Petite chronique de l'été
qui revient, de l'écriture,
des montagnes et des anges
Hé ! oui, lété
revient, à peine lautomne est là,
à peine a-t-il plu un peu, quil fait
du soleil beaucoup, passionnément, à
la folie ou presque, mais que sil nen
faisait pas du tout ça naurait que peu
dimportance tant il est vrai quil reste
toujours des pétales aux marguerites du temps,
celui qui passe comme celui quil fait, qui se
défait, se refait, ainsi de suite, à
linfini.
Une petite chronique, cela
commence parfois ainsi, avec une phrase comme celle-là.
Celle-là est brute, pas encore corrigée,
ce nest juste quune, que des idées
encore, il va falloir la travailler, cette phrase,
la fondre ou lagencer avec ou dans dautres
phrases. Peut-être, tout à la fin, quil
nen restera rien ou quelle sera tout autre
chose, ou quelle sera restée presque
la même, on ne sait pas, cest en train
de sécrire.
Et puis enfin lon saura
: que la phrase est très bien ainsi malgré
ses imperfections, quil faut la laisser là
telle quelle fut saisie dans cette espèce
de flamme qui, comment dire, vous poussait, vous entraînait,
vous débordait ; quil faut la laisser
brute ainsi parce que cest ainsi quelle
est née et que cest ainsi quelle
dit tout et peut-être plus encore, peut-être
même des choses quil ne faudrait pas dire,
des choses en fond de page, à deviner seulement.
On peut aussi parler de ça,
dans une chronique, de lécriture en train
de sécrire.
Ou des montagnes, de lautomne
en montagne et de journées entières,
de longues heures, passées à lire dans
les pâturages sur les hauts de Torgon, de Salvan,
dEvolène ou dailleurs. On se souvient
dun automne au col de la Forclaz, ensoleillé,
ciel bleu, rien que de soleil et de bleu, et cétait
déjà fin octobre et novembre.
On peut aussi parler des anges.
Que dire des anges ?
Ils entendent ce que nous disons
et parfois ils exaucent nos vux, réalisent
nos rêves même impossibles et fous. Ils
remettent le ciel bleu en place quand la pluie est
insupportable. Ils rallument le soleil, font briller
les étoiles. Ils nous font des nuits de lumières
et des jours avivés despérances.
Ils sont là, quon y croie ou pas. Mais
encore plus si lon y croit.
Chacune, chacun, a son ange
qui le garde, dit-on. Jour et nuit. Et été
comme hiver.
Il faut oser croire aux anges
quand vient le soir et quil commence à
faire froid.
© jean-pierre.cousin@bluewin.ch
lu 25/09/2000