Petite chronique dété
(2)
Et voila ; on néchappe
pas à cette malédiction : il a fait
trop chaud ce printemps, donc cet été
il pleut. On dirait : cest comme une punition
qui tombe du ciel. On dirait : il faut payer les trop
belles journées, les trop douces soirées,
il faut payer pour tout cela. Mais on refuse de tels
propos, il ny a pas de raison quil fasse
mauvais temps, on veut que lété
dure toujours, surtout quand cest sa saison.
On paie même des impôts pour ça.
Alors
Mais la colère ne sert
à rien et les pluies dété
ont leur charme. Vous trouverez là prétexte
à abriter votre belle et votre désirée
sous un grand parapluie. Sauf sil y a lorage.
Alors il faut vous cacher ensemble et vous blottir
et la serrer, très fort, pour quelle
nait plus peur, si daventure elle avait
peur, plus peur que vous, ce qui nest vraiment
pas certain. Cest plutôt elle qui vous
rassure. Et pour cela, vous lembrassez. Vous
la remerciez, lembrassez. Tous les prétextes
vous sont bons.
Autrement, cest la saison
des moissons. Mais le blé a souffert du temps
de ces dernières semaines et la télévision
annonce des pertes sèches pour les producteurs.
Des pertes sèches à cause de la pluie.
On rit, ce nest pas drôle. La pluie, ce
nest pas drôle. Sauf sous un grand parapluie.
Cest alors très tendre et très
doux.
Quant aux orages, certains
demeurent inoubliables, surtout quand Marguerite Duras
les raconte. Et sil est dix heures et demie
du soir. En été.
© jean-pierre.cousin@bluewin.ch
Je 27/07/2000