fresque! Mais aussi miniatures: l'histoire, la grande, en train de se faire, est retracée avec vivacité et couleurs au travers de la vie quotidienne de Zaïda et des siens. Rédigeant ses mémoires pour son arrière-petite- ?lle, elle note une abondance de traits révélateurs; cette chronique d'une tribu attachante, avec ses satellites, domestiques et compagnons de route, éclaire l'histoire des mentalités et des sensibilités politiques, en évitant l'écueil du didactisme. Les deux guerres mondiales vécues en Italie, avec des flashs sur l'Angleterre, l'émergence et le triomphe du fascisme, la Suisse pendant la guerre, avec ses certitudes, ses doutes et ses compromis, l'immigration italienne...


De ce roman vrai ne s'exhale pas tout à fait le parfum magique du Trajet d'une rivière: nous sommes trop près dans le temps. Mais surprises et découvertes y abondent, l'intérêt ne se relâche pas. Et, en le refermant, on se dit que notre société est mal inspirée, qui jette des «vieux» encore jeunes et se prive de tant de sagesse et de connaissances.

JACQUES POGET, 24 Heures

Anne Cuneo, Zaïda, Bernard Campiche Editeur, 2009

 

  Anne-Lise Grobéty / Belle dame qui mord

Anne-Lise Grobéty / Belle dame qui mord

Un jour, sans crier gare, une ?ssure craquelle la surface polie de l'apparente sérénité. Quelle secousse sismique imperceptible initie la désagrégation de l'être intime? On ne peut pas toujours la nommer mais elle est mortelle, souvent. Anne-Lise Grobéty appelle l'«Endouleur» cette expérience du malheur. Elle est commune à toutes les ?lles aux prénoms troublants qui font allégeance à cette Belle dame qui mord, la belladone mortifère. La souffrance n'attend pas le nombre des années : Paulia n'est qu'une toute petite ?lle oubliée dans la neige pendant que les adultes se déchirent. La blessure est parfois dérisoire, comme le désarroi de Liviane qui espère tant de reconnaissance de son professeur adoré quand il ne s'inquiète que de sa poitrine naissante. La douleur est assassine quand elle fait craquer les glaces intérieures de Myrthe et la précipite vers la folie et le crime. Quatorze récits explorent ainsi les registres du malheur. Ils sont brefs, cinq ou six petites pages d'une écriture travaillée à l'extrême, portée au bord de l'arti?ce, ciselée comme de la poésie. Anne-Lise Grobéty joue des rimes, de l'allitération. «Entêtant genêt autour de la tête!»: c'est Liviane qui jubile au printemps, juste avant la fêlure. Les phrases s'évadent de la prose, s'organisent en vers le temps d'un quatrain, se répondent en jeux typographiques. À sujet grave, traitement ludique, ellipses énigmatiques qui suggèrent la cassure. La nouvelliste inaugure une écriture précieuse, raf?née à l'extrême, concentrée: quatorze variations brillantes sur basse continue.

ISABELLE RÜF , L'Hebdo


Née en 1949 à La Chaux-de-Fonds, Anne-Lise Grobéty étudie à la Faculté des lettres de l'Université de Neuchâtel et effectue un stage de journalisme. Elle commence à écrire très tôt, et elle a dix-neuf ans lorsque paraît son premier roman. Après un deuxième roman, elle ralentit son activité littéraire pour s'occuper de ses enfants. Dans le même temps, elle s'engage politiquement et siège pendant neuf ans comme députée socialiste au Grand Conseil neuchâtelois. Son mandat achevé et ses ?lles devenant plus autonomes, elle renoue avec l'écriture dès 1984.
Anne-Lise Grobéty se fait connaître du grand public dès son premier roman, Pour mourir en février , couronné par le Prix Georges-Nicole. La suite de son ouvre connaît le même succès: le Prix Rambert et deux Prix Schiller lui ont notamment été décernés. Parmi ses publications les plus importantes, les romans Zéro positif et In?niment plus , tous deux traduits en allemand, et les recueils de nouvelles La Fiancée d'hiver et Belle dame qui mord . Elle a reçu le Grand Prix C. F. Ramuz en 2000, et le Prix Saint-Exupéry-Valeurs Jeunesse de la Francophonie 2001 pour Le Temps des mots à voix basse . En 2006 paraît La Corde de mi , Prix Bibliomedia Suisse 2007 et Prix «Coup de cour» Lettres frontière 2007, suivi, en 2007, par Jusqu'à pareil éclat .
Ses narratrices cherchent à af?rmer leur identité féminine, à une époque où la présence des femmes en littérature commence à s'af?rmer. Anne-Lise Grobéty est donc aussi fortement concernée par la condition de la femme écrivain, par les aspects historiques, formels et politiques de l'écriture féminine, mais elle poursuit surtout une exploration de la langue dans une tonalité bien à elle.

Anne-Lise Grobéty, Belle dame qui mord, Bernard Campiche Editeur, Coll. Campoche, 2009

 

  Janine Massard / Le Jardin face à la France

Janine Massard / Le Jardin face à la France

{.} Au commencement était le jardin, des vignes, un champ de blé pour le pain (car c'était la guerre), un ruisseau qui débordait souvent, la voie ferrée, et, tout en bas, le lac. Pour veiller sur le tout, et sur la petite ?lle de quatre ans,
grand-père, descendant de huguenots et maître des mystères et des mots. D'autres habitants encore dans ce jardin, maman Rose et Madeleine, la petite malade, Hortense et Jehanne, papa plus souvent sur la frontière qu'à la maison. La mort frappe très tôt dans ce monde aux ressources limitées : Madeleine, l'aînée, de plus en plus diaphane, ?nit par se dissoudre dans l'air, comme une fumée. Mais comme une fumée, elle réapparaît de temps en temps sous les yeux charmés et con?ants de Gisèle, la narratrice de quatre ans, et de sa cousine Jehanne. Mort et résurrection dans le paradis de la très petite enfance. {.}

CATHERINE DUBUIS , Domaine public


Autobiographie

Je suis née à Rolle en 1939 et m'imprègne dès ma plus tendre enfance de toutes les nuances de la lumière lémanique puisque, jusque vers mes huit ans, je vis dans une maison avec le lac à mes pieds.
Issue d'un milieu ouvrier qui vénère le savoir tout en se méfiant de celui acquis par les filles, grandie dans une ville conservatrice pleine de soupçons envers le prolétariat par peur des rouges, je réussis le concours d'entrée au Collège: les salles de classe se trouvent dans le Château de Rolle, avec une cloche qu'il faut actionner soi-même. Les poêles permettent aux potaches d'y glisser des marrons en automne, ça fait rire quand ils éclatent. Les toilettes donnent sur le lac mais elles ont été modifiées, précédemment elles se trouvaient dans la tour qui a les pieds dans l'eau: des petits malins avaient trouvé le moyen d'aller à la pêche depuis la fenêtre tout en fréquentant l'école !
C'est dans ce lieu béni que je découvre la mythologie grecque qui nous est alors narrée avec passion par notre professeur de français et d'histoire.
Ensuite, j'entre à l'École d'assistantes sociales et d'éducatrices de Lausanne (réservée aux filles, les garçons allaient chez Claude Pahud) dirigée par Alice Curchod, qui avait publié avec succès trois romans à la Guilde du Livre (ces livres ont été réédités en 2003 par Plaisir de Lire).
Un jour, à la lecture d'une de mes compositions que je trouvais d'une banalité à pleurer, Madame Curchod me dit: «Janine, vous avez un talent d'écrivain!» Sur le moment, je n'y ai pas accordé beaucoup d'attention. Je ne pratique pas longtemps le métier d'éducatrice, je fais d'autres choses comme voyager, apprendre des langues et quand le Gymnase du Soir ouvre ses portes en 1965 à Lausanne je m'y précipite. J'y prépare une maturité classique puis entre en Faculté de lettres que j'abandonne après trois semestres pour m'occuper de ma fille Véronique qui vient de naître.
Mon premier texte: .de seconde classe a été remarqué par un jury d'écrivains prestigieux (y siégeaient alors Jacques Chessex, Maurice Chappaz, Corinna Bille, Nicolas Bouvier, Alexandre Voisard), lors d'un concours réservé à des auteurs n'ayant jamais publié: il s'agissait du Prix Nicole. Si le texte n'est pas primé, les éloges reçus me convainquent que la voie choisie est la bonne.
Les nouvelles de Christine au dévaloir connaissent un joli succès de presse puis paraît L'avenir n'est pas pour demain , un conte philosophique qui ne laisse pas indifférent mais il me faudra attendre la publication de La petite monnaie des jours - ouvre marquée par l'élan féministe qui pousse les femmes à s'exprimer - pour trouver mon écriture, rencontrer un large public et recevoir mes premières récompenses, dont le Prix Schiller. Les contacts que j'ai alors avec de nombreuses lectrices et lecteurs aussi me persuadent qu'il manque, à l'édition romande, un livre racontant sans fioritures les conditions de vie de personnes nées au début du XXe siècle, dans un pays profondément agricole, et qui, parvenues à l'autre bout de ce siècle, ont assisté à des transformations profondes: les champs de betteraves ou de pommes de terre, autrefois cultivés avec tant de peine, se sont couverts d'habitations, petits locatifs, maisons mitoyennes, villas. La paysannerie, qui était un gros pourvoyeur d'emplois jusqu'à la deuxième guerre mondiale, s'amenuise: les travailleurs agricoles se sont reconvertis dans l'industrie. Cela donne Terre noire d'usine , un documentaire pour lequel je me suis livrée à un certain nombre de recherches et d'interviews de personnes du Nord vaudois.
Puis l'expression évolue résolument vers l'imaginaire avec Trois Mariages , trois brefs romans de 60 pages chacun. Ce livre est traduit en allemand dans le cadre de la Collection CH et reçoit le Prix des Écrivains Vaudois. À partir de 1992, ma vie est marquée par des épreuves dont on se remet avec peine: cancer de Véronique décelé (trop tardivement) en 1992, décès du conjoint en 1994, puis celui de ma fille en 1997. Entre deux morts, marquée par la dépossession, j'écris Ce qui reste de Katharina , roman dans lequel une femme fait le point sur sa vie après le décès de son fils. Mon héroïne, une Allemande née en 1918, manipulée par sa mère jusqu'à ce qu'elle épouse un Suisse et sa nationalité, m'a permis de faire une nouvelle traversée du siècle mais côté bourgeoisie. Ce livre reçoit en 1998 le Prix de la Bibliothèque pour Tous.
En automne 2001 paraît Comme si je n'avais pas traversé l'été , un roman inspiré par le séjour contraint près de la mort: c'est un livre de résistance et finalement un hymne à la vie. Couronné par le Prix Edouard-Rod, dont le Président est Jacques Chessex, il est rapidement réédité en collection de poche.
Publié en automne 2005, Le Jardin face à la France est un roman dont le cadre se trouve être le jardin de mon enfance avec, en face, la Savoie occupée par les Allemands. En l'absence du père mobilisé, c'est le grand-père, d'origine huguenote, qui va tenter d'expliquer à ma petite héroïne la complexité du monde en guerre et ses retombées sur la vie quotidienne d'un pays resté neutre au milieu des belligérants. Ce livre est aussi celui de la réconciliation avec la vie où l'écriture s'évase et donne de la voix à l'humour. Très favorablement accueilli, ce livre a figuré dans la sélection du Prix des Auditeurs de la Radio Suisse Romande et obtenu une mention spéciale au Prix des Alpes et du Jura au printemps 2007, à Paris.

JANINE MASSARD

Janine Massard, Le Jardin face à la France, Bernard Campiche Editeur, Coll. Campoche, 2009

 

   Éric Masserey / Une si belle ignorance

Éric Masserey / Une si belle ignorance

Ses «généalogies» touchent à des choses essentielles (...). Des fragments de vie en noir et blanc, d'une écriture dépouillée.

ISABELLE RÜF , L'Hebdo

***

Un beau moment de lecture où la poésie jaillit du quotidien, des objets, de la présence physique du monde.

ANNE PITTELOUD , Le Courrier

***

Petits textes sobres et nostalgiques, échappés d'un album intime, comme des ?ammes persistantes, douloureuses ou rassurantes.

MIREILLE SCHNORF , Presse Riviera-Chablais


Éric Masserey est né en Valais. Après des études de médecine, il vit et travaille aujourd'hui dans le canton de Vaud. Son premier livre, Une si belle ignorance (généalogies) , a paru en 2002 aux Éditions d'Autre Part et faisait partie des ouvrages sélectionnés pour le Prix Michel-Dentan 2003. Un deuxième livre, Le Sommeil séfarade (Bernard Campiche Éditeur, 2006), a obtenu un accueil critique remarquable.

Éric Masserey, Une si belle ignorance, Bernard Campiche Editeur, Coll. Campoche, 2009

 

  Antonin Moeri / Paradise Now

Antonin Moeri, Paradise Now,

Chroniqueur des vertiges intimes et des ruptures sociales, Antonin Moeri s'interroge avec le regard étonné d'un Huron dans les trente et une nouvelles - terme auquel son narrateur préfère ceux de lignes, notes, ou notations. De quoi parlent ces histoires déroutantes qui restent en supens, à peine ébauchées, comme si l'attente et l'incertitude constituaient leur climat d'élection? D'un monde où il est dif?cile de trouver sa place, lorsqu'on se pose toutes sortes de questions sans réponse. Mais l'écrivain enfermé dans sa chambre n'af?rme-t-il pas que «dormir, rêver et inventer, cela est délicieux, plus délicieux que toute certitude»? L'enfance, l'adolescence, l'école, la famille, les surprises de la vie dé?lent sous nos yeux comme les ?gures étranges et familières d'un carrousel, qui tournent, montent et descendent : un grutier décide de vivre en plein ciel, une jeune ?lle meurt de ne pas trouver de raisons de vivre, un petit garçon apprend à pêcher, un promeneur ravi par «les bruissements innombrables» des futaies se souvient de son père en voyant un écureuil. Et le narrateur est là pour raconter «ce qui (lui) advient dans l'écriture, cette utopie d'exactitude, ce temps rare qu'on arrache à la mort».

ISABELLE MARTIN , Le Temps


Antonin Moeri est né à Berne. Après ses premières années vécues à Mexico, il poursuit sa scolarité sur les rives du Léman, dans la région de Vevey. Adolescent, Antonin Moeri part à Genève pour y étudier à l'Université. Après avoir suivi les cours de l'École d'art dramatique de Strasbourg, il exerce le métier d'acteur en France et en Belgique.
Traducteur de Theodor Fontane, de Robert Walser et Ludwig Hohl, il écrit cinq livres parus aux Éditions L'Âge d'Homme : Le Fils à maman en 1989 pour lequel il obtient le Premier Prix au concours littéraire de la revue [VWA] ; L'Île intérieure en 1990; Les Yeux safran en 1991; Allegro amoroso en 1993 pour lequel il obtient le Prix Schiller 1994; Cahier marine en 1995. En 1998, il publie aux éditions Bernard Campiche: Igor , suivi, en 2000, d'un premier recueil de nouvelles, Paradise Now , en 2003, d'un deuxième recueil de nouvelles, Le Sourire de Mickey . En 2007, il publie aux Éditions Bernard Campiche le roman Juste un jour .
Antonin Moeri vit et travaille à Genève. Il séjourne une partie de l'année à Cully.

Antonin Moeri, Paradise Now, Bernard Campiche Editeur, Coll. Campoche, 2009

 

  Jean-François Sonnay / Hobby

Jean-François Sonnay, Hobby

 

Jean-François Sonnay a su construire des personnages avec ?nesse, chacun baignant dans un entourage précis, où les ?gures des parents, des amis, s'ajoutent à la description des caractères ; où les pensées du narrateur sur l'Helvétie, sur Lausanne, ne sont pas seulement fruit de l'humeur d'un écrivain, mais démonstration d'un esprit général régissant les mentalités. Impressionnante aussi la manière dont toutes ces vies nous sont racontées ; mener de front l'histoire d'une dizaine d'individus révèle l'habileté de l'auteur.

FRANÇOIS WASSERFALLEN , Repères


Né en 1954, formé à l'histoire de l'art, écrivain, romancier, enseignant, conteur, engagé à plusieurs reprises dans l'action humanitaire, Jean-François Sonnay a publié son premier livre en 1974 et s'est affirmé depuis lors comme un spécialiste de l'intermittence. Partageant son temps entre la littérature, l'enseignement et des missions en qualité de délégué du Comité international de la Croix-Rouge dans des pays comme l'Afghanistan, la Colombie ou le Soudan, ce Suisse itinérant vit actuellement à Paris. Outre quelques articles d'histoire de l'art, Jean-François Sonnay est l'auteur de pièces de théâtre, de romans, de contes et de nouvelles. En 1998, il a reçu un Prix Schiller et le Prix Rambert pour La Seconde Mort de Juan de Jesús . Son roman Un prince perdu a obtenu le Prix Bibliothèque pour tous 2000 et son picaresque Yvan, le bazooka, les dingues et moi a obtenu le Prix des Alpes et du Jura 2007 de l'Association des écrivains de langue française.
Manifeste dans ses romans, son talent de conteur fait aussi mouche dans ses contes pour enfants petits et grands: Les Contes du tapis Béchir (2001) et Contes de la petite Rose (2004).
Lauréat d'une bourse de la Fondation Leenaards en 2000, il a également reçu le Prix des écrivains vaudois pour l'ensemble de son ouvre.

Jean-François Sonnay, Hobby, Bernard Campiche Editeur, Coll. Campoche, 2009

 

  Michel Viala / Poésie choisie

Michel Viala, Poésie choisie

Et moi le fou qui écrit ce poème
Sais-je seulement si les mots m'aiment
Je parle mais c'est le vent qui me mène
À tournoyer en la sottise humaine

Son ouvre poétique est l'écho d'impulsions tout à fait indépendantes, sauvages même. Viala écrit alors par besoin naturel, il écrit comme il respire, pour cracher ce qui lui pèse, pour libérer des fantasmes dangereusement envahissants. Il y a chez lui une dialectique exemplaire: d'un côté il est l'artisan, le professionnel du théâtre, de l'autre le créateur solitaire, l'écorché vif, pour qui écrire est une nécessité organique.

FRANÇOIS ROCHAIX


Michel Viala est né le 17 Mai 1933 à Genève (le même jour que Jean Gabin!). De père français et de mère italienne, il est de nationalité suisse. Après des études à Florimont et au Collège Calvin, il suit une formation aux Beaux-Arts de Genève. Il vient au théâtre par hasard, conçoit ou exécute des décors, puis joue dans de nombreuses pièces. Après des voyages en Afrique et en Asie, il écrit pour la radio et le théâtre. Il met plusieurs pièces en scène, tant en Suisse qu'à l'étranger. Il devient par la suite scénariste de cinéma et de télévision et redevient parfois comédien. Ses textes ont presque tous été joués ou réalisés. Certains ont été traduits en plusieurs langues. Il a reçu le Prix SACD en 1984 pour l'ensemble de son ouvre. Michel Viala vit aujourd'hui au Petit Bois , à Céligny.
Sa pièce Vacances est jouée, depuis la mi-décembre 2007, au Poche de Genève, avec Caroline Gasser et Thierry Meury.

Michel Viala, Poésie choisie, Bernard Campiche Editeur, Coll. Campoche, 2009

 

  Sous la dir. de P. Y. Lador / Plumes bigarrées

Sous la dir. de P. Y. Lador, Plumes bigarrées

La lecture, chacun connaît.
Le livre aussi.
Mais il y a de nouveaux écrivains, des jeunes et des moins jeunes, dans les sept cantons romands, qui rêvent d'écrire ou écrivent et tentent de se faire publier.
Nous avons voulu qu'ils lâchent la bride à leur plume ou à leur ordinateur sur le sujet du livre, de la lecture, de l'écriture justement.
Un concours a permis de réunir trente-six textes inédits, choisis parmi les septante reçus.
Ils vous plairont, ils sont de notre époque, vivants, drôles ou tristes et souvent ludiques.
Sur ce thème, ils ont brodé des histoires époustouflantes ou dramatiques, poétiques, sentimentales, aventureuses, pleines de réminiscences ou d'espoir.
Il s'agit de rencontres, le banc public, des amoureux, l'illettré, le clochard, l'anorexique, le barde au service du général, le demandeur d'emploi, la petite lectrice enchantée, des exilés, une inspectrice de police, un assassin, un visionnaire, un nageur ou même un rat. Vous y verrez aussi le retour d'Homère et de Stendhal. Des personnages étonnants aux prises avec un quotidien ordinaire ou fantastique.
Vous découvrirez de nouveaux talents et peut-être cela vous donnera-t-il envie d'écrire.
Bonne lecture!

PIERRE YVES LADOR , Directeur de publication

Sous la dir. de P. Y. Lador, Plumes bigarrées, Bernard Campiche Editeur, Coll. Campoche, 2009

Page créée le 27.10.09
Dernière mise à jour le 27.10.09

© "Le Culturactif Suisse" - "Le Service de Presse Suisse"